Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Howells (Herbert)

Compositeur anglais (Lidney, Gloucestershire, 1892 – Oxford 1983).

Il reçut sa formation au Royal College of Music de Londres sous la direction de C. V. Stanford et de C. H. Parry. De 1912 à 1917, il fut organiste à l'église de Saint Mary in Lidney, puis à Saint John's College, à Cambridge, avant de devenir lui-même professeur de composition au Royal College of Music (1920). Directeur de la musique au Morley College, puis à Saint Paul's Girls' School (1936-1962), il enseigna à l'université de Londres de 1954 à 1964. Il a composé pour orchestre (King's Herald, pour le couronnement de 1937), des concertos (un pour cordes et deux pour piano), de la musique de chambre, dont deux quatuors à cordes, des mélodies et surtout de la musique religieuse (Missa Sabrinensis, 1954 ; Stabat Mater, 1963). Son langage, assez traditionnel, est teinté de chromatisme personnel.

Hristic (Stevan)

Compositeur yougoslave (Belgrade 1885 – id. 1958).

Il fit ses études musicales à Leipzig (avec Nikisch), à Rome, à Moscou et à Paris, et il fonda en 1923 la Philharmonie de Belgrade. Il dirigea également l'Opéra (1924-1935) et enseigna (1937) à l'Académie de musique de cette ville. Dans un style inspiré à la fois du folklore et de la musique française du début du XXe siècle, et évoquant parfois Falla, il a écrit notamment l'opéra Suton (« Crépuscule », 1925 ; rév. 1954) et le ballet la Légende d'Okhrid (1933 ; rév. 1958). On lui doit aussi l'oratorio la Résurrection (1912) et un Requiem orthodoxe (1918).

Hubay (Jenö)

Violoniste et compositeur hongrois (Budapest 1858 – id. 1937).

Élève de son père, puis, à Berlin, de Jozsef Joachim (1873-1876), il se rendit à Paris sur la recommandation de Liszt et y fit la connaissance de Vieuxtemps. Il fut ensuite professeur à Bruxelles (1882) avant de retourner définitivement en Hongrie, où il mena une brillante carrière de virtuose et d'enseignant, et où il fonda avec le violoncelliste David Popper un célèbre quatuor. Comme compositeur, on lui doit notamment huit opéras, dont le Luthier de Crémone (1894) et Anna Karenine (1915), quatre symphonies, les célèbres Scènes de Csárdás pour violon avec orchestre ou piano et des pièces diverses pour son instrument. Parmi les élèves de Hubay, citons Joseph Szigeti et Stefi Geyer.

Hubeau (Jean)

Pianiste, compositeur et pédagogue français (Paris 1917 – id. 1992).

Élève au Conservatoire de Jean et Noël Gallon, Lazare Lévy et Paul Dukas, il obtient cinq premiers prix, dont ceux de piano, d'harmonie et de composition, ainsi que le second grand prix de Rome en 1934. Il poursuit ses études à l'Académie de musique de Vienne, dont il sera lauréat en 1937, et travaille la direction d'orchestre avec Félix Weingartner. Sa carrière de soliste et de chef est jalonnée de très nombreux concerts et enregistrements, dont les intégrales de la musique de chambre de Schumann et de Gabriel Fauré. Son activité de compositeur, qu'il inaugure dès l'âge de seize ans par la publication de Variations pour piano, s'exerce dans le domaine de la musique instrumentale et symphonique, de la mélodie et du ballet. On lui doit notamment un concerto pour violon, un concerto pour violoncelle et un Concerto héroïque pour piano et orchestre. Par ailleurs, Jean Hubeau a formé un grand nombre d'élèves en tant que directeur du conservatoire de musique de Versailles de 1942 à 1957, puis comme titulaire d'une classe de musique de chambre au Conservatoire de Paris à partir de 1958.

Huber (Hans)

Compositeur suisse (Eppenberg 1852 – Locarno 1921).

