Schobert (Johann)
Compositeur allemand (Silésie ? v. 1735 – Paris 1767).
On ne sait rien de précis sur sa vie avant son arrivée à Paris en 1760 ou en 1761. Il entra au service du prince de Conti comme maître de musique et claveciniste de chambre : les salons s'ouvrirent ainsi devant lui, et il publia lui-même sa propre musique. Exception faite de l'opéra-comique le Garde-Chasse et le Braconnier (1765), il n'écrivit que de la musique instrumentale avec clavier, réunie en 20 numéros d'opus. Beaucoup de ces pièces ont un accompagnement (violon, violon et violoncelle, violon et cors), mais celui-ci est souvent ad libitum, ce qui fait que les mêmes pièces peuvent être jouées soit comme de la musique de chambre, soit comme des sonates pour clavier. Mozart, enfant, fit la connaissance de Schobert lors de ses deux premiers séjours à Paris (1763-64 et 1766), et Georges de Saint-Foix n'hésita pas à qualifier celui-ci de « premier poète que Mozart ait rencontré sur son chemin ».
De fait, Schobert fut à tout point de vue un pionnier et un audacieux solitaire, une des personnalités les plus singulières de l'époque de l'Empfindsamkeit. Il ne prescrivit pas, pour ses œuvres, le piano-forte moderne, mais (sans qu'aujourd'hui il faille le prendre à la lettre) le clavecin. Ses contemporains n'en estimèrent pas moins qu'il avait « transplanté la symphonie au clavier ». Il excella à évoquer des atmosphères poétiques rares, tantôt âpres et sombres, tantôt viriles et décidées, mais, le plus souvent, rêveuses et nostalgiques. Cornélie, la sœur de Goethe, annonçant au poète la mort de Schobert, parla des « sentiments douloureux » qui perçaient son âme quand elle jouait ses sonates. L'andante du concerto pour clavier K.39 de Mozart n'est autre qu'une adaptation d'un mouvement de Schobert, et, en 1778, lors de son ultime séjour à Paris, le futur auteur de Don Giovanni faisait étudier à ses élèves, de préférence à toute autre, la musique de celui qui l'avait tant impressionné une quinzaine d'années auparavant, tout en le citant dans l'andante de sa sonate en la mineur K.310. Avec les trios de jeunesse de Haydn, ceux avec clavier de Schobert comptent parmi les premiers du genre.
Il mourut avec presque toute sa famille pour avoir mangé des champignons vénéneux ramassés en forêt de Saint-Germain.
Schoeck (Othmar)
Compositeur suisse (Brunnen, canton de Schwyz, 1886 – Zurich 1957).
Fils d'un peintre et d'abord attiré par la peinture, il se destina à la musique après des études aux conservatoires de Zurich et de Munich (1907-1908, avec Max Reger). Il fut notamment chef du Chœur des professeurs à Zurich (1911-1917) et, tout en vivant dans cette dernière ville, chef d'orchestre à Saint-Gall (1917-1944). Plus de 400 lieder sur des textes allemands (Eichendorff, Lenau, Mörike, Goethe), ordonnés en de vastes cycles, forment l'essentiel d'une production directement influencée par le romantisme germanique et s'inscrivant dans la succession de Hugo Wolf. Son second domaine d'élection fut la scène, avec, notamment, Erwin und Elmire d'après Goethe (musique de scène et chants, 1911-1916), Don Ranudo de Colibrados, opéra-comique d'après Holberg (1917-18), Venus, opéra d'après Mérimée (1919-20), Penthesilea, opéra d'après Kleist (1924-25), Massimila Doni, opéra d'après Balzac (1934), et Das Schloss Dürande, opéra d'après Eichendorff (1938-39).
Schola cantorum (lat. ; « école des chanteurs »)
Il en existait dans la Rome antique, c'étaient plutôt des sociétés musicales que des écoles, qui se transformèrent dans les premiers temps du christianisme en centres de formation à la musique sacrée. Ce fut vraisemblablement saint Grégoire le Grand, pape de 590 à 604, qui regroupa ces scholae en une institution unique, exclusivement pontificale, qui dura avec des fortunes diverses jusqu'à sa suppression en 1370 par le pape d'Avignon Urbain V.
Par la suite, le nom de Schola cantorum a été adopté par plus d'une école de musique européenne, la plus importante étant celle que fonda Charles Bordes, à Paris, en 1894, avec la collaboration de Vincent d'Indy et d'Alexandre Guilmant. Ce fut d'abord une « École de chant liturgique et de musique religieuse », qui se proposait de réagir contre la décadence de la musique sacrée. À partir de 1896, V. d'Indy, devenu son principal animateur, étendit son activité à la musique profane, et la Schola cantorum, à l'étroit dans ses premiers locaux, alla s'installer dans l'ancien couvent des bénédictins anglais, rue Saint-Jacques, où elle se trouve encore. Disposant bientôt de son propre orchestre, d'une chorale et d'un bureau d'édition, elle joua un rôle considérable dans la redécouverte de la musique ancienne.
La mort de Vincent d'Indy, dont les cours de composition étaient mondialement réputés, fut un coup sévère pour la Schola cantorum. Une scission se produisit en 1935 parmi ses successeurs et les dissidents fondèrent l'école César-Franck. Longtemps dirigée par Jacques Chailley, la Schola cantorum enseigne l'ensemble des disciplines musicales, ainsi que l'art dramatique et la danse (classique et moderne). Ses classes instrumentales vont de la flûte à bec au piano-jazz.
Schönbach (Dieter)
Compositeur allemand (Stolp, Poméranie, 1931).
Il a étudié, de 1949 à 1959, avec Günter Bialas à Detmold et Wolfgang Fortner à Fribourg, et a été, de 1959 à 1973, directeur de la musique au théâtre de Bochum. Il est un des principaux représentants en Allemagne, avec Joseh Anton Riedl, de la musique pour multimédia, et a collaboré avec des chorégraphes, des peintres, des architectes et des metteurs en scène de cinéma. Il a participé, par exemple, à la réalisation d'un programme audiovisuel pour le compte de l'Office du tourisme de la ville de Cologne. On lui doit, notamment, le film Geometrie, Sprache der Formen (1958) ; Der Sturm, spectacle multimédia, d'après Shakespeare (1970) ; Die Chöre des Œdipus, composition parlée pour la radio, d'après Hölderlin (1973) ; Metro Media, formation de sons cinétiques pour chemin de fer souterrain (1973) ; et, dans le domaine traditionnel, un concerto pour piano (1958), Orchesterstück 1 « Farben und Klänge », (1958), 2 « Ritornelle » (1961), 3 « Pour Varsovie » (1963) et 4 « Entre » (1964), ainsi que des pages vocales comme Canticum psalmi resurrectionis, pour soprano et instruments (1957) ou Chant liturgique, hommage à Pérotin, pour chœur et orchestre (1964).