Leclair
Famille de musiciens et compositeurs français des XVIIe et XVIIIe siècles.
Antoine, passementier, violoncelliste et danseur (fin XVIIe – début XVIIIe s.). Sur ses huit enfants, six furent violonistes.
Jean-Marie, dit l'Aîné, compositeur et violoniste (Lyon 1697 – Paris 1764). Fils d'Antoine, c'est comme danseur et maître de ballet qu'il apparut tout d'abord, fidèle, en cela, à une tradition française qui alliait la pratique du violon et la danse : il fut alors à la cour de Turin (1722), où il travailla peut-être avec le célèbre violoniste J. B. Somis. Son 1er Livre de sonates fut publié à Paris (1723), mais Jean-Marie Leclair ne s'installa dans la capitale qu'en 1728, se taillant un succès triomphal au Concert spirituel. Il entra en 1733 à la musique du roi, en même temps que Guignon. Son caractère difficile et son insociabilité lui firent rapidement quitter l'orchestre royal : il voyagea à l'étranger, se fixa quelque temps à Amsterdam, où il travailla avec Locatelli. Après un séjour à la cour de l'infant d'Espagne à Chambéry, il se fixa définitivement à Paris (1743), où il fit exécuter son opéra Sylla et Glaucus (1746). Il y mena une vie assez solitaire, séparé de sa seconde femme, et mourut mystérieusement assassiné. Caractère difficile et ombrageux, d'humeur instable, insociable et misanthrope, il ne fut ni aimable ni, sans doute, heureux : mais son œuvre est de premier plan.
À l'exception de son opéra, dans lequel le chorégraphe laisse des pages remarquables et où le symphoniste fait preuve d'une très grande richesse d'écriture et d'orchestration, c'est la musique instrumentale qui constitue la totalité de son œuvre, considérable en nombre et en qualité.
Celle-ci consiste en une série de recueils de sonates, publiées de 1723 à 1753 : Sonates pour violon et basse continue (4 recueils, 1723, 1728, 1734, 1738, plus un recueil posthume publié en 1767) ; Sonates pour deux violons sans basse (1730 et 1747) ; Sonates en trio pour deux violons et basse continue (1730, 1737, 1753, et un recueil posthume en 1766) ; auxquelles s'ajoutent deux séries de 6 Concertos (1737, 1743 ou 1744), tous écrits pour violon avec accompagnement de cordes, à l'exception d'un seul, pour la flûte ou le hautbois.
Leclair était, en son temps, réputé pour la précision, la netteté, la justesse de son jeu, autant que pour sa virtuosité. Ses sonates manifestent à la fois la hardiesse et l'aisance technique de leur auteur. Mais, à la différence d'un Locatelli, Leclair ne tombe jamais dans l'excès de la virtuosité : la rigueur de la composition, la hauteur de la pensée, mais aussi le charme égalent l'éclat et le brillant de la technique. C'est cet équilibre qui le caractérise, et qui se retrouve dans l'alliance qu'il sait faire de l'écriture musicale et de la technique violonistique italiennes avec la tradition française : la stylisation des rythmes de danse caractéristique de la suite à la française s'insère dans le cadre de la sonate à l'italienne, avec un développement des idées musicales visiblement issu d'outre-mont.
Ses concertos ont adopté le plan vivaldien en trois mouvements (vif-lent-vif), alors que ses sonates conservent celui de la sonate da chiesa en quatre mouvements (grave, allegro, andante, vivace). Ce sont tous des concertos de soliste (pas de concerto grosso). Quatre tutti encadrent trois solos dans les mouvements vifs (trois et deux dans les mouvements lents). Les passages confiés au soliste sont variés : brillants et mélodiques, ou récitatifs tendres et frémissants ; tandis que le lyrisme et parfois la gravité se manifestent dans les mouvements lents. La richesse de l'invention mélodique et celle de l'écriture harmonique, autant que la sûreté de la technique font de Jean-Marie Leclair le plus éminent violoniste français de son temps, le premier à avoir su, sur leur propre terrain, égaler les grands Italiens.
Jeanne, fille d'Antoine, violoniste ? (1699 – ?).
Jean-Marie, dit le Cadet, fils d'Antoine (1703-1777). Il fut un excellent violoniste à Lyon, mais aussi chef d'orchestre à Besançon, auteur de 12 sonates à 1 et 2 violons sans basse, remarquables, et de quelques œuvres vocales.
François, fils d'Antoine, violoniste ? (1705 – ?).
Pierre, fils d'Antoine, violoniste (1709-1784). Il fut l'auteur de 2 recueils de sonates.
Jean-Benoît, fils d'Antoine, violoniste (1714 – ?). Il épousa une violoniste.
Lecocq (Charles)
Compositeur français (Paris 1832 – id. 1918).
Ses débuts furent d'autant plus difficiles que, souffrant de coxalgie congénitale, il ne pouvait marcher sans béquilles. Vainqueur, ex æquo avec Bizet, du concours institué par Offenbach en 1857 (il s'agissait de mettre en musique un livret d'opéra bouffe intitulé le Docteur Miracle), il n'en tira pas grand profit et continua de végéter jusqu'au succès de Fleur-de-Thé en 1868, qui le lança définitivement. Quantité d'opérettes et d'opéras-comiques allaient suivre, unissant la grâce à la gaieté. Giroflé-Girofla, les Cent Vierges, la Petite Mariée ou le Petit Duc sont assurément démodés, mais la Fille de Mme Angot (1872) peut suffire à la gloire de Charles Lecocq.
leçon (traduction abusive du mot latin lectio : « lecture »)
On appelle leçon, dans les heures canoniales, des lectures latines placées en des endroits définis de l'office, et qui peuvent porter sur des textes de toute nature, principalement scripturaires (Ancien Testament), patristiques ou hagiographiques, cela à l'exclusion des livres du Nouveau Testament, réservés à la messe. Dans l'office chanté, la leçon est psalmodiée sur un timbre propre de récitation, mais certaines leçons ont parfois été traitées en musique figurée pour des offices particulièrement solennels. C'est le cas des leçons de ténèbres, forme créée en France vers 1660 par Michel Lambert, puis illustrée notamment par M. A. Charpentier, F. Couperin et M. R. Delalande, et qui porte sur les leçons nocturnes de la semaine sainte. Cette forme comportait trois leçons pour chacun des trois jours saints, chantées chaque fois la veille (mercredi, jeudi, vendredi) dans une église où les lumières étaient progressivement éteintes.
Par analogie, on a aussi donné le nom de « leçons » à des textes non liturgiques psalmodiés à la manière des lectures de l'office ; cette dénomination s'est même appliquée à des poèmes chantés en langue vernaculaire, telle la Vie de sainte Foy d'Agen (XIe s.), qualifiée par l'auteur lui-même de « leçon lue sur le 1er ton » ; ce qui porte un témoignage particulièrement flagrant sur la dérivation liturgique des cantilènes romanes.