Nouvelle-Calédonie, (suite)
L'apaisement ?
• Le gouvernement Rocard, formé au lendemain de la seconde victoire présidentielle de François Mitterand, se propose de rechercher une solution négociée et confie une mission d'enquête et de dialogue à des personnalités indépendantes. Un accord conclu à Matignon le 26 juin 1988 entre l'État, le FLNKS et le RPCR prévoit une période transitoire de dix ans à l'issue de laquelle la population sera consultée par un référendum d'autodétermination, ainsi que la division du territoire en trois provinces dotées d'une assez large autonomie. Un congrès du Territoire, formé de la réunion des membres des trois conseils provinciaux, constitue l'organe de coordination. Consultés par référendum national le 6 novembre 1988, les électeurs français approuvent à 80 % ce projet... avec un taux d'abstention de plus de 60 %. La conclusion des accords, suivie de la mise en place des nouvelles institutions, d'investissements importants et de mesures d'amnistie, a entraîné le retour au calme, malgré l'assassinat, le 4 mai 1989, de Jean-Marie Tjibaou et de son adjoint Yeiwéné-Yeiwéné, par des extrémistes isolés. Presque toutes les terres revendiquées par les tribus leur ont été restituées. Des majorités indépendantistes contrôlent la plupart des trente-deux municipalités ainsi que les provinces du Nord et des îles. La province sud, la plus peuplée, avec l'agglomération de Nouméa, reste un fief du RPCR.
Selon les estimations, la population s'élevait en 1995 à près de 190 000 habitants, dont 47 % de Mélanésiens, 34 % d'Européens, 12 % de Wallisiens, les autres étant essentiellement Indonésiens, Vanuatais, Vietnamiens, mais, en raison des tendances démographiques, les Kanaks devraient être majoritaires dans la deuxième décennie du XXIe siècle. En avril 1998, les différentes formations politiques calédoniennes ont conclu un nouvel accord, sous les auspices, cette fois, du gouvernement Jospin : il prévoit une large autonomie pour le territoire, avec le transfert de nombreuses compétences à Nouméa, pendant une nouvelle période transitoire longue de quinze à vingt ans. Selon les termes de l'accord, « l'État reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à bénéficier, à la fin de cette période, d'une complète émancipation. » La décision en reviendra aux habitants de ces îles, qui seront consultés par référendum.