jacobins (Club des), (suite)
C'est grâce à eux que le club parisien sort vainqueur de la crise ouverte par la fuite du roi, en juin 1791 : le 16 juillet, plus de 260 députés modérés, dirigeants jacobins de premier plan, font défection pour former le Club des feuillants, craignant que les jacobins ne se radicalisent et ne rejettent la version officielle de l'« enlèvement » du roi. En appelant à l'unité des patriotes autour d'eux, ces derniers parviennent à rallier la majorité des sociétés de province, d'abord très hésitantes.
Débats et combats.
• Désormais dominé par la « gauche » (Robespierre, Brissot), le club ouvre ses séances au public et devient un lieu de débats politiques et de surveillance révolutionnaire qui fonctionne parallèlement à l'Assemblée : c'est « le véritable comité des recherches de la nation [... qui] embrasse, dans sa correspondance avec les sociétés affiliées, tous les coins et recoins des 83 départements [...], c'est le grand inquisiteur qui épouvante les aristocrates [...], c'est le grand réquisiteur qui redresse tous les abus et vient au secours de tous les citoyens » (Desmoulins). Pendant l'hiver 1791-1792, Brissot et Robespierre s'y opposent sur la question de la guerre. Après le 10 août 1792, le club prend le nom de « Société des amis de la Liberté et de l'Égalité », et son recrutement social s'élargit un peu à l'artisanat aisé, tout en restant strictement masculin - mais les tribunes publiques sont remplies d'hommes et de femmes du peuple. Il est alors dominé par le conflit entre la Gironde et la Montagne : Brissot est exclu en octobre, et la majorité des girondins, en mars-avril 1793.
Après juin 1793, le club va peu à peu diriger la vie politique ; pendant l'an II, il tient une place essentielle dans le fonctionnement du Gouvernement révolutionnaire en s'appuyant sur les sociétés provinciales pour stimuler l'action révolutionnaire, pour mobiliser et former l'opinion publique.
La défaite.
• Au cours du 9 Thermidor, le club, qui soutient les robespierristes, se déclare en insurrection avant d'être fermé quelques jours. Après Thermidor, il perd son pouvoir : il s'oppose à la réaction politique, mais, sans forces, isolé, assimilé à la Terreur, accusé d'avoir formé un « autre centre » de pouvoir que l'Assemblée, il est l'objet d'une violente campagne de dénonciations. Le 16 octobre 1794, la Convention démantèle l'organisation jacobine en interdisant l'affiliation et la correspondance entre clubs, ainsi que les pétitions collectives. Et, prenant prétexte des affrontements qui opposent jacobins et muscadins, elle ferme définitivement le club le 22 brumaire an III (12 novembre 1794). C'est la fin du Club des jacobins, malgré la reconstitution de sociétés « néojacobines » sous le Directoire. Mais ce n'est pas la fin de la tradition jacobine ni du jacobinisme, qui marqueront encore longtemps l'histoire de France.