Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
J

jota

Danse populaire espagnole, d'origine aragonaise, à 3/4.

Son nom a été longtemps attribué au poète Ben Jot, réfugié au XIIe siècle à Calatayud, mais elle ne remonterait pas au-delà du XVIIIe siècle et pourrait provenir de l'ancienne " canario ". D'un rythme sans ambiguïté, elle favorise des mélodies énergiques et joyeuses, parfois grotesques ou ironiques, sur lesquelles les couples dansent face à face et sur place, en changeant fréquemment de position. Son caractère varie suivant les régions (Valence, Murcie, Baléares, Canaries), mais elle est toujours un symbole de fermeté et de gloire. On la dansait naguère au moment des fêtes du Pilar et jusque dans les cérémonies funèbres (notamment pour les enfants qui vont con los ángeles). Presque tous les compositeurs espagnols (Granados, Albéniz, Falla et les zarzuelistes) ont écrit des jotas, ainsi que Glinka, Liszt, Chabrier et Laparra.

Journet (Marcel)

Basse française (Grasse 1867 – Vittel 1933).

Il chanta à la Monnaie à Bruxelles (1894-1900), au Metropolitan Opera de New York (1900-1908) et à l'Opéra de Paris (1908-1932). Sa voix puissante, enregistrée plusieurs fois dans de bonnes conditions, lui permit de chanter Scarpia dans la Tosca, Tonio dans Pagliacci, et divers rôles de Wagner, tels Hans Sachs, Wotan, Titurel et Gurnemanz.

Jouve (Pierre Jean)

Écrivain français (Arras 1887 – Paris 1976).

Influencé par les derniers symbolistes, rallié ensuite à l'unanimisme, il fit une place de plus en plus importante à l'inconscient dans son œuvre et renia son attitude spirituelle précédente. La poésie devint pour lui acte de connaissance, le moyen par excellence, tout comme la musique et l'art, d'accéder à l'expérience profonde ou à l'indicible. Fasciné par la musique, dont il dit qu'elle fut « la passion » de sa vie, mais surtout par Mozart et par l'opéra, Jouve fut un spectateur assidu du festival de Salzbourg, dès 1921, avant d'être l'un des créateurs du festival d'Aix-en-Provence et d'y participer à la première représentation du Don Juan de Mozart (1949). Tandis que son œuvre littéraire reflétait cette admiration, il se lança dans l'analyse musicale avec le Don Juan de Mozart (1942), puis, en collaboration avec Michel Fano, avec Wozzeck ou le Nouvel Opéra (1953). Dans ces deux ouvrages, la méthode d'interprétation fait intervenir à la fois l'analyse technique et des considérations sur la philosophie de l'œuvre, tandis que la poésie se voit confier la tâche d'éclairer différemment la critique musicale. L'œuvre de Pierre-Jean Jouve lui valut le grand prix national des lettres en 1962, puis, en 1966, le grand prix de poésie de l'Académie française.

Joy (Geneviève)

Pianiste française (Bernaville 1919).

Entrée en 1931 au Conservatoire de Paris, elle y fait des études très complètes et travaille le piano avec quatre professeurs, dont Yves Nat, son principal maître. En 1941, elle obtient son 1er Prix de piano et s'intéresse d'emblée à la musique de son temps (elle appartient dès l'âge de vingt-trois ans au comité de lecture de la Radiodiffusion). De 1944 à 1947, elle est chef de chant à l'Orchestre national. En 1945, elle commence à se produire en duo de piano avec J. Robin et épouse l'année suivante le compositeur Henri Dutilleux (dont elle crée peu après la Sonate pour piano). En 1952, elle fonde avec Jeanne Gautier et André Levy le Trio de France. Au long d'une carrière très active, elle consacre un part importante de son temps à l'enseignement, d'abord comme professeur de déchiffrage au Conservatoire de Paris (où elle est nommée en 1950) puis comme professeur de musique de chambre à l'École normale de musique de Paris (1962-1966) et au Conservatoire de Paris (1966-1986). Grande interprète du répertoire de piano du XXe siècle, elle a créé des œuvres de Ohana, Dutilleux, Milhaud, Jolivet, Auric, Rivier, Constant, etc.

Joyeuse (Jeande)

Facteur d'orgues français ( ? 1638 – ? 1698).

Il fut aussi organiste. Il travailla à Paris et dans la région parisienne, puis dans le sud-ouest de la France, où il implanta le style des maîtres classiques parisiens. Il est l'auteur de l'orgue de la cathédrale d'Auch (1688-1694), reconstruit depuis.

jubilus

Mot latin désignant les vocalises développées ornant la syllabe terminale du mot alleluia dans les pièces de même nom de la messe chantée.

Le nom de jubilus, qui en évoque le caractère « jubilatoire », a été commenté par saint Augustin dans un texte célèbre, Enarrationes super psalmos (NEUME et PNEUMA).

Judenkünig (Hans)

Luthiste allemand (Schwäbisch-Gmünd, v. 1445-1450 – Vienne 1526).

Installé à Vienne à partir de 1518 au moins, il est l'auteur de deux livres de luth (Utilis et compendiaria introductio… Vienne entre 1515 et 1519 ; Ain schone kunstliche Underweisung…, ibid. 1523). Ses transcriptions des Odes d'Horace mises en musique par P. Tritonius permettent de penser qu'il était en relation avec le milieu des humanistes. L'important traité qui accompagne le livre de 1523 évoque la technique de jeu et l'art de la mise en tablature des compositions vocales.

Juilliard School of Music

Établissement américain d'enseignement musical fondé à New York en 1905 par James Loeb et Frank Damrosch, sous le nom de Institute of Musical Art.

D'abord installé sur la 5e Avenue, il fut transféré Claremont Avenue pour aboutir en 1969 au Lincoln Center. L'année précédente, il avait été rebaptisé Juilliard School en hommage au mécène Augustus Juilliard, qui finançait l'entreprise dès 1920. La Juilliard School of Music comprend actuellement plus de 200 classes, où sont enseignées toutes les disciplines non seulement musicales, mais théâtrales et chorégraphiques. Les installations permanentes du Lincoln Center ont considérablement facilité, à partir de 1962, l'extension des activités de la Juilliard School vers l'expression scénique, avec la possibilité de monter trois opéras par an, d'ouvrir des classes d'art dramatique et de collaborer avec la School of American Ballet de George Balanchine. Enfin, cette école américaine est devenue véritablement internationale après la Seconde Guerre mondiale, avec un pourcentage croissant de professeurs et d'élèves étrangers. La qualité de son enseignement, dispensé par des artistes illustres, en fait une pépinière de jeunes talents.