Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Hotter (Hans)

Basse-baryton allemand (Offenbach-sur-le-Main 1909 – ? 2003).

Il a fait ses études à Munich et, à partir de 1937, a mené l'essentiel de sa carrière dans cette ville et à Vienne, participant notamment à Munich aux créations de Jour de paix (1938, rôle du Commandant) et de Capriccio (1942, rôle d'Olivier) de Richard Strauss. Il s'imposa surtout comme un des plus grands chanteurs wagnériens de l'histoire, en particulier dans les rôles de Wotan (qu'il chanta à Bayreuth à partir de 1951), du Hollandais et de Gurnemanz. Sa voix, immense, aux couleurs sombres, pouvait aussi s'adapter au climat intimiste du lied, et le Voyage d'hiver de Schubert n'a sans doute jamais été restitué avec autant d'intensité que par lui.

Hotteterre

Famille de musiciens et de facteurs d'instruments français.

Originaire de La Couture-Boussey, près d'Évreux, elle descend de Loys Hotteterre (mort vers 1620), tourneur de bois à La Couture.

 
Jean, joueur de hautbois et de musette, fils de Loys ( ? v. 1605 – ? v. 1691). Également facteur d'instruments, il entra vers 1650 dans la musique de la Chambre du roi.

 
Jean, neveu du précédent ( ? v. 1648 – Paris 1732). Il fut un des plus grands facteurs d'instruments (à vent) de la famille.

 
Martin, fils de Jean (1) et cousin de Jean (2) [ ? v. 1640 – ? 1712]. Il se distingua dans la facture de la musette du Poitou.

 
Nicolas, cousin des deux précédents ( ? v. 1637 – Versailles 1694). Il joua du basson à la chapelle royale et, comme Martin, fut membre du Grand Hautbois.

 
Louis, frère du précédent ( ? v. 1645-1650 – Ivry 1716). Flûtiste du roi, il contribua beaucoup à la diffusion en France de la flûte traversière.

 
Nicolas, frère des deux précédents (La Couture-Boussey 1653 – Paris 1727). Il entra dans le Grand Hautbois en 1667.

 
Jacques, dit Hotteterre-le-Romain, fils de Martin et arrière-petit-fils de Loys (Paris 1674 – id. 1763). Il voyagea en Italie et fut le plus célèbre membre de la famille. Il revint à Paris en 1705 et entra comme flûtiste à la Chambre du roi ainsi que comme basson (et viole de gambe) dans la musique de la Grande Écurie. Ce fut un virtuose distingué, qui a beaucoup contribué au progrès de son instrument principal. Ses œuvres sont en majorité pour flûte traversière, à laquelle il a consacré aussi des ouvrages théoriques et des méthodes (Principes de la flûte traversière, ou flûte d'Allemagne. De la flûte à bec, ou flûte douce, et du haut-bois, diviséz par traitéz, Paris, 1707 ; l'Art de préluder sur la flûte traversière…, Paris, 1719 ; Méthode pour la musette…, Paris, 1737 ; rééd., 1977).

 
Jean, frère du précédent (mort en 1720). Il entra au Grand Hautbois en 1710 et a laissé une suite pour musette, publiée par son frère en 1722.

Houdar de La Motte (Antoine) , dit aussi La Motte-Houdar

Librettiste français (Paris 1672 – id. 1731).

Il étudia le droit, traversa une crise religieuse avant de trouver finalement sa vocation dans la littérature. Ami de Fontenelle et de Voltaire, il prit parti, dans la querelle des Anciens et des Modernes, pour ces derniers. Dans ses Discours sur la tragédie (publiés avec ses Œuvres de théâtre, Paris, 1730), il critiqua les règles de la tragédie au nom de la vraisemblance et conseilla notamment de substituer l'« unité d'intérêt » à l'« unité d'action ». Auteur de plusieurs pièces de théâtre, il fournit également de nombreux livrets à la plupart des compositeurs français de son époque : Campra, Colasse, Dauvergne, Destouches, La Barre, La Borde, Marais, Mondonville, Mouret. C'est celui de l'Europe galante, mis en musique par Campra et représenté le 24 octobre 1697, qui le rendit célèbre et le fit reconnaître comme le créateur d'un genre neuf : l'opéra-ballet. Spectacle somptueux qui illustrait des sujets appartenant à la vie moderne, cette forme dramatique purement française connut un succès croissant pendant tout le XVIIIe siècle, et, jusque vers 1750, ce fut l'Europe galante qui servit de référence.

Hovhaness (Alan)

Compositeur américain d'origine écossaise et arménienne (Somerville, Massachusetts, 1911 – Seattle 2000).

Sa fascination pour l'lnde et les musiques orientales, et plus particulièrement pour la musique arménienne, lui fait traverser une période d'exotisme impressionniste plus ou moins influencé par Sibelius, à laquelle il met fin en 1940 en détruisant la quasi-totalité de sa production (un millier d'œuvres). Docteur de l'université de Rochester, professeur à Boston et organiste de la cathédrale arménienne, Hovhaness entre alors dans sa « période arménienne », qui culmine avec la Saint Vartan Symphony, et se fixe enfin à New York en 1951. Compositeur prolifique (il a écrit 24 symphonies, de nombreux concertos, des opéras, de la musique de chambre), il reste réfractaire aux courants contemporains et est influencé par les systèmes musicaux orientaux, qu'il a assimilés au cours de divers voyages en Inde et au Japon.

Hovland (Egil)

Compositeur et organiste norvégien (Mysen 1924).

Il a été élève de B. Brustad à Oslo et de V. Holmboe à Copenhague, puis de A. Copland et de L. Dallapiccola ; avouant une grande admiration pour le style de ce dernier et une admiration égale pour l'esthétique de C. Nielsen et de B. Bartók, il a su développer un art qui, à défaut d'une grande originalité, s'établit sur la virtuosité de l'écriture. Parti du néoclassicisme (Concertino pour 3 trompettes et cordes, 1954-55 ; Symphonies 1 et 2, 1952-53 et 1954-55 ; Musique pour 10 instruments, 1957), il se tourne tout d'abord vers un néosérialisme dodécaphonique qui utilise parfois même des procédés aléatoires. En 1962, son style s'élargit avec The Song of the Songs pour soprano et instruments ; plus riche, plus dramatique et plus coloré est le langage musical de Lamenti pour orchestre (1963). L'œuvre religieuse et les pièces d'orgue sont également importantes, et, dans Missa vigilate pour chœur, solistes, danseurs, orgue et bande magnétique (1967) ou Rorate pour orgue, orchestre, 5 sopranos et bande magnétique, Hovland place côte à côte le chant grégorien, la tonalité, le sérialisme dodécaphonique et les procédés électroniques. Sans être un avant-gardiste, il représente parfaitement une tendance nordique qui trouve des correspondances d'attitude en Finlande avec E. Bergman et en Suède avec I. Lidholm.