Haym (Nicolo Francesco)
Compositeur et écrivain italien (Rome 1678 – Londres 1729).
On ignore le nom de ses maîtres. Les premières œuvres connues de lui, la cantate Il Reciproco Amore di Tirsi e Clori ainsi que l'oratorio David sponsae restitutus, sont datées de 1699, à Rome. Peu après (1701), il se rendit en Angleterre, où il entra au service du deuxième duc de Bedford ; il y resta jusqu'à la mort du duc en 1711. Haym joua un rôle important pour l'introduction de l'opéra italien en Angleterre et écrivit souvent des livrets. Il devint le collaborateur de Haendel et lui fournit jusqu'en 1728 les livrets de plusieurs opéras (Teseo, 1713 ; Giulio Cesare 1724). Pour G. B. Bononcini, il écrivit, avec Salvi, le livret de Astianatte (1727). On lui doit une édition du Tasse et de Maffei, ainsi que les seuls portraits connus de Tallis et de Byrd. Il a laissé des sonates pour flûte (ou hautbois), des Sonate a tre (Amsterdam, 1703, 1704) et un Dixit Dominus.
Hayne Van Ghizeghem
Compositeur franco-flamand (seconde moitié du XVe s.).
Il fut à la cour de Bourgogne élève du chanteur Constans d'Utrecht (1457), puis chanteur et valet de chambre (au plus tard en 1467), et participa au siège de Beauvais dans la suite de Charles le Téméraire (1472). Ensuite on perd sa trace. On possède de lui vingt chansons manuscrites (Alez regretz, De tous bien playne), dont certaines publiées plus tard par Petrucci.
Heartz (Daniel)
Musicologue américain (Exeter, New Hampshire, 1928).
Il a étudié à l'Université du New Hampshire à Durham ainsi qu'à Harvard, où il a présenté sa thèse Sources and Forms of the French Instrumental Dance in the Sixteenth Century (1957). Il s'est ensuite largement consacré à la musique de la Renaissance, publiant notamment la monographie Pierre Attaignant, A Royal Printer of Music : A Historical Study and Bibliographical Catalogue (1969), avant de se tourner pour l'essentiel vers le XVIIIe siècle (en particulier dans le domaine de l'opéra), publiant sur ce sujet de très nombreux articles ainsi que les ouvrages Mozart's Operas (1990) et Haydn, Mozart and the Viennese School 1740-1780 (1995).
Hebenstreit (Pantaleon)
Inventeur, violoniste, pédagogue et compositeur allemand (Eisleben 1667 – Dresde 1750).
Voulant perfectionner le tympanon sur lequel il accompagnait des danses de village, il développa un instrument couvrant cinq octaves avec lequel il partit en tournée à Berlin, Dresde, Leipzig et Weissenfels (où en 1698 il fut nommé maître de danse du duc Johann Georg). Lorsqu'en 1705 il se produisit à la cour de France, Louis XIV donna à cet instrument sans nom celui de son inventeur : Pantaléon. De cet ancêtre du pianoforte, la popularité déclina fortement lors de l'essor de ce dernier à la fin des années 1720, d'autant que Hebenstreit s'était jalousement assuré l'exclusivité de son invention. De 1714 à sa mort, il occupa divers postes à la cour de Dresde, dont ceux de pantaléoniste et (à partir de 1734) de directeur de la musique de cour protestante.
hébraïque (musique)
C'est par les écrits bibliques et leurs nombreuses références musicales que nous pouvons nous faire une idée sur la musique des anciens Hébreux. Néanmoins, si de nombreux passages citent des instruments de musique ou l'organisation musicale à l'intérieur du Temple, le fait d'avoir une idée précise quant au contenu même de cet art paraît impossible, car il ne reste aucun document écrit concernant la théorie ou l'éventuelle notation de cette musique. Par ailleurs, il faut souligner deux réalités vivantes : la transmission de la musique hébraïque, qui s'est faite essentiellement par voie orale à travers les siècles, et l'importance qu'occupe la musique religieuse au point que toutes les manifestations musicales juives jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ont un caractère religieux.
