roi d'Austrasie (633 ou 634/656).
Fils aîné de Dagobert Ier, Sigebert est proclamé roi des Austrasiens à l'âge de 3 ans pour satisfaire le désir d'autonomie de l'aristocratie locale par rapport à la Neustrie. Son gouvernement est placé sous la tutelle des grandes familles de la région, représentées par le duc Adalgisel et par l'évêque de Cologne Cunibert, puis par Pépin de Landen, qui devient maire du palais en 639. La mort de ce dernier (640) ouvre cependant une crise politique opposant le parti des Pippinides, mené par Grimoald, fils de Pépin, à celui d'Otton, qui parvient à s'emparer de la mairie du palais. Ce n'est qu'à la suite de plusieurs révoltes, et notamment d'une expédition manquée contre le duc des Thuringiens Radulf, que Grimoald peut reprendre la charge de maire du palais ; il exerce par la suite une influence croissante sur le jeune roi. Tous deux participent à la fondation des monastères de Stavelot et Malmédy (646), sur la demande de Rémacle, successeur de saint Éloi comme abbé de Solignac, dans le Limousin, qui cherche à fonder une abbaye royale en Austrasie.
Vers 646, Sigebert contracte un mariage, qui reste plusieurs années sans descendance ; c'est la raison pour laquelle Grimoald parvient à faire adopter par le roi son propre fils, rebaptisé du nom mérovingien de Childebert - adoption qui donne à celui-ci droit au trône. Par la suite, le couple royal a un fils, prénommé Dagobert ; mais lorsque Sigebert tombe gravement malade au début de l'année 656, Grimoald confie le jeune Dagobert à l'évêque de Poitiers, qui l'expédie en Irlande.
Sigebert meurt le 1er février 656 ; il est enterré dans l'abbaye Saint-Martin de Metz, qu'il avait lui-même fondée. Autour de sa tombe se développe un culte que réactive au XIe siècle la rédaction d'une Vie de saint Sigebert, par Sigebert de Gembloux. Mais, jusqu'au XVIe siècle, ce culte ne prospère qu'à Metz et à Stavelot-Malmédy, où l'ancien roi est vénéré comme saint fondateur. En revanche, lorsqu'en 1603 le duc de Lorraine Charles III fait transférer les reliques du saint de Metz à la primatiale (future cathédrale) de Nancy, Sigebert devient non seulement l'un des protecteurs de la ville, mais aussi un saint patron de la Lorraine. On l'invoquait à Nancy en cas de calamités publiques, lors de processions solennelles décrétées par les magistrats de la ville.