dièse (double)
Signe d'altération placé devant une note pour la hausser de deux demi-tons, ce qui équivaut matériellement à un ton entier, mais s'analyse comme l'addition de deux demi-tons successifs, le double dièse servant le plus souvent à hausser d'un nouveau demi-ton une note déjà diésée, et non pas à hausser d'un ton une note naturelle.
Le double dièse s'écrivait autrefois par deux dièses accolés l'un à l'autre. On y substitue aujourd'hui une simple croix oblique, signe ayant eu autrefois des significations différentes, sorties de l'usage (ornement ou dièse inférieur chromatique). On exigeait au XIXe siècle, pour annuler le double dièse, soit un double bécarre, soit un bécarre précédant la nouvelle altération, mais on a renoncé à cette inutile complication.
diésis
Dans la musique grecque antique, le plus petit intervalle de l'échelle envisagée.
Comme dans cet intervalle figurait obligatoirement au moins un degré mobile, variable selon le genre et les nuances, la mesure du diésis était elle aussi variable (Aristoxène en signale trois sortes au moins). En diatonique et en chromatique, le diésis correspondait au limma (approximativement demi-ton), en enharmonique à la moitié de ce limma (approximativement quart de ton). La mesure du diésis constituait du reste l'un des problèmes discutés entre écoles rivales, notamment entre pythagoriciens raisonnant sur les nombres et aristoxéniens se référant au jugement de l'oreille.
Le mot dièse de la théorie classique dérive du diésis antique (DIÈSE).
Dieter (Christian Ludwig)
Compositeur et violoniste allemand (Ludwigsburg, Wurtemberg, 1757 – Stuttgart, 1822).
Formé au prytanée militaire de Stuttgart, il fit de la prison pour désertion, puis fut nommé en 1781 premier violon de l'orchestre du grand-duc Karl Eugen, poste qu'il occupa jusqu'à sa retraite en 1817. Comme compositeur, il s'illustra surtout dans le genre du singspiel. Il en laissa une dizaine dont Der Irrwisch (1779), Des Teufels Lustschloss (1802), sur un texte de Kotzebue, mis aussi en musique par Schubert (1813-1814), et Belmonte und Konstanze (1784), sur un livret de Bretzner analogue à celui de l'Enlèvement au sérail de Mozart (1781-1782). Pour cette raison, Stuttgart n'entendit l'Enlèvement au sérail qu'en 1795, une dizaine d'années après la plupart des autres villes allemandes.
Dieupart (Charles)
Compositeur et claveciniste français ( ? v. 1670 – Londres v. 1740).
Il fit ses études musicales en France et participa aux activités de quelques chapelles et maîtrises. Puis il s'installa à Londres, y devint un professeur célèbre et se fit remarquer au théâtre du Drury Lane à partir de 1704. Il prit part à la composition de plusieurs ballets ou opéras dont les partitions ont été perdues. Virtuose du clavecin, il composa de nombreuses pièces pour cet instrument ainsi que des œuvres vocales. Mais nous ne connaissons aujourd'hui que ses Six Suittes de clavessin… publiées à Amsterdam (rééd. 1935), cinq airs à une voix et basse continue, quelques-uns pourvus d'un accompagnement de flûte, et trois airs à une voix et basse continue. Nombre de ses œuvres furent connues en Europe et intéressèrent même J.-S. Bach. Si, devant la maîtrise de l'écriture d'un Couperin, ses œuvres de clavecin pâlissent un peu, on y découvre néanmoins maintes pages de qualité.
diferencias (esp. ; « variations »)
Dans la musique espagnole du XVIe siècle, le terme diferencias s'applique à une série de variations fondée le plus souvent sur un thème de chant grégorien ou sur une mélodie d'origine populaire. Ces variations pouvaient être de caractère harmonique ou mélodique, et être composées pour le luth, la vihuela ou l'orgue. Le genre a été illustré par des maîtres tels que Cabezón, Mudarra, Narváez et Valderrabáno.
Dilesky (Nikolaï)
Compositeur et théoricien ukrainien (Kiev 1630 – Moscou v. 1680).
Il passa sa jeunesse en Pologne, où il reçut sa formation musicale. Arrivé à Moscou à la fin des années 1670, il se trouva à la tête d'une véritable école de compositeurs et de maîtres du chant choral. Il contribua au développement et à la popularisation en Russie du chant partesny (ou partessien), grands chœurs religieux écrits souvent à huit ou douze voix. On lui doit aussi le premier grand ouvrage de théorie musicale paru en Russie, la Grammaire musicale, qu'il écrivit d'abord en langue polonaise à Vilna en 1675, puis traduisit lui-même en russe à Moscou en 1679. Il y exposait les principes de la solmisation, de la construction des accords et de la conduite des voix, en indiquant la différence entre les harmonies majeures (« joyeuses ») et mineures (« plaintives »).
dilettante (ital. ; « délecter »)
Terme qualifiant un amateur qui se passionne pour un art, notamment pour la musique, et qui le pratique par plaisir et non pas par nécessité.
Parmi les nombreux dilettantes qui caractérisèrent la musique au XVIIIe siècle, on peut citer les noms de Tomaso Albinoni et, surtout, de Benedetto Marcello, qui se qualifiait lui-même de « nobile veneto dilettante di contrappunto. »
Dillon (James)
Compositeur écossais (Glasgow 1950).
Il commence son activité musicale en jouant dans des formations de musique traditionnelle écossaise et dans des groupes de rock, mais étudie en même temps la musique ancienne, l'acoustique ainsi que la linguistique à Londres. Compositeur autodidacte, Dillon est une nature indépendante qui ignore les filiations évidentes, même si son goût pour l'expression directe, pour l'impact purement sonore et un certain pragmatisme semblent le situer dans la descendance d'un Varèse. Il écrit une musique peu soucieuse des catégories esthétiques et des classifications traditionnelles. Fasciné par les trajectoires sonores complexes, par la notion de densité sonore, mais il gère d'une façon originale le rapport entre l'instrument individuel et la masse mouvante que constituent les autres protagonistes de jeu (Ignis noster pour grand orchestre, 1991-92). Son écriture orchestrale, telle qu'elle apparaît dans Helle Nacht (1986-87) par exemple, vise l'expression directe à travers la réunion d'images antagonistes, l'opposition permanente des registres, le traitement subjectif du temps musical : un temps autonome qui se construit par couches superposées se contestant mutuellement dans un processus de réinterprétation permanente (l'Évolution du vol pour soprano et petit ensemble, 1989-1993). La brillante pièce pour piano Spleen (1980), ainsi que la cantate Come live with me pour voix de femme et instruments (1981), qui utilise des extraits du Cantique des cantiques, ont été parmi les premières œuvres révélant le talent de James Dillon.
Dans son catalogue, bien fourni, on relève également A Roaring Flame pour voix de femme et contrebasse (1982), Überschreiten pour ensemble (1986), Vernal Showers pour violon et ensemble (1992), Blitzschlag pour flûte et orchestre (1990-1995), le cycle Nine Rivers pour voix, instruments et électronique (dont le dernier volet, Oceanos, est programmé en 1996, aux Promenades-Concerts).