Les instruments de musique
La première mention d'instruments de musique apparaît dans la Genèse (IV, 21) et prouve que déjà deux catégories d'instruments à cordes (représentés par le kinnor) et à vent (représentés par l'ougab) étaient bien implantées dans la vie des Hébreux. Par ailleurs, la musique jouait un grand rôle à l'intérieur du Temple et, bien que le fait d'avoir admis des instruments dans le culte du premier Temple (détruit en 587 av. J.-C.) soit problématique, nous avons des témoignages sur l'orchestre cultuel institué par David, à savoir : parmi les lévites, trois cymbaliers (mesiltayim), huit joueurs de nebel (famille des harpes-psaltérions) et six joueurs de kinnor (famille des lyres) ; parmi les prêtres, sept trompettistes (Chroniques XV, 16-24). Une classification des instruments de la Bible nous donne les résultats suivants : 1)parmi les idiophones : les cymbales, le sistre, le triangle et
les castagnettes ; 2)parmi les membranophones : le tambourin (tôf) ; 3)parmi les aérophones : l'ougab ou halil (représentant les types de flûte et d'instruments à anche simple ou double), la trompette (haçocera) et la corne (shofar) remplissant une fonction cultuelle pour l'annonce du nouvel an, des fêtes, etc. (le shofar est encore utilisé pendant les offices nationaux du jour de l'an et à l'issue du Grand Pardon) ; 4) parmi les cordophones : le kinnor et le nebel déjà cités ainsi que tous les autres instruments de la famille des harpes-psaltérions ou ceux de la famille des luths. Tous ces instruments cesseront d'être utilisés à partir du moment où le culte sacrificiel cède la place à la prière. Désormais (après la destruction du second Temple en 70 apr. J.-C.), seul le chant sera l'expression de la musique religieuse et liturgique.
La musique religieuse de la diaspora
La synagogue remplace le Temple et dans cet édifice, précisément, il y a obligation de faire la lecture publique de la Bible en chantant. Dès l'époque talmudique (qui s'achève à la fin du Ve s. apr. J.-C.), le hazzan est employé comme chantre professionnel de la synagogue et la psalmodie ainsi que la cantilation biblique sur des formules mélodiques modales sont une réalité. Après l'époque talmudique, ce sont les massorètes, docteurs juifs, qui ont élaboré les systèmes de notation des te 'amîm (« accents bibliques »), achevés vers le Xe siècle. Tout comme la vocalisation du texte de la Bible, ces accents fixent la cantilation biblique, qui est jusqu'alors une tradition orale. Cependant, les te 'amîm ne sont encore que des formules mnémotechniques sur des modes traditionnels (à l'instar des premiers signes ekphonétiques de la musique byzantine). Il faudra attendre le XIIe siècle pour découvrir le manuscrit de la plus ancienne véritable notation musicale juive. C'est l'œuvre d'Abdias, un prosélyte normand qui a noté la musique de cinq versets bibliques (Jérémie XVII, 7 ; Prov. III, 5 ; III, 6 ; III, 13 ; Job V, 17), un piyyût (poésie religieuse), qui est un Éloge de Moïse, et un fragment final d'un autre piyyût non identifié et qui montre la vogue de ces poésies religieuses à l'époque ainsi que le rôle grandissant du hazzan comme chantre professionnel de la synagogue. Le second document de musique notée remonte au XVe siècle (v. 1430) et contient un fragment du Cantique de Salomon.
À partir du XVIe siècle, on introduit la musique savante dans la synagogue et on instaure le chant choral à plusieurs voix. En 1622-23 apparaît à Mantoue un important recueil de psaumes, prières et cantiques religieux pour trois, quatre, cinq, six, sept et huit voix, composés par Salomon Rossi (v. 1570-1628). En même temps, le mouvement cabalistique de Safed (dont nous parlons plus loin dans le cadre de la musique populaire) donne un nouvel essor à la musique religieuse hébraïque, tout comme le chant ashkenaze, influencé par des éléments du chant slave ou oriental. À partir du XVIIIe siècle, l'influence de la musique savante pèse sur l'expression musicale des hazzanîm. Dès 1822 à Paris et 1826 à Vienne est instauré l'usage des chœurs à quatre voix dans la synagogue ; l'orgue y est introduit également. De nombreux compositeurs juifs écrivent de la musique synagogale. Néanmoins, certains d'entre eux, comme Salomon Sulzer (1804-1890), Samuel Naumbourg (1817-1880) et, à un moindre degré, Louis Lewandowski (1823-1894) s'efforcent de conserver le chant traditionnel ou de l'amalgamer au style de la musique de l'époque. Plus près de notre époque, Ernest Bloch (1880-1959) compose un Service sacré, oratorio pour solo, chœur et orchestre, créé à Paris en la Synagogue, rue de la Victoire, sous la direction de l'auteur. Enfin, Darius Milhaud (1892-1974) compose aussi un Service sacré en 1947 pour baryton, récitant, chœurs et orchestre ou orgue, créé à San Francisco en 1949, au temple Emanu-El. L'œuvre est librement inspirée du chant traditionnel juif et adopte le texte hébreu des livres de prières. En même temps, des ethnomusicologues commencent, à partir du début du XXe siècle, à recueillir des mélodies traditionnelles sur des bases scientifiques et aident ainsi la recréation d'un style authentique du chant synagogal. De nos jours, des efforts dans ce sens sont poursuivis en Israël et aux États-Unis.