Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

monachisme, (suite)

Réformes et renouveaux.

• À partir du XIIIe siècle, l'histoire des ordres monastiques n'est plus guère jalonnée que de réformes successives. Fortement ébranlé dans ses bases institutionnelles par la Réforme protestante, le monachisme s'accroît de nouvelles fondations importantes au XVIIe siècle, dans le cadre de la Réforme catholique : la congrégation bénédictine de Saint-Maur est fondée en 1618 ; celle des Filles de la Charité, en 1634, par saint Vincent de Paul. La révolution de 1789 entraîne la suppression graduelle des ordres monastiques, déjà durement éprouvés dans leur vocation par l'esprit des Lumières. Les congrégations monastiques connaissent un lent renouveau au XIXe siècle, dans la lignée des mouvements de restauration entrepris vers 1830.

Au XXe siècle, le monachisme est marqué par la création de communautés protestantes (telle la Communauté de Taizé, devenue centre de rencontres œcuméniques) mais aussi par l'implantation de congrégations dans les jeunes Églises d'Afrique et d'Asie (fondations françaises du Carmel, notamment). Depuis le concile Vatican II (1962-1965), le monachisme a entrepris un effort d'adaptation aux nécessités du temps présent tout en affirmant sa vocation originelle à la retraite et au silence.

Monaco (principauté de),

État enclavé dans le département français des Alpes-Maritimes.

Fondée par les Phéniciens, puis colonie grecque, la ville de Monaco devient au XIIIe siècle la propriété d'une famille de Gênes, les Grimaldi. Au Moyen Âge et à l'époque moderne, la principauté doit composer avec les souverains voisins sous des formules diverses : alliances, occupations provisoires, protection, etc. Elle est ainsi associée à la France de 1489 à 1523, puis à l'Espagne de 1524 à 1640, et de nouveau à la France en 1641. Louis XIV en garantit la possession à la famille régnante par un traité. En 1731, les Goyon-Matignon succèdent aux Grimaldi, mais reprennent le nom et les armes de ces derniers. La Révolution française bouleverse le droit féodal dans la principauté. En 1791, le prince de Monaco réclame et obtient de la Constituante une indemnité en échange de la suppression de ses droits féodaux. Il voit ses droits souverains confirmés malgré les protestations des communes alentour. Mais, le 14 février 1793, ces dernières obtiennent la réunion à la France de la principauté, qui est intégrée au département des Alpes-Maritimes jusqu'en 1815, date à laquelle elle est restaurée sous la protection du roi de Sardaigne. En 1861, un nouveau statut se met en place : la principauté perd son arrière-pays et se lie à la France par le traité du 2 février. Depuis cette date, d'autres accords sont venus compléter ces dispositions, et notamment le traité « d'amitié protectrice » signé en 1918. La deuxième dynastie des Grimaldi s'éteint en 1949, à la mort de Louis II, dont la fille Charlotte a épousé Pierre de Polignac : leur fils, Rainier III, prince de Monaco de 1949 à 2005, reprend également les armes et le nom des Grimaldi. En 1962, une réforme de la Constitution de 1911 - laquelle a mis fin au régime absolutiste, tout en conservant le principe d'une monarchie héréditaire - permet un élargissement des compétences du Parlement. En 2005, le prince Albert II succède à son père.

monarchie absolue.

Au XVe ou au XVIe siècle, quand les théoriciens du pouvoir royal qualifiaient celui-ci d'absolu, ils entendaient que le monarque était « délié des lois » (du latin absolvere) ; pourtant, tous soulignaient que ce pouvoir se tenait toujours en deçà de limites qui le différenciaient d'un pouvoir arbitraire.

L'ambivalence est donc consubstantielle aux origines de la monarchie absolue. Mais l'évolution du vocabulaire a favorisé le basculement du terme dans un sens univoque : l'apparition du mot « absolutisme » à l'extrême fin du XVIIIe siècle et son usage plus courant à partir de la monarchie de Juillet ont en effet conduit, d'une part, à assimiler la monarchie absolue à la tyrannie d'un souverain, d'autre part, à la lier à un projet politique immuable tout au long de l'Ancien Régime. Ce prétendu projet n'est en fait, pour l'essentiel, que l'extrapolation du régime systématisé par Louis XIV et critiqué dans la philosophie politique du XVIIIe siècle.

Pour dépasser ces acceptions rétrospectives et déformantes, il convient donc d'appréhender la monarchie absolue comme une construction historique, « une tendance plutôt qu'un régime » (Georges Durand), soumise à des interprétations et à des inflexions successives, confrontée à des résistances et à des remises en cause. Cette dimension historique de la notion est perceptible même si on laisse de côté l'étude des institutions monarchiques pour mettre l'accent sur l'évolution des conceptions de la souveraineté et de la nature du pouvoir. Celles-ci sont en effet au cœur du régime qui tend à prévaloir en France, de la fin du Moyen Âge à 1789, et qui confère au roi le monopole de la souveraineté et de l'autorité en vertu d'une légitimité à la fois héréditaire, coutumière et religieuse.

La tradition monarchique et la demande d'autorité.

• Dès le XVe siècle, le roi de France cumule quatre attributs essentiels : suzerain des suzerains, il est placé au sommet de la pyramide sociale ; garant de l'intégrité du royaume, en particulier contre les ennemis extérieurs, il dirige les armées ; considéré comme « empereur en son royaume » depuis Philippe le Bel (1285-1314), il peut exercer des pouvoirs dits « régaliens », en premier lieu desquels celui de juge suprême ; enfin, « Très-Chrétien » (titre officiellement reconnu à Louis XI), il peut se prévaloir de la dimension religieuse de sa fonction qui implique, en contrepartie, un devoir de protection à l'égard de la religion et de l'Église catholiques. Pour autant, avant le XVIIe siècle, il est abusif de parler de monarchie de droit divin.

D'ailleurs, l'énumération de ces attributs n'induit nullement une évolution linéaire vers un « pouvoir sans lien », car ils comportent toujours des potentialités contradictoires dont on peut donner deux exemples. La suzeraineté offre une garantie de supériorité, mais elle signifie aussi que les nobles sont fondés à jouer un rôle dans l'exercice de la puissance publique. L'imperium érige le roi en protecteur du royaume et de la nation, mais, celle-ci étant conçue comme une association de corps (ordres, provinces, villes, communautés d'habitants ou de métiers, etc.), le rôle de protecteur implique la sauvegarde des libertés et des privilèges - au sens de droits reconnus - de chacun de ces corps. Ainsi, la France, à la charnière des époques médiévale et moderne, pourrait incliner vers une monarchie qui serait « un régime de partage contractuel des prérogatives de la souveraineté entre de nombreux partenaires » (Jacques Ellul). Mais l'évolution vers de nouvelles formes de souveraineté s'accélère au XVIe siècle.