Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

Eda-Pierre (Christiane)

Soprano française (Fort-de-France 1932).

Née dans une famille musicienne, elle a étudié avec Jean Planel, est entrée en 1954 au Conservatoire de Paris dans la classe de Charles Panzera, et a travaillé ensuite avec Jeanne Decrais. Elle a fait ses débuts en 1958 à l'Opéra de Nice dans le rôle de Leila des Pêcheurs de perles de Bizet, et, l'année suivante, a chanté Papagena à Aix-en-Provence. Elle est entrée à l'Opéra-Comique en 1960, a chanté ensuite à l'Opéra dans les Indes galantes de Rameau, et participé en 1968 à la reprise de Zoroastre de ce compositeur. D'abord soprano colorature lyrique, elle a abordé par la suite des rôles plus dramatiques, et, à cet égard, son interprétation d'Alcina de Haendel, à Aix-en-Provence en 1978, a marqué un tournant dans sa carrière. Elle a créé des œuvres contemporaines, parmi lesquelles D'un espace déployé de Gilbert Amy et Pour un monde noir et Erzsebet de Charles Chaynes, et réalisé plusieurs enregistrements, dont une intéressante sélection d'airs de Grétry et de Philidor.

Edelmann (Jean-Frédéric)

Pianiste et compositeur français (Strasbourg 1749 – Paris 1794).

Il arriva à Paris vers 1775. Jusqu'en 1786, il publia dans cette ville et ailleurs seize recueils de musique instrumentale pour clavecin accompagné ou non, mais plusieurs de ces ouvrages indiquent plutôt le pianoforte, instrument dont, comme pédagogue, il fut un des propagateurs dans la capitale française. Leur côté souvent théâtral témoigne de l'influence de Gluck. Edelmann écrivit également pour la scène et mourut guillotiné.

Édimbourg (festival d') .

Capitale de l'Écosse située près de l'estuaire du Forth.

Cette ville dont le nom est lié, depuis 1947, à celui du festival international a depuis longtemps été un important centre musical qui pouvait être comparé aux autres centres britanniques. C'est au début du XVIIIe siècle que la vie musicale y commença sa véritable activité. Vers 1705, Édimbourg comptait un certain nombre de concerts privés. Vers 1721, un « Music Club » existait, qui présentait des programmes de musiques italienne et écossaise. La première société musicale officielle fut fondée en 1728 : The Edinburgh Musical Society, qui dura jusqu'en 1798. À côté d'œuvres de Corelli, Haendel, Haydn et Mozart, on pouvait entendre celles de musiciens écossais tels que Erskine, Earl of Kellie, jouées par des Écossais. L'année 1815 vit s'ouvrir le festival d'Édimbourg sous la direction de sir Walter Scott et Henry Mackensie. Des festivals identiques eurent lieu en 1819, 1824 et 1843. Peu à peu, le théâtre royal s'éveilla. En 1858, un nombre plus important de concerts réguliers avaient eu lieu grâce à la création de l'Edinburgh Choral Union, société qui poursuit ses activités de nos jours. De 1914 à 1940 fut professeur à l'université de la ville une personnalité importante de la vie musicale en Grande-Bretagne, sir Donald Tovey. De nos jours, la saison d'hiver est très riche en manifestations musicales, avec la saison d'opéras, des concerts symphoniques, des récitals et les Lunch Hour Concerts donnés à la Scottish National Gallery. Mais l'événement musical le plus important de l'année est le festival international qui a lieu à la fin de l'été.

International Festival of Music and Drama

Durant trois semaines, ce festival offre un vaste choix de représentations d'opéras, de ballets, de théâtre, des concerts symphoniques et choraux, des récitals, des concerts de musique de chambre, des récitals de poésie, des expositions, des concerts de musique militaire. C'est en 1947 que débute cette manifestation, placée sous le patronage du roi George VI, dans ce pays encore très éprouvé par la guerre. Les fondateurs en sont la comtesse de Rosebery, Rudolf Bing, directeur général de l'Opéra de Glyndebourne, H. Harvey Wood, représentant de l'Écosse au British Council, lord Cameron et sir John Falconer. Édimbourg fut choisie en raison de son site et des possibilités matérielles qu'elle pouvait offrir : théâtres, salles de concert, hôtels, etc.

