Rivet (loi),
première loi constitutionnelle, provisoire, de la IIIe République, votée le 31 août 1871 sur proposition de Jean Charles Rivet (1800-1872), représentant de la Corrèze à l'Assemblée nationale.
Elle définit les attributions de Thiers, chef du pouvoir exécutif de la République française depuis le 17 février 1871, en lui donnant le titre, plus prestigieux, de « président de la République ». En effet, Thiers, qui s'était engagé à respecter une neutralité sur la question du régime lors du pacte de Bordeaux (10 mars 1871), apparaît comme irremplaçable depuis la répression de la Commune et la signature du traité de Francfort avec la Prusse. Il souhaite désormais mettre sur pied une République conservatrice, qui permettrait en outre d'assurer la pérennité de son propre pouvoir.
D'après la loi Rivet, le « président de la République » cumule les fonctions de chef de l'État, de chef de gouvernement pour la durée des travaux de l'Assemblée et de député. Le président, dont tous les actes doivent recevoir le contreseing ministériel, nomme et révoque les ministres ; mais il n'est que le délégué de l'Assemblée, devant laquelle il est responsable, tout comme le sont les ministres. Cette loi est un texte de compromis entre Thiers et ses amis républicains conservateurs, d'une part, et la majorité monarchiste, d'autre part, laquelle est déterminée à affirmer la suprématie de l'Assemblée nationale dans l'espoir de permettre, un jour, une restauration monarchique. La loi est également votée par les républicains gambettistes, qui contestent pourtant le pouvoir constituant de l'Assemblée, dont ils réclament la dissolution. En désignant ainsi Thiers (qui a été élu député dans vingt-six départements, en février) à cette fonction, l'Assemblée se conforme au choix des Français et tend en fait à perpétuer la République. La présidence du Conseil des ministres par le chef de l'État - contraire à l'usage parlementaire traditionnel - a été l'un des héritages durables de cette loi.
Rivoli (bataille de),
victoire décisive remportée par Bonaparte sur les Autrichiens le 14 janvier 1797, lors de la première campagne d'Italie.
Depuis juin 1796, les Français assiègent Mantoue. Une armée de secours, envoyée par les Autrichiens, parvient à entrer dans la place en août, mais ne peut faire lever le siège malgré sa supériorité numérique. Après ses succès en Allemagne, l'armée autrichienne peut envoyer en Italie de nouvelles troupes. Commandées par le général Alvinzi, fortes de près de 50 000 hommes, ces dernières s'attaquent à la division Joubert à Rivoli, une localité proche de Vérone, pour se porter ensuite sur Mantoue. Bonaparte découvre la manœuvre, et presse Masséna de marcher sur Rivoli. Persuadé que seul Joubert lui fait face, Alvinzi divise son armée en six colonnes afin de l'encercler.
Deux heures après le début des combats, les Autrichiens parviennent difficilement à faire reculer les troupes de Joubert. C'est alors que Masséna se lance dans la bataille et repousse l'ennemi. Bonaparte met en batterie quinze pièces d'artillerie et transforme cette retraite en déroute. Les colonnes autrichiennes, désorganisées par cette attaque centrale, subissent de lourdes pertes. Pour achever la victoire, la cavalerie poursuit les fuyards, fait de nombreux prisonniers et s'empare de quelques canons. Le lendemain, Murat, habilement placé par Bonaparte, coupe la retraite d'Alvinzi. Mantoue tombe le 2 février 1797, et Bonaparte reprend son offensive vers l'Autriche, qui est rapidement contrainte de signer les préliminaires de Leoben (18 avril).
Robert Ier,
roi des Francs du 29 juin 922 au 15 juin 923 ( ? - près de Soissons 923).
Fils de Robert le Fort (mort en 866), il récupère, dans les années 880, les charges publiques dévolues à son père en Neustrie, puis celles de son frère aîné, Eudes, lorsque ce dernier est élu roi des Francs (888). À partir de 893, il porte le titre de marchio (« marquis ») de Neustrie, territoire où il cumule plusieurs charges comtales (en particulier comtés de Paris, Blois, Tours, Angers et Orléans) et de nombreuses charges d'abbé laïc (notamment à Marmoutier, Saint-Martin-de-Tours, Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Amand). Ce titre de marchio lui donne la prééminence sur tous les autres comtes de Neustrie. À la mort d'Eudes (898), Robert reconnaît le Carolingien Charles le Simple comme roi et apparaît régulièrement dans son entourage. Il joue un rôle militaire d'importance dans la lutte contre les Vikings, actifs dans la basse vallée de la Seine, et c'est lui qui se trouve à la tête de l'armée victorieuse lors de la bataille de Chartres (juillet 911). Aussi, Robert donne-t-il son consentement à la proposition du roi Charles d'établir officiellement ces Vikings dans l'actuelle Normandie (traité de Saint-Clair-sur-Epte), à condition qu'ils se convertissent au christianisme. Il accepte en outre d'être le parrain de Rollon, le chef viking, dont descend la famille ducale de Normandie. Cependant, à partir de 920, Robert s'oppose à Charles le Simple, auquel il reproche de favoriser outrageusement Haganon, un conseiller lotharingien. L'aristocratie se soulève alors contre Charles et choisit Robert pour roi, le 29 juin 922, à Reims ; il est sacré quelques jours plus tard par l'archevêque Gauthier de Sens. Le nouveau monarque appuie son pouvoir sur une bonne partie des grands de Neustrie et de Francie, même si Charles le Simple conserve toujours quelques partisans en Francie et surtout en Lotharingie. En janvier 923, Robert rencontre Henri Ier de Germanie sur la Ruhr : les deux rois scellent un pacte d'amitié et Henri reconnaît à Robert la possession de toute la Lotharingie, ce qui est un beau succès diplomatique. Mais, quelques mois plus tard, le 15 juin 923, près de Soissons, Robert tombe dans un combat contre des troupes de Charles le Simple. Son fils Hugues le Grand ayant renoncé à la couronne, son gendre Raoul de Bourgogne est alors élu roi des Francs par les grands.
La tradition a souvent interprété la mort de Robert Ier comme un jugement de Dieu, le punissant pour avoir trahi le roi qu'il avait reconnu et pour avoir usurpé son trône.