Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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cathédrales. (suite)

Le chantier de la cathédrale échappe en partie au droit commun du travail dans la ville médiévale. Aucune corporation ne maîtrise les travaux qui sont d'une telle diversité qu'ils exigent un maître d'œuvre unique et spécialisé. Celui-ci, au XIe siècle et au début du XIIe, se contente de dessiner un schéma du plan de l'édifice et de son élévation. Il peut également réaliser un modèle. Les opérations consistent ensuite à délimiter les fondations et à matérialiser l'emplacement des murs et des piliers. L'élévation se projette par triangulation à l'aide de cordes. Les détails sont dessinés en grandeur réelle sur le sol ou sur des gabarits : il s'agit là de techniques encore rudimentaires, bien que supposant un savoir-faire certain. La complexité croissante de l'ensemble modifie profondément la nature du travail de l'architecte, et donc le statut de celui-ci. Au XIIIe siècle, il cesse de n'être qu'un simple homme de chantier et devient un véritable savant, qui maîtrise de mieux en mieux la géométrie et le dessin : il a désormais plus que des rudiments de mathématiques et, travaillant à l'échelle, il possède un art de la représentation figurée souvent très poussé. Il se fait aussi ingénieur pour mettre au point les machines de levage dont il a besoin. Coordinateur du chantier, il fait figure de grand notable, bénéficiant d'un prestige étendu et doté de revenus à la mesure de ses talents et de ses responsabilités.

Le travail manuel se diversifie également et se spécialise, permettant, grâce à une division très poussée, une meilleure articulation des différentes phases des travaux. Parmi les principales innovations, citons l'utilisation de procédés de préfabrication pour la taille des pierres, ou la mise en place d'abris, ou « loges », permettant d'assurer la continuité du travail de façonnage ou de sculpture quand le gel empêche de poursuivre l'élévation du bâtiment. Le savoir-faire des fabriques et des architectes, qui rationalisent l'organisation du travail, ne s'est jamais perdu, même durant les crises de la fin du Moyen Âge, au contraire des savoir-faire techniques des artisans.

Une manifestation de prestige et de foi.

•  Le résultat de ce travail de longue haleine est la présence, au cœur de la cité, d'une œuvre d'art monumentale, qui paraît immense au regard de la ville qui l'a produite. De ce fait, la cathédrale sert à l'encadrement religieux du diocèse tout entier, voire du pays. Les synodes sont réunis dans des cathédrales : s'y déroulent également, de plus en plus nombreuses, les fêtes solennelles requises par la royauté pour la célébration de l'institution monarchique, comme les Te deum chantés pour célébrer les victoires. La cathédrale sert donc de trait d'union entre la nation et ses rois, entre une communauté d'habitants et la structure politique à l'intérieur de laquelle elle s'inscrit.

Durant la Renaissance et l'époque classique, l'art gothique a été assimilé à un art barbare, le jugement négatif porté sur ces édifices, mal compris, fruits d'un lien jugé trop étroit entre la féodalité et l'Église, faillit leur être fatal : la Révolution, par exemple, transforme certains d'entre eux en entrepôts ou en casernes. Ce sont les romantiques, et avant tout Chateaubriand (Génie du christianisme, 1802) et Victor Hugo (Notre-Dame de Paris, 1831), qui ont permis que s'inverse ce mouvement. Dans le courant du XIXe siècle, la cathédrale n'est pas vue comme un simple édifice religieux, mais comme un mémorial, un reflet et un vecteur de l'histoire de la nation. Péguy (la Tapisserie de Notre-Dame, 1913) et Claudel (qui eut la révélation derrière un pilier de Notre-Dame de Paris) célèbrent poétiquement la dimension mystique des cathédrales : « C'est l'épi le plus dur qui soit jamais monté / Vers un ciel de clémence et de sérénité » (Péguy, Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres). Mais la France laïque n'est pas en reste pour mettre en valeur ces fleurons du patrimoine national, qui servent de cadre à la célébration d'obsèques solennelles, telles celles de Charles de Gaulle ou de François Mitterrand.

Cathelineau (Jacques),

général vendéen (Le Pin-en-Mauges, Maine-et-Loire, 1759 - Saint-Florent-le-Vieil, id., 1793).

De simple origine mais sachant écrire, ce voiturier, marguillier de sa paroisse, se distingue, dès 1792, en refusant les mesures religieuses de la Révolution. En mars 1793, il prend le commandement de l'une des bandes d'insurgés qui s'opposent à la levée des 300 000 hommes. Victorieux contre les gardes nationaux locaux, il s'empare de Chemillé, de Cholet avec l'aide de Stofflet, puis, après un échec initial, de Fontenay en compagnie des autres chefs vendéens, enfin, de Saumur (9 juin). Il est alors intégré à l'état-major de la puissante armée catholique et royale d'Anjou, et en devient le premier généralissime, lui, le roturier, au sein d'un collège où se distinguent d'Elbée - qui lui succédera -, Bonchamps, La Rochejaquelein ou Donnissan, tous issus de la noblesse. Sa carrière militaire est brutalement interrompue par une blessure reçue lors de l'attaque de Nantes (29 juin). Transporté chez les religieuses de Sainte-Croix, Cathelineau expire, quatre ans, jour pour jour, après la prise de la Bastille.

La famille de ce météore de la Contre-Révolution prolonge sa propre destinée : une trentaine de ses proches meurent au cours des guerres de Vendée ; son fils Jacques, élevé sous la protection de la noblesse française et anobli par Louis XVIII en 1816, prend part au soulèvement organisé par la duchesse de Berry, et y trouve la mort (1832) ; enfin, son petit-fils défend les États du pape, avant de s'engager contre la Prusse en 1870.

Catherine de Médicis,

reine de France (Florence 1519 - Blois 1589).

Catherine de Médicis, née le 13 avril 1519, est la fille de Madeleine de La Tour d'Auvergne, princesse de sang royal, morte quinze jours après l'accouchement, et de Laurent de Médicis, duc d'Urbino, décédé peu après ; sa vie est historiquement difficile à appréhender, chaque séquence s'ordonnant autour d'une composante particulière de la légende noire, composée à partir de 1574.