Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Marie-Antoinette, (suite)

Les souverains ont perdu désormais toute crédibilité. Affolée, Marie-Antoinette ne compte plus que sur un conflit européen pour sauver sa famille et la monarchie. Lorsque la guerre est déclarée en avril 1792, elle souhaite ouvertement la défaite des armées françaises, et fournit des renseignements stratégiques aux puissances ennemies. Au moment où les défaites françaises laissent présager une rapide invasion du territoire, la publication du manifeste de Brunswick déclenche la journée du 10 août, au cours de laquelle le régime s'effondre.

Emprisonnés au Temple, le roi, la reine, leurs enfants et la sœur de Louis XVI espèrent une victoire prussienne. Après le procès et l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette, la femme la plus haïe de France, n'a plus d'avenir. Transférée, seule, à la Conciergerie, en août 1793, « l'Autrichienne » doit être livrée à la vindicte populaire. Son procès, qui n'a pas d'enjeu politique majeur, contrairement à celui de Louis XVI, se déroule en deux jours (14-15 octobre 1793). Véritable iniquité judiciaire, ce procès mêle des griefs réels (la haute trahison) et des calomnies (Hébert l'accuse d'avoir tenté d'émasculer le dauphin...). Mais les accusateurs n'ont aucune preuve de sa culpabilité. Les piètres dépositions des témoins n'ont en réalité aucun poids. Reste le portrait symbolique de l'incarnation féminine d'un régime honni, brossé par un accusateur public qui ne fait que ramasser les ignominies traînant dans les pamphlets depuis des années. Condamnée à mort, Marie-Antoinette est guillotinée, place de la Révolution, le 16 octobre 1793.

Marie de Bourgogne,

duchesse de Bourgogne de 1477 à 1482 (Bruxelles 1457 - Bruges 1482).

Fille unique de Charles le Téméraire et d'Isabelle de Bourbon, Marie de Bourgogne hérite en janvier 1477 d'une principauté puissante - Bourgogne, Franche-Comté, Artois, Picardie, Hollande et Zélande, Belgique actuelle et Luxembourg - mais fragile. Profitant de son inexpérience, ses sujets flamands l'obligent à rétablir les privilèges régionaux supprimés par son père. Antifrançais et redoutant le centralisme capétien, ils s'opposent à une union avec le dauphin, et Marie épouse, en août 1477, Maximilien d'Autriche, futur empereur germanique. Mais Louis XI a déjà mis la main sur le duché de Bourgogne et envahi l'Artois et la Picardie, déclenchant ainsi une guerre dont Marie ne verra pas la fin. Elle meurt en effet accidentellement quelques mois avant la signature du traité d'Arras (décembre 1482). Celui-ci entérine la réunion de la Bourgogne et de la Picardie à la France, et prévoit le mariage de Marguerite d'Autriche, fille de Marie, avec le futur Charles VIII, à qui elle apportera en dot l'Artois et la Franche-Comté. En fait, le mariage n'aura jamais lieu, et, par le traité de Senlis (1493), Charles VIII, pour mieux satisfaire ses ambitions italiennes, abandonne à Maximilien ces deux provinces.

Le mariage de Marie et de Maximilien est lourd de conséquences sur l'histoire de l'Europe : il fonde la fortune des Habsbourg, qu'augmente bientôt l'union avec la Castille. Cette puissance fabuleuse va faire de la lutte contre la maison d'Autriche la priorité de la politique extérieure des rois de France jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.

Marie de l'Incarnation (Barbe Avrillot, Mme Acarie, bienheureuse),

mystique et religieuse (Paris 1566 - Pontoise 1618).

Pieuse fille de riches bourgeois, Barbe Avrillot épouse en 1582 Pierre Acarie, conseiller à la Chambre des comptes de Paris, dont elle aura six enfants, et qui, ligueur virulent, est exilé par Henri IV de 1594 à 1599. À partir de 1588, Mme Acarie connaît des extases mystiques. Influencée par la vie et les œuvres de sainte Thérèse d'Avila, mais aussi par le capucin Benoît de Canfeld, fondateur de l'« école abstraite » (qui cherche l'union directe avec Dieu, sans l'intermédiaire du Christ), elle fait de son hôtel parisien un lieu de rencontre des tendances spirituelles du moment. Son cousin Bérulle et François de Sales y côtoient les jésuites Coton et Binet, des laïcs tels que Louise de Marillac ou Mme de Sainte-Beuve, ou encore Jacques Gallemant, curé d'Aumale, qui fit de la première communion une vraie cérémonie. Mme Acarie contribue ainsi à enraciner le mysticisme dans le monde des robins et dans celui des anciens ligueurs reconvertis en parti dévot. Avec Bérulle, elle introduit l'ordre des Carmélites au faubourg Saint-Jacques en 1604, mais joue également un rôle important dans l'essor des ordres des Ursulines et des Oratoriens. Veuve en 1613, elle se fait elle-même carmélite en 1615, sous le nom de Marie de l'Incarnation. Béatifiée en 1791, elle est l'une des figures fondatrices de l'école française de spiritualité qui tente, au XVIIe siècle, de concilier exigence spirituelle, action des laïcs et réforme du clergé, même si, comme Bérulle lui-même, elle opte finalement pour la vie monastique.

Marie de Médicis,

reine de France, seconde épouse d'Henri IV et mère de Louis XIII (Florence 1573 - Cologne 1642).

En 1600, soucieux d'assurer une descendance à sa dynastie, Henri IV épouse en secondes noces la fille du grand-duc François Ier de Toscane après avoir répudié Marguerite de Valois. Marie donne le jour, le 27 septembre 1601, au futur Louis XIII, puis à cinq autres enfants, dont Gaston d'Orléans et Henriette-Marie, future reine d'Angleterre. Épouse souvent délaissée, elle se voit malgré tout confier la régence quand Henri IV prépare une guerre contre l'Espagne ; elle est à cet effet couronnée à Saint-Denis, le 13 mai 1610. Le lendemain, le roi est assassiné, et, dès le 15 mai, Marie est confirmée comme régente, au nom du jeune Louis XIII, au cours d'un lit de justice tenu au parlement de Paris.

De 1610 à 1617, elle gouverne la France, prolongeant sa régence au-delà de la majorité du roi (1614). Elle s'appuie d'abord sur les « barbons » laissés par Henri IV, puis cède une influence de plus en plus grande dans les affaires de l'État à son entourage italien, notamment à Concini, qui devient le personnage le plus influent du Conseil. Proche des milieux « dévots », favorables à la paix avec l'Espagne, elle négocie le mariage espagnol de Louis XIII. Confrontée aux prises d'armes des nobles « malcontents » regroupés autour du prince de Condé, elle tente de les contenir par la réunion des états généraux en 1614, puis en faisant appel tour à tour à la négociation (traité de Loudun, mai 1616) et à la répression (arrestation de Condé, septembre 1616).