Élève du conservatoire de Leipzig, il enseigna à Wesserling, à Thann (Alsace) et, à partir de 1877, à Bâle, ville dont il dirigea l'école de musique de 1896 à 1918. Comme pédagogue et comme compositeur, il joua dans la vie musicale de son pays un rôle de premier plan, édifiant dans l'esthétique de Brahms une œuvre importante et d'une solide facture, souvent à la recherche d'une expression nationale. On lui doit huit symphonies (1881-1920), dont certaines sur des arguments nationaux (no 1 Tell, no 2 Böcklin) ou idéologiques (no 3 Héroïque, no 4 Académique, no 7 Suisse), des opéras, dont Weltfrühling (1894), Kudrun (1896), Der Simplicius (1912) et Die schöne Bellinda (1916), des oratorios, de la musique de chambre et de piano, etc.

Huber (Klaus)

Compositeur suisse (Berne 1924).

Instituteur, il étudia avec Willy Burkhard (composition) et Stefi Geyer (violon) au conservatoire de Zurich (1947-1949), puis avec Boris Blacher à Berlin. Jusqu'en 1955, il prit des leçons privées avec Burkhard. Il enseigna le violon au conservatoire de Zurich (1950-1960), l'histoire de la musique à celui de Lucerne (1960-1963) et la théorie (1961), puis la composition et l'instrumentation (1964) à l'Académie de musique de Bâle. En 1973, il devint, grâce à une bourse du D. A. A. D., compositeur en résidence à Berlin et fut nommé professeur de composition à l'École supérieure de musique de Fribourg-en-Brisgau : il devait y avoir comme assistant son ancien élève Brian Ferneyhough. Ses premières œuvres datent de 1952 (Abendkantate pour voix de basse, 2 flûtes, alto, violoncelle et clavecin sur un texte d'Andreas Gryphius), mais Huber attira surtout l'attention avec Sechs kleine Vokalisen pour contralto, violon et violoncelle (1955), symphonie de chambre Oratio Mechtildis pour contralto et orchestre de chambre sur un texte de Mechtild von Magdeburg (1956-57) ou encore Auf die ruhige Nacht-Zeit pour soprano, flûte, alto et violoncelle (1958). Ses œuvres s'inscrivent sous le signe d'un sentiment global de la nature et de constantes préoccupations religieuses et spirituelles. Dans Tenebrae pour grand orchestre, célesta, orgue électrique, timbales et percussion (1966-67), œuvre qui lui valut en 1970 le prix Beethoven de la ville de Bonn, les forces menaçant ces valeurs sont symbolisées par le phénomène de l'éclipse solaire, elle-même associée à la Crucifixion. Dans … inwendig voller figur… pour chœur, haut-parleurs, bande magnétique et grand orchestre (1970-71), commande de la ville de Nuremberg pour le cinquième centenaire d'Albrecht Dürer, les textes sont tirés à la fois de Dürer et de l'Apocalypse, et on retrouve certaines proportions numériques des œuvres de Dürer. Citons encore Soliloquia, oratorio pour solos, 2 chœurs et grand orchestre sur un texte de saint Augustin (1959-1964), Alveare Vernat pour flûte et 12 cordes (1965), Tempora, concerto pour violon et orchestre (1969-70), Hiob 19 pour chœur et 9 instruments (1971), Jot, oder Wann kommt der Herr zurück, opéra dialectique sur un texte de Philip Oxmam (1972-73 ; création fragmentaire, Berlin, 1973), Im Paradies oder Der Alte vom Berge, opéra sur un texte d'Alfred Jarry (1973-1975, création, Bâle, 1975), Erinnere dich an G… pour contrebasse et 17 musiciens (1976-77), … ohne Grenze und Rand… pour alto et petit orchestre (1976-77) et Erniedrigt-Geknechtet-Verlassen-Verachtet… (« Humilié-Asservi-Abandonné-Méprisé… »), oratorio en sept parties sur un texte d'Ernesto Cardenal (1979-1981 ; création, festival de Hollande, 1981), un 2e quatuor à cordes (1983), Spes contra spem pour chanteurs, acteurs et orchestre (Bochum, 1989), Qui clamavi ad te : Miserere pour 6 voix a cappella (1993), Concerto pour piano et orchestre de chambre (1993-1994), Lamentationes de fine vicesimi saeculi pour grand orchestre (1995).