faide royale, (suite)
La guerre civile.
• Après la mort de Sigebert, la crise s'aggrave, et des dissensions apparaissent au sein même de la famille de Chilpéric : plusieurs des fils de ce dernier sont tués, et il est lui-même assassiné en 584, laissant son royaume à son dernier héritier, Clotaire II. En 587, Gontran, roi de Burgondie, son neveu Childebert II, roi d'Austrasie, et la reine Brunehaut scellent, contre Clotaire II, une alliance appelée « pacte d'Andelot ». Ce n'est qu'en 600 que les fils de Childebert II, Théodebert II et Thierry II, reprennent la guerre contre Clotaire II. Celle-ci est néanmoins marquée par les dissensions qui opposent bientôt entre eux Brunehaut, Théodebert et Thierry. Elle ne prend fin qu'en 613, à la suite de la mort de Théodebert et de Thierry, et des assassinats, commandités par Clotaire, du jeune fils de Thierry et de la reine Brunehaut. Le royaume franc est alors réunifié entre les mains de Clotaire. Mais la faide a duré quarante ans, opposé trois générations, et provoqué la mort de dix rois et de deux reines.
Les conséquences de la faide.
• Ces longues années de guerre civile ont profondément atteint le pouvoir royal. Dès les années 580, des défections et des trahisons ont lieu dans les rangs des « leudes », c'est-à-dire des fidèles du roi. Elles se multiplient dans les années 600, et provoquent une véritable crise de la fidélité envers le roi. Cette situation favorise le développement des forces centrifuges aux dépens de l'unité du royaume franc. Durant la faide, les royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Burgondie prennent progressivement conscience de leurs particularismes. L'aristocratie austrasienne, notamment, derrière Pépin de Landen et l'évêque de Metz Arnoul, fait valoir des intérêts régionaux, qui ressurgiront avec acuité dans la seconde moitié du VIIe siècle. En effet, la faide royale profite surtout aux aristocraties. La surenchère à laquelle se livrent les rivaux royaux conduit ces dernières à monnayer leur soutien et à accroître leur puissance aux dépens du pouvoir du roi. L'échec final de Brunehaut et de ses petits-fils face à Clotaire II est dû en grande partie à la défection des aristocraties burgonde et austrasienne, hostiles à l'action de la reine. En effet, celle-ci a tenté de restaurer un État fort et une fiscalité directe de type romano-wisigothique. L'édit général que promulgue Clotaire II en 614 essaie de fonder un nouvel équilibre entre pouvoir royal et aristocratie, mais plusieurs de ses articles sanctionnent la puissance acquise par cette dernière au cours de la première grande crise de la royauté mérovingienne.