   R. Bing assure la direction du festival de 1947 à 1949. D'emblée, il montre la teneur artistique qu'il entend lui donner en invitant l'Orchestre philharmonique de Vienne, Bruno Walter, Elisabeth Schumann, Kathleen Ferrier, le quatuor Schnabel-Szigeti-Primrose-Fournier. Il monte Le Nozze di Figaro de Mozart et Macbeth de Verdi avec l'Opéra de Glyndebourne. Les représentations théâtrales sont assurées par l'Old Vic, qui joue deux pièces de Shakespeare (la Mégère apprivoisée et Richard II), ainsi que par la compagnie Louis-Jouvet du théâtre de l'Athénée, invitée pour donner l'École des femmes de Molière et Ondine de Giraudoux. Les ballets sont aussi bien représentés avec Margot Fonteyn, Beryl Grey et Frederick Ashton, ainsi qu'avec le Sadlers Wells Ballet, dansant la Belle au bois dormant de Tchaïkovski.

   En 1948, les représentations dramatiques sont plus nombreuses : la troupe de Jean-Louis Barrault donna Hamlet dans une traduction française d'A. Gide et les Fausses Confidences de Marivaux. En 1950, Ian Hunter succède à R. Bing. Cette année est marquée par l'exécution du Requiem de Verdi par l'orchestre et les chœurs de la Scala, dirigés par Victor de Sabata. Puis on note la présence, en 1951, du New York Philharmonic Orchestra, dirigé par Bruno Walter et D. Mitropoulos ; en 1952, de l'Opéra de Glyndebourne et de l'Opéra de Hambourg ; en 1954, de la Comédie-Française avec le Bourgeois gentilhomme de Molière.

   C'est l'assistant de I. Hunter, Robert Ponsonby, qui lui succède à la direction en 1956. En 1957, la troupe de la Scala donne La Sonnambula de Bellini avec Maria Callas. L'Opéra royal de Stockholm apporte, en 1959, le Wozzeck de Berg et Die Walküre de R. Wagner. En 1961, le nouveau directeur, lord Herewood, fait jouer les Gurrelieder de Schönberg et la 8e Symphonie de Mahler, et décide de consacrer le festival, chaque année, à un ou deux musiciens. L'année 1962 est consacrée à Chostakovitch et à l'école russe ; l'année 1963, à des musiciens de l'Inde. En 1966, sous la direction de Peter Diamand, une troupe de l'Opéra écossais présente The Rake's Progress et l'Histoire du soldat de Stravinski. En 1968, le War Requiem de Britten est donné par le New Philharmonic Orchestra et les chœurs du festival d'Édimbourg dirigés par l'auteur et C. M. Giulini. Le bicentenaire de Beethoven, en 1970, est célébré par la Missa solemnis sous la direction de C. M. Giulini. Le vingt-cinquième anniversaire du festival fut commémoré avec beaucoup d'éclat : La Cenerentola de Rossini par le Mai musical florentin, dirigé par Cl. Abbado avec T. Berganza, Die Walküre par la troupe de l'Opéra écossais, le Ballet royal danois. Des œuvres de Penderecki et de Lutoslawski sont jouées, et le Philharmonic de Berlin se produit sous la direction de son chef H. von Karajan, dans Das Lied von der Erde de G. Mahler. En 1973 a lieu la première production de l'Opéra du festival d'Édimbourg avec Don Giovanni de Mozart, dirigé par D. Barenboïm, suivi deux ans plus tard par Le Nozze di Figaro. En 1976, le festival invite le Théâtre national japonais de Bunraku. En 1979, P. Diamand est remplacé par John Drummond.

   Le succès et la qualité artistique du festival ont fait d'Édimbourg un des buts de vacances culturelles européens, à côté de Salzbourg, d'Aix-en-Provence et de Bayreuth.