Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
I

intervalle

Distance qui sépare deux sons entre eux.

Cette distance se définit scientifiquement par un rapport entre les nombres qui expriment la fréquence des sons en cause, rapport qui peut être pris à volonté à partir de l'un ou l'autre de ces sons. Plusieurs physiciens ont proposé des mesures destinées à remplacer ce rapport par une unité de mesure ; la plus usuelle est le savart, traduction logarithmique du rapport (log. décimal multiplié par 1 000) ; les ethnomusicologues ont adopté le cent, 100e partie du demi-ton tempéré. On appelle souvent commas les valeurs inférieures au demi-ton pouvant servir d'unité de mesure, mais le mot « comma » recouvre un terme générique à valeur variable selon le système acoustique adopté et n'a donc aucune valeur si on ne précise pas quel est ce système (on distingue 12 catégories au moins de commas différents).

   Les musiciens se soucient peu de ce genre de mesures, dont la précision les gêne plus qu'elle ne les aide, en raison des marges de tolérance parfois fortes que comporte la pratique musicale. Ils définissent presque toujours les intervalles par rapport à une graduation variable selon le tempérament adopté, divisant l'octave (rapport 2/1) en sept demi-tons ; l'unité est le ton comprenant deux de ces divisions (9/8 en pythagoricien, 1/6 d'octave en tempéré égal). Le plus petit intervalle est en principe le demi-ton, exceptionnellement le quart de ton ; les multiples du ton forment le diton (2 tons), le triton (3 tons), etc. Sur l'échelle ainsi formée, les musiciens comptent non pas le nombre de divisions égales, mais le nombre de degrés dans la gamme employée et définissent l'intervalle par le nombre de ces degrés, départ et arrivée inclus, selon l'ancienne terminologie des nombres ordinaux : prime (ou unisson), seconde, tierce, quarte, quinte, sixte, octave (les autres nombres gardent leur nom usuel : septième, neuvième, etc.). On précise ensuite, s'il en est besoin, la qualification de l'intervalle. Celle-ci peut être normale ou déformée. La qualification normale comporte, pour les trois premières consonances (octave, quinte, quarte), la notion d'intervalle juste, c'est-à-dire conforme au modèle résonantiel ; pour les autres, une distinction est faite entre intervalles majeurs et intervalles mineurs selon la grandeur de la distance. La qualification déformée comporte une extension artificielle de cette distance, qui rend l'intervalle, dans un sens, augmenté et exceptionnellement suraugmenté, et, dans l'autre, diminué et exceptionnellement sous-diminué.

   Si le contraire n'est pas spécifié, les intervalles se comptent toujours en montant. Ils sont dits diatoniques s'il n'est fait appel à aucune altération autre que constitutive et chromatiques dans le cas contraire ; ils sont simples s'ils n'excèdent pas l'octave et redoublés dans le cas contraire. Les intervalles redoublés sont parfois désignés par le nom simple correspondant (intervalle réel moins 7, qui représente l'octave ; par exemple, 10e = tierce redoublée). On devrait toujours spécifier en ce cas que l'intervalle est redoublé, mais cette précaution est souvent négligée, ce qui donne lieu parfois à des ambiguïtés (un canon à la tierce, par exemple, peut, en réalité, être à la 10e). En outre, deux intervalles sont le renversement l'un de l'autre lorsqu'ils sont formés des mêmes noms de notes pris en sens inverse (par exemple, do-mi = tierce, mi-do = sixte).

intonation

1. Émission d'un son à une hauteur bien déterminée. Si le son émis est celui qui est souhaité, l'intonation est dite « juste » ; si, en revanche, il tombe en dessous ou se situe au-dessus de la hauteur voulue, elle est dite fausse. Le terme s'applique au chant grégorien, car l'intonation constitue la première partie de la psalmodie. Il s'agit d'une formule mélodique destinée à conduire la voix vers la corde récitante (teneur).

2. Dans l'ordinaire de la messe, l'intonation, chantée par le célébrant au début du Gloria et du Credo, est suivie de l'entrée du chœur sur Patrem omnipotentem et Et in terra pax respectivement.

3. Depuis le XVIe siècle, l'intonation peut être le titre d'un bref prélude, le plus souvent à l'orgue, qui introduit une pièce vocale à l'église.

intrada (ital. ; « entrée »)

Nom donné à certains morceaux introductifs, souvent de caractère grave et solennel, analogue à celui du premier mouvement des ouvertures fançaises, que ces morceaux en possèdent ou non le rythme.

introduction

Terme général employé en composition musicale sans signification très précise, le plus souvent pour désigner le début d'un morceau lorsque celui-ci ne commence pas directement par son élément principal (thème, tempo).

Dans la musique classique et la musique romantique, certains types de mouvements rapides (premiers mouvements de symphonies ou de sonates, ouvertures isolées) sont souvent précédés d'une introduction lente, mais non l'inverse. La dernière bagatelle op. 126 de Beethoven commence bien par quelques mesures rapides pour se poursuivre ensuite lentement, mais il est difficile de parler d'introduction ; il s'agit plutôt d'une interruption. Les deux termes ne sont pas synonymes et se distinguent l'un comme l'autre de la simple succession. Par définition, une introduction ne saurait durer qu'un temps limité, et sa fonction principale est de faire attendre (voire désirer) quelque chose d'autre : c'est beaucoup plus le cas des quelques mesures lentes, au geste théâtral, qui ouvrent la plupart des dernières symphonies de Haydn que des premières sections (lentes) des ouvertures à la française, par exemple.

introït (lat. introitum ; « entrée »)

Morceau initial du propre de la messe avant la réforme de Vatican II.

Jadis chant d'un psaume encadré de son antienne, parfois répétée après chaque verset de psaume, il accompagnait l'entrée des ministres, d'où son nom. Puis le psaume se réduisit à un verset ou deux, suivi du Gloria Patri, tandis que l'antienne prenait de plus grandes proportions et devenait l'essentiel du chant. Lu par le prêtre après les prières du bas de l'autel, mais chanté pendant celles-ci lors des messes solennelles, l'introït prend place immédiatement avant le Kyrie eleison, et « ouvre » donc la messe comme l'indique son nom. Si l'on en excepte la messe des défunts (requiem), l'introït a été rarement mis en musique en dehors du plain-chant, et c'est le plus souvent en plain-chant que, même dans les messes en musique, il reste chanté, lorsqu'il l'est encore.