Waddington (William Henry),
savant et homme politique (Saint-Rémi-sur-Avre, Eure-et-Loir, 1826 - Paris 1894).
Issu d'une famille d'origine anglaise protestante, ayant partagé ses études entre Paris et Cambridge, il se consacre d'abord à l'épigraphie et à la numismatique. Après deux voyages en Asie Mineure, dont il fait des comptes rendus savants, il est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1865 et, la même année, se présente dans l'Aisne comme candidat libéral aux élections législatives, sans succès. Il est en revanche élu en février 1871, et siège alors au centre droit ; en mai 1873, juste avant la chute de Thiers, il devient ministre de l'Instruction publique. Après le 24 mai, il passe progressivement au centre gauche et vote en 1875 l'amendement Wallon et l'ensemble des lois constitutionnelles. L'année suivante, il est élu sénateur et redevient ministre de l'Instruction publique, défendant à ce poste des idées libérales et sociales. Mais son hostilité au président Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877 le conduit à démissionner. Il revient aux affaires en décembre, dans le nouveau cabinet Dufaure, comme ministre des Affaires étrangères. C'est à ce titre qu'il représente la France au congrès de Berlin (1878), où il défend les principes d'égalité politique dans les Balkans et obtient la liberté d'intervenir en Tunisie. Après l'élection de Jules Grévy à la présidence de la République, il conserve son poste et devient président du Conseil, continuant de défendre une politique républicaine modérée. Devant les critiques de la majorité, il se retire en décembre 1879. Il finit sa carrière comme ambassadeur à Londres (1883-1893) et reste sénateur de l'Aisne jusqu'à sa défaite de janvier 1894.
Wagram (bataille de),
bataille remportée par Napoléon Ier sur les Autrichiens les 5 et 6 juillet 1809.
L'Autriche, engagée dans la cinquième coalition avec l'Angleterre, reprend le combat contre l'Empire français le 10 avril 1809. Les troupes autrichiennes progressent rapidement en Bavière, alors alliée de la France. La Grande Armée intervient le 17 avril, mais les premiers engagements sont autant de demi-victoires, les Autrichiens se retirant sans être vraiment défaits. Lancé à leur poursuite, Napoléon entre le 12 mai à Vienne. Après avoir tenté vainement de passer le Danube à Essling (22-23 mai), la Grande Armée se replie sur l'île de Lobau, où elle doit rester six semaines pour restaurer ses forces et tenter un nouveau passage. L'armée française se compose d'environ 190 000 hommes, les Autrichiens disposent de quelque 270 000 soldats. Dans la nuit du 4 au 5 juillet, la Grande Armée entame sa traversée du Danube. Le combat s'engage le lendemain à l'aube, quand l'archiduc Charles décide de contrer l'offensive française. Cette opération est contenue par les forces de Davout. Le sort de la bataille se joue lorsque Napoléon lance une attaque sur le centre dégarni du dispositif ennemi, coupant ainsi les forces autrichiennes en deux. Les combats sont extrêmement meurtriers : les Autrichiens perdent 50 000 hommes et les Français environ 35 000. Victoire française, mais chèrement acquise, Wagram inaugure la série des batailles difficiles et indécises pour la Grande Armée : l'armée autrichienne est battue, mais pas anéantie.
Waldeck-Rousseau (Pierre Marie René),
homme politique (Nantes 1846 - Corbeil, Essonne, 1904).
Issu de la bourgeoisie nantaise républicaine - son père a été député en 1848 -, Waldeck-Rousseau mène d'abord une brillante carrière d'avocat d'affaires. En 1879, il se lance dans la politique et est élu député de Rennes ; dix ans durant, il siège à la Chambre parmi les républicains modérés. Après avoir été ministre de l'Intérieur dans les gouvernements de Gambetta (novembre 1881-janvier 1882) et de Ferry (février 1883-mars 1885), il abandonne un temps la vie politique pour reprendre son métier d'avocat. Au barreau de Paris, il s'illustre alors dans des procès financiers aussi importants que celui de Panamá. En 1894, il devient sénateur de la Loire.
S'il échoue devant Félix Faure lors de l'élection présidentielle de 1895, il est nommé président du Conseil en juin 1899 : au cœur de l'affaire Dreyfus, il parvient à contrer les offensives nationalistes en constituant un gouvernement de large coalition républicaine, où siègent le général Galliffet (« le fusilleur de la Commune »), mais aussi, pour la première fois, un socialiste, Alexandre Millerand. Ce ministère de « défense républicaine » sera le plus long de la IIIe République. Trois ans durant, Waldeck-Rousseau, qui détient aussi le portefeuille de l'Intérieur et des Cultes, se bat sur plusieurs fronts : il met un terme à l'Affaire en faisant annuler la peine infligée par le Conseil de guerre de Rennes à Dreyfus (grâce du président Loubet, septembre 1899), et en poursuivant devant la Haute Cour Déroulède et les chefs du parti nationaliste ; alors que les conflits sociaux se multiplient, il réaffirme la légalité du droit de grève, et place l'État en position d'arbitre ; soucieux d'étendre les prérogatives de l'État face à l'Église, il fait modifier la législation pour soumettre au droit commun les congrégations religieuses (loi sur les associations du 1er juillet 1901) ; il engage une importante réforme de l'enseignement secondaire (mai 1902) ; enfin, son ministre des Affaires étrangères Delcassé rapproche la France de l'Italie et de la Grande-Bretagne.
Atteint par la maladie, Waldeck-Rousseau se retire après les élections de 1902, intervenant cependant pour condamner la politique violemment anticléricale d'Émile Combes, son successeur. Celui qui se définissait lui-même comme « républicain modéré, mais non modérément républicain » laisse une authentique postérité politique, faite du refus de tout excès allié à une grande détermination.
Wallis et Futuna,
protectorat français de 1889 à 1961, territoire d'outre-mer de 1961 à 2003, puis collectivité d'outre-mer depuis 2003, dotée d'une assez large autonomie, avec notamment une certaine reconnaissance du droit coutumier.
En 1837, des missionnaires maristes conduits par le Père Bataillon débarquent dans les îles Wallis et Futuna (Polynésie occidentale), qui avaient été découvertes en 1767 par le navigateur anglais Samuel Willis. Après des débuts difficiles (le Père Chanel est mis à mort à Futuna), la mission place les royautés indigènes sous tutelle et instaure une véritable théocratie autoritaire et paternaliste. Après avoir fait l'objet d'un premier traité - conclu en 1842, mais non ratifié -, le protectorat français n'est officiellement instauré qu'en 1889. Il est aboli en 1961, à la suite du référendum du 27 décembre 1959 ; les deux îles forment depuis lors un territoire d'outre-mer, doté d'un conseil territorial et d'une assemblée territoriale élue, et représenté au Parlement par un député et un sénateur. L'influence des chefs coutumiers - le lavélua, roi d'Ouvéa (Wallis), et les rois de Sigavé et d'Alo (Futuna) - tend à décliner, de même que celle de la mission catholique (évêché de Lano), naguère omnipotente. Le coprah constitue la seule ressource d'exportation de l'archipel, dont la population est de 14 166 habitants (1996), avec un faible taux de croissance en raison de l'émigration de la jeunesse, surtout vers la Nouvelle-Calédonie.