ministères. (suite)
Naissance de la fonction de « ministre ».
• C'est à la Renaissance et avec l'avènement de l'Ancien Régime, qui marque l'essor de la monarchie administrative et centralisée, qu'apparaît peu à peu la fonction de ministre : son origine se trouve dans le corps des notaires du roi, notaires clercs du « Secret », puis secrétaires d'État et des Finances, à qui le souverain délègue progressivement une part de son autorité. Une ordonnance d'Henri II, datée de 1547, répartit l'administration des provinces entre quatre secrétaires d'État ; les ordonnances d'Henri III, en 1588 et 1589, y ajoutent une première spécialisation administrative. Mais c'est Richelieu qui fonde véritablement les départements ministériels, lesquels subsisteront jusqu'à la Révolution : par l'ordonnance du 11 mars 1626, il crée les secrétariats d'État à la Maison du roi et aux Affaires ecclésiastiques, aux Affaires extérieures, à la Guerre et à la Marine, tout en conservant la répartition de l'administration des provinces entre les quatre titulaires.
Avec le chancelier, chef de l'administration judiciaire, et le surintendant, puis contrôleur général des Finances, les secrétaires d'État forment le corps des ministres, plus proches collaborateurs du souverain. Le titre leur est d'ailleurs reconnu, dès lors qu'ils entrent au Conseil d'en haut, conseil de gouvernement où le roi est présent. Pour autant, leur collectivité ne forme pas un ministère et la pratique du gouvernement personnel de Louis XIV accentue leur rôle de « grand commis ». Après l'intermède de la Régence, l'organisation du gouvernement ainsi définie demeure jusqu'en 1789.
L'instauration d'une responsabilité collective des ministres.
• L'évolution fondamentale survient sous la Révolution. Le décret des 24 avril-25 mai 1791 supprime la compétence géographique des secrétaires d'État et modifie leurs attributions administratives ; six départements ministériels sont créés - Justice, Intérieur, Guerre, Marine, Affaires étrangères, Contributions et Revenus publics. En outre, le décret établit la responsabilité des ministres et crée la notion de cabi-net. Peu appliquée par la suite et mise à mal par la pratique du gouvernement napoléonien, cette responsabilité collec-tive est rétablie par la Restauration qui marque l'avènement du régime parlementaire : le concept de ministère, auquel s'attache le nom du principal ministre, est désormais intégré dans la vie politique de la nation. Le Second Empire voit une régression de la fonction, mais la loi organique des 31 août et 3 septembre 1871, puis les lois constitutionnelles de 1875 maintiennent le principe de la responsabilité individuelle et collective des ministres, en vigueur depuis, quelle que soit la nature du régime parlementaire, donnant ainsi corps à la notion de ministères.