Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

élévation

1. Mouvement de la voix du grave vers l'aigu.

2. Épisode de la messe au cours duquel le prêtre soulève successivement l'hostie et le calice aussitôt après les consécrations correspondantes. L'élévation ne comporte rituellement aucune musique, mais en allongeant la durée du sanctus qui la précède de peu, tandis que le prêtre continuait l'ordo à voix basse, la polyphonie amenait fréquemment le chant du sanctus à déborder sur l'élévation, ce que les liturgistes voulurent éviter. C'est dans cette intention que le chant du sanctus fut coupé en deux et celui du benedictus transporté après l'élévation bien que sa place liturgique demeurât avant. Mais les musiciens ne s'en tinrent pas pour satisfaits, et l'on prit l'habitude de meubler l'élévation soit par un motet, soit par un morceau d'orgue de mouvement modéré et de caractère recueilli (Frescobaldi, Toccate per l'Elevazione). À la fin du XIXe siècle, les liturgistes réagirent à leur tour et exigèrent pendant l'élévation un silence total, ce qu'à son tour vint abolir la nouvelle messe dite « de Paul VI » en faisant parler ou chanter le célébrant pendant tout le canon, consécration incluse, enlevant ainsi radicalement aux musiciens toute possibilité d'intervention d'ordre artistique.

Elgar (sir Edward)

Compositeur anglais (Broadheath 1857 – Worcester 1934).

Né d'un père marchand de musique et organiste à l'église catholique de Worcester, il se forma en autodidacte, et, dès l'âge de quinze ans, préféra travailler comme assistant dans la boutique de son père plutôt que dans une étude d'avoué. Il donna en 1890 l'ouverture Froissart op. 19, acheva en 1892 la Sérénade pour cordes op. 20, fit entendre en 1896 et en 1898 respectivement les cantates King Olaf op. 30 et Caractacus op. 35, mais ne s'imposa vraiment (d'ailleurs du jour au lendemain) qu'à plus de quarante ans, avec les Variations sur un thème original (ou Enigma Variations) pour orchestre op. 36 : de cette œuvre, créée par Hans Richter en 1899, le thème-énigme est suivi de quatorze variations dédiées chacune à une personne de l'entourage du compositeur, « énigmatiquement » désignée par ses initiales.

   En 1900 fut exécuté au festival de Birmingham, et les deux années suivantes en Allemagne, l'oratorio The Dream of Gerontius (« le Rêve de Gerontius ») op. 38, également un de ses ouvrages les plus célèbres, sur un poème du cardinal Newman traitant du drame du chrétien face à la mort. Ainsi se trouvaient définies les deux directions principales dans lesquelles il devait s'engager.

   Suivirent en effet, pour orchestre, les ouvertures Cockaigne op. 40 (1900-1901) et In the South op. 50 (1904), la Symphonie no 1 en la bémol op. 55, créée par Hans Richter en 1908, la Symphonie no 2 en mi bémol op. 63 (1911), et l'étude symphonique Falstaff op. 68 (1913), sans doute sa partition la plus ambitieuse ; et, parmi les œuvres avec voix, les oratorios The Apostles (« les Apôtres ») op. 49 (1902-1903) et The Kingdom (« le Royaume ») op. 51 (1901-1906), qui fait usage du leitmotiv wagnérien, ainsi que les cantates profanes The Music Makers (« les Faiseurs de musique ») op. 69 (1912) et The Spirit of England (« l'Esprit de l'Angleterre ») op. 80 (1917). Ce à quoi il convient d'ajouter des pièces d'occasion comme les cinq fameuses marches op. 39 intitulées Pump and Circumstance (1901-1930), la grande réussite qu'est l'Introduction et Allegro pour cordes op. 47 (1904-1905), le cycle de mélodies Sea Pictures (« Tableaux marins ») op. 37 (1897-1899), le Concerto pour violon op. 61 (1909-10) et le Concerto pour violoncelle op. 85 (1919), sa dernière grande partition achevée, et, en musique de chambre, les trois ouvrages tardifs que sont la Sonate pour piano et violon op. 82 (1918), le Quatuor à cordes op. 83 (1918) et le Quintette pour piano et cordes op. 84 (1918-19). Fait en 1924 maître de la Musique du roi, seule fonction officielle qu'il ait acceptée à l'exception de la chaire de musique à l'université de Birmingham de 1905 à 1908, il passa ses quinze dernières années dans un silence à peu près total, ayant été très affecté par la mort de sa femme en avril 1920. Il faut dire aussi que l'Angleterre d'après la Première Guerre mondiale n'était plus celle qu'il avait connue et aimée. Considéré dans son pays comme un compositeur de premier plan, trop souvent ignoré ailleurs, il mérite davantage cet « excès d'honneur » que cette « indignité ». Ce fut un grand maître de l'orchestre, et on trouve indéniablement chez lui des pages hautement inspirées. La musique de Purcell et des compositeurs anglais des XVIe et XVIIe siècles ne signifia à peu près rien pour lui, ce qui ne devait pas être le cas de ses cadets immédiats comme Vaughan Williams, mais il contribua grandement à redonner à l'Angleterre une place de choix (et par là même confiance en soi) en matière de création musicale.

   L'indication nobilmente, qu'on retrouve souvent dans ses partitions, le résume en quelque sorte : par-delà le pessimisme de ses dernières œuvres, écrites sous le coup de la guerre, il personnifia typiquement la Grande-Bretagne du roi Édouard VII, à la mémoire duquel il dédia d'ailleurs sa 2e Symphonie. À sa mort, il laissa inachevés une 3e Symphonie et l'opéra The Spanish Lady, d'après The devil is an ass de Ben Jonson.

Elman (Mischa)

Violoniste américain d'origine russe (Talnoi, district de Kiev, 1891 – New York 1967).

Il étudia le violon à l'Académie impériale de musique d'Odessa, puis avec Leopold Auer au conservatoire de Saint-Pétersbourg, où César Cui lui enseigna d'autre part la composition. Il fit de brillants débuts à Berlin dès 1904, puis se produisit dans diverses villes d'Allemagne, à Londres, puis en Amérique (1908). Il fut dès lors considéré comme l'un des plus grands violonistes de son époque. Sa sonorité était très particulière, fascinante, et sa musicalité, très grande. Il a écrit pour son instrument quelques pièces et des arrangements.

Elmendorff (Karl)

Chef d'orchestre allemand (Düsseldorf 1891 – Hofheim am Taunus 1962).

Issu du conservatoire de Cologne, il s'est surtout distingué dans Wagner, ce dont témoigne sa présence au pupitre du Festspielhaus de Bayreuth de 1927 à 1942.