Roncevaux (bataille de),
nom donné à un épisode du règne de Charlemagne, au cours duquel, le 15 août 778, les Basques écrasent l'arrière-garde de l'armée franque commandée par l'empereur au retour d'une malencontreuse expédition en Espagne.
Voulant tirer profit de la révolte des musulmans contre Cordoue, Charlemagne fait route avec deux armées jusqu'à Saragosse, ville qui, redevenue fidèle à l'émir, ne lui ouvre pas ses portes. Mal reçu par les Basques, pourtant chrétiens, Charles ordonne d'incendier Pampelune et peut-être est-ce là la raison de l'attaque de l'arrière-garde franque dans le défilé de Roncevaux, où plusieurs grands personnages trouvent la mort, notamment Roland, préfet de la Marche de Bretagne, et le sénéchal Eggihard.
Si cette bataille a une réalité historique, c'est néanmoins la littérature épique médiévale qui l'a rendue célèbre par l'intermédiaire de la Chanson de Roland, composée vers la fin du XIe siècle, et qui est l'un des premiers grands textes littéraires en ancien français. Dans ce long poème, imprégné par les idées de reconquête espagnole contre les musulmans, les Basques deviennent des « Sarrasins » et Roland acquiert des attributs légendaires, comme sa merveilleuse épée Durandal qui entaille la montagne (la Brêche de Roland, visible depuis le cirque de Gavarnie) et son olifant, que l'église de Blaye conserve comme une relique. Ce texte connaît un immense succès au Moyen Âge, et bien plus tard, après la défaite de 1870, il sera exalté comme une expression du « génie national » français, Roland étant alors enrôlé parmi les héros guerriers symbolisant la France éternelle et résistant toujours à l'« envahisseur ».
Rossbach (bataille de),
défaite des Français et des Autrichiens face aux forces de Frédéric II de Prusse, le 5 novembre 1757, pendant la guerre de Sept Ans.
Après l'ouverture des hostilités, en 1756, les opérations en Allemagne ont tourné au détriment de la Prusse, que les Russes ont envahie. L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche souhaite livrer une bataille décisive. Les armées se concentrent en Saxe, au nord-est de Leipzig : aux côtés des 24 000 Français du prince de Soubise, les troupes impériales alignent 30 000 hommes, commandés par le médiocre Hildburg-hausen, mal entraînés et indisciplinés. Frédéric II, lui, ne dispose que de 21 000 hommes, mais bien encadrés. Face aux alliés retranchés dans le village de Rossbach, il fait mine de battre en retraite. Hildburghausen décide de tourner les positions prussiennes sur leur gauche, scindant ainsi troupes françaises et troupes impériales. Faisant volte-face, Frédéric II attaque ses adversaires en pleine marche ; les Impériaux se débandent sous les charges de la cavalerie prussienne. Soubise ne parvient pas à regrouper ses unités disloquées par la déroute de leurs alliés. Les meilleures se battent jusqu'à la nuit et ne se replient qu'après la mort de leurs officiers. Les vaincus perdent près de 8 000 hommes ; les Prussiens ont 165 tués et 376 blessés.
Rossbach eut un impact d'abord psychologique, révélant la médiocrité des généraux coalisés et affermissant la volonté belliciste de l'Angleterre, jusque-là alliée chancelante de la Prusse. La brillante victoire de Leuthen, remportée sur les Autrichiens le 5 décembre suivant, parachève le succès de Rossbach et permet à Frédéric II de reconquérir la Silésie.
Rossel (Louis Nathaniel),
officier et communard (Saint-Brieuc, Côtes-d'Armor, 1844 - Satory, Yvelines, 1871).
Ce protestant d'origine cévenole, fils d'un officier qui a voté « non » au plébiscite de 1851, est polytechnicien en 1864, et sous-lieutenant, pendant la guerre franco-allemande. Fait prisonnier à Metz alors qu'il tente une sortie, il réussit à s'évader et, après un passage par la Belgique et l'Angleterre, reprend le combat comme colonel du génie. Refusant l'armistice du 28 janvier 1871, il quitte l'armée, rejoint Paris le 20 mars, et devient chef d'état-major de la Commune, puis délégué à la Guerre. Cependant, devant l'indiscipline et l'inefficacité de ses troupes, il démissionne dès le 9 mai. Taxé de trahison, il est arrêté ; mais il s'évade, se cache, et ne participe donc pas à la Semaine sanglante. Pris par les versaillais, il est condamné à mort, et exécuté le 28 novembre malgré des manifestations et de vives protestations dans la presse.
Quelque dix ans après son exécution, lors de la campagne pour l'amnistie des communards, des voix s'élèvent pour saluer sa mémoire. Dans une chanson, une strophe attribuée à Hugo le magnifie en « mort glorieux pour le salut du monde, comme le Christ est mort par la main des bourreaux », et une autre, due à Rochefort, affirme que « si le peuple un jour refaisait la Commune, c'est au nom de Rossel qu'il se soulèverait ». Un siècle plus tard, Rossel reste une référence pour une partie de la gauche jacobine (Jean-Pierre Chevènement lui a consacré un téléfilm), mais aussi pour les nationalistes-révolutionnaires d'extrême droite, du fait de ses ambiguïtés d'homme d'ordre au service d'une révolution.
Rothschild,
famille de financiers juifs originaires de Francfort, dont la branche française - l'une des cinq lignées descendant de Meyer Amschel Rothschild (1743-1812) - a acquis une telle place dans l'histoire politique et économique du pays depuis près de deux siècles que le patronyme est entré dans le langage courant comme un synonyme de richesse et de puissance.
Cette richesse, les Rothschild la tiennent, initialement, du placement des emprunts d'État sur les marchés financiers : ainsi Alphonse (1827-1905), fils du premier des Rothschild à s'être établi en France (James, 1792-1868), fait-il fortune en plaçant l'emprunt émis en juillet 1872 pour le remboursement des indemnités de guerre (5 milliards de francs or) exigées par l'Allemagne à l'issue du traité de Francfort (mai 1871). Parallèlement à leurs activités bancaires, les Rothschild savent aussi saisir les opportunités offertes par l'industrialisation de la France, dans la seconde moitié du XIXe siècle : sous le Second Empire, ils soutiennent financièrement la Compagnie du Nord et la Société de construction des Batignolles. Dès lors, la puissance économique acquise leur vaut de siéger régulièrement dans de nombreux conseils d'administration (27 en 1863), notamment dans celui de la Banque de France, à partir de 1855.