Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Henze (Hans Werner)

Compositeur allemand (Gütersloh 1926).

Il s'intéressa jeune à la musique et reprit en 1946 à Heidelberg, avec Wolfgang Fortner, ses études interrompues par la guerre, ce qui se traduisit notamment par le Concerto de chambre pour piano, flûte et cordes (1946). Il travailla aussi avec René Leibowitz (1948), tandis que d'un séjour à Darmstadt témoignaient les Variations pour piano (1949). Suivirent notamment le drame lyrique Boulevard Solitude (1951), d'après l'histoire de Manon Lescaut, et l'opéra radiophonique Ein Landarzt, d'après Kafka (1951), qui lui valut en 1953 le prix Italia. En 1953, Henze quitta l'Allemagne pour l'Italie, s'installant tout d'abord à Forio d'Ischia, dans la baie de Naples, puis à Naples et enfin dans les environs de Rome. Après avoir été considéré, à cause de son usage des techniques sérielles, comme faisant partie de l'avant-garde internationale, il fut alors un des premiers à abandonner ces techniques pour un style de composition plus libre. Sa célébrité, déjà grande, s'accrut encore grâce en particulier à une succession d'opéras au style dramatique efficace : König Hirsch (1952-1955, rév. 1962 Il Re cervo) ; Der Prinz von Homburg, sur un livret d'Ingeborg Bachmann d'après Kleist (1958) ; Elegy for Young Lovers, livret d'Auden et Kallman (1959-1961) ; Der junge Lord, livret d'Ingeborg Bachmann d'après Wilhelm Hauff (1964) ; Die Bassariden, d'après Euripide (1965). Parallèlement étaient nés ses cinq premières symphonies (1947 [rév. 1963], 1949, 1949-50, 1955 et 1962), son premier concerto pour piano (1950), des ballets comme Ondine (1956-57), les Fünf neapolitanische Lieder (1956), les Drei Fragmente nach Hölderlin (1958), l'oratorio sur Giordano Bruno Novae de infinito laudes (1962) et la cantate Being Beauteous, d'après Rimbaud (1963). À partir de 1967 environ, année de son second concerto pour piano, ses œuvres devinrent le net reflet de son engagement en faveur du mouvement étudiant ou de régimes comme celui de Cuba. En novembre 1969, Henze dirigea à La Havane la création de sa 6e symphonie, qui fait usage d'un chant de libération du Viêt-nam et d'un autre de Theodorakis. L'année précédente, son « oratorio volgare e militare » Das Floss der Medusa, « le Radeau de la Méduse », conçu comme un requiem à Che Guevara, avait créé le scandale à Hambourg. Cet incident fut à l'origine de Versuch über Schweine, « Essai sur les cochons », pour baryton et orchestre, créé à Londres en février 1969. Dans cette lignée d'œuvres engagées s'inscrivent encore El Cimarrón (1969-70), d'après un ouvrage relatant la transformation en chef révolutionnaire d'un esclave cubain fuyant les Espagnols, ou le « show » Der langwierige Weg in die Wohnung der Natascha Ungeheuer (1971), où sont analysés les dilemmes d'une jeune extrémiste de gauche. Henze a écrit depuis, entre autres, Voices (22 chants pour diverses formations, 1973), We come to the River, actions en musique (1974-1976 ; création à Covent Garden en 1976), Orpheus, histoire en six scènes (création à Stuttgart en 1979), El Rey de Harlem (création à Witten en 1980), l'opéra pour enfants Pollicino (création à Montepulciano en 1980), Symphonie no 7 (1984), Symphonie no 8 (1993), Requiem (Vienne, 1993). On lui doit également la musique des films Muriel (1964) d'Alain Resnais, Der junge Törless (1966) et Katharina Blum (1975) de Volker Schlöndorff. En 1990 a été créé à Berlin l'opéra la Mer trahie.

heptatonique (grec ; « 7 tons », le mot « ton » étant pris au sens de « son »)

Terme désignant, en principe, toute gamme comportant sept sons.

Dans la musique grecque antique, il se référait à l'heptacorde, groupement primitif de deux tétracordes conjoints n'atteignant pas l'octave (mi-fa-sol-la/la-si-do-ré), par opposition à l'octocorde disjoint, comprenant l'octave (mi-fa-sol-la/si-do-ré-mi). On l'emploie surtout aujourd'hui pour désigner la gamme diatonique complète, avec ses sept noms de notes (do-ré-mi-fa-sol-la-si). Dans le cycle des quintes, qui produit successivement, en juxtaposant quintes ascendantes et quartes descendantes, la série di-, tri-, tétra-, penta-, hexa– et heptatonique, l'heptatonique représente la dernière phrase du cycle diatonique et aussi le point d'aboutissement ultime du phénomène de formation de l'échelle par le cycle des quintes ; l'ethnomusicologie, qui atteste la présence de tous ces stades dans la formation réelle des langages musicaux, n'offre aucun témoin d'octotonique ni de ses hypothétiques successeurs, échelle à douze sons incluse ; la continuation du cycle par les dièses et bémols, abordant successivement le chromatique, puis l'enharmonique, est toujours restée une spéculation théorique, et le véritable chromatisme s'est introduit dans la musique par des voies très différentes (le plus souvent par déplacement attractif et non addition de degrés supplémentaires).

Herbain (chevalierd')

Violoniste et compositeur français (Paris 1734 – id. 1769).

Musicien autodidacte, il s'engage dans l'armée en 1749, mais abandonne son poste de capitaine deux ans plus tard pour aller se perfectionner dans la composition en Italie. Ce séjour de cinq ans va influencer le style de ses œuvres et développer son sens dramatique et sa prédilection pour l'opéra. Herbain fait représenter un certain nombre d'œuvres avec succès, d'abord en Italie (Il Geloso et Il Trionfo del Giglio, 1751 ; La Lavinia, 1751), puis à Paris, qu'il regagne en 1756 et où son opéra-ballet Iphis et Célime est donné la même année à l'Académie royale de musique. Musicien très en vogue à la cour, il obtient en 1760 l'autorisation royale de faire publier ses œuvres. Il est, par ailleurs, l'auteur de Sonates en trio (1755) et de sonates pour clavecin ainsi que de pittoresques cantatilles, dans lesquelles on constate l'influence de Rameau, qu'il admirait.

Herbeck (Johann)

Chef d'orchestre et compositeur autrichien (Vienne 1831 – id. 1877).

Il dirigea les concerts de la Société des amis de la musique de Vienne de 1859 à 1870 et (comme successeur de Brahms) de 1875 à 1877, ainsi que l'Opéra de 1870 à 1875. C'est lui qui, en 1868, fit nommer Bruckner professeur de contrepoint au conservatoire de cette même ville. C'est aussi lui qui, en 1865, dirigea la première audition de la Symphonie inachevée de Franz Schubert.