Davis (sir Colin)
Chef d'orchestre anglais (Weybridge, Surrey, 1927).
Élève du Royal College of Music, il en sort clarinettiste virtuose et ne se spécialise qu'ensuite dans la direction d'orchestre. Il débute en Suède, à la tête d'un orchestre de chambre. Appelé en 1952 à conduire les ballets au Royal Festival Hall, il passe cinq ans plus tard à l'orchestre de la BBC écossaise, puis au Sadler's Wells Opera qu'il dirige jusqu'en 1964. Premier chef d'orchestre et conseiller artistique (1967), puis directeur artistique (1971-1986) de l'opéra royal de Covent Garden, il est le chef anglais le plus célèbre de sa génération. Son nom doit être associé à celui de Berlioz : fervent admirateur du compositeur français, il a poursuivi des recherches sur ce dernier, en association avec le musicologue David Cairns, et a enregistré toutes ses œuvres principales. Aussi remarquable chef symphonique que chef d'oratorio, d'opéra et de ballet, Colin Davis brille dans un vaste répertoire qui va de Mozart et Haydn à Britten et Tippett, en passant par les grands compositeurs romantiques. Il a été principal chef invité de l'Orchestre symphonique de Boston et directeur musical de l'Orchestre de la radio de Munich (1983-1992). Il a pris en 1995 la direction musicale de l'Orchestre symphonique de Londres.
Davy (Richard)
Compositeur anglais ( ? v. 1467 – ? v. 1516).
Organiste et maître de chapelle au Magdalene College, à Oxford (1490-1492), il fut ordonné prêtre en 1497. En 1501, il fut nommé chapelain du grand-père d'Anne Boleyn, sir William Boleyn, puis de son fils (1506-1515). Il écrivit principalement de la musique religieuse. Compositeur le mieux représenté dans le Eton Choirbook (antiennes, motets), il signa une Passion selon saint Matthieu qui, pour être incomplète, n'en demeure pas moins le premier exemple de Passion dont le compositeur soit connu. L'œuvre, dont le titre exact est Passion for Sunday, fut donnée pour la première fois en la cathédrale de Westminster en 1921.
Daza (Esteban)
Vihuéliste et compositeur espagnol (milieu du XVIe s.).
Il fut l'un des derniers représentants de l'importante école espagnole de vihuela. Il publia à Valladolid, en 1576, le dernier recueil en trois parties connu pour vihuela seule et intitulé : Libro de música de cifras para vihuela intitulado « El Parnasso ». Le premier livre réunit des fantaisies composées par Daza lui-même ; le second, des transcriptions de motets français et espagnols, et le troisième, des versions instrumentales de chansons polyphoniques également d'origines française et espagnole. Les diverses pièces ainsi réunies témoignent d'une grande qualité de facture.
de profundis
Premiers mots du Psaume 129 (130 dans l'usage réformé) dans lequel David pécheur crie sa détresse « du fond de l'abîme », implore la miséricorde divine et proclame sa confiance dans la rédemption finale d'Israël.
Adopté par l'usage catholique comme l'une des pièces maîtresses de la liturgie des défunts où il figure notamment dans le rituel des obsèques , ce psaume a été souvent utilisé comme texte de motet aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les De profundis de Lully et de Delalande sont particulièrement célèbres. Adapté en strophes allemandes par la liturgie luthérienne (Aus tiefer Noth), il figure à ce titre dans le répertoire des chorals et a souvent été traité comme tel par les organistes, notamment par J.-S. Bach.
Dean (Winton Basil)
Musicologue anglais (Birkenhead 1916).
Il a étudié au King's College à Cambridge (1934-1938), ainsi qu'avec Philip Radcliffe. Il s'est spécialisé dans Haendel et Bizet, écrivant sur le premier Handel's Oratorios and Masques (Londres, 1959) et Handel and the Opera Seria (Londres, 1970), et, sur le second, l'ouvrage de référence Bizet (Londres, 1948, 2e éd. rév. G. Bizet. His Life and Work, Londres, 1965, 3e éd. Londres, 1976).
Debost (Michel)
Flûtiste français (Paris 1934).
Il entre au Conservatoire de Paris en 1952 et obtient un 1er Prix de flûte en 1954. Il est lauréat de plusieurs concours internationaux : Moscou (1957), Prague (1959), Munich (1960), Genève (1961). En 1959, il fonde avec le pianiste Christian Ivaldi un duo qui connaît un grand succès. En 1960, il entre à la Société des concerts du Conservatoire comme flûte solo et y demeure de 1967 à 1989, après la transformation de cette formation en Orchestre de Paris. De 1981 à 1989, il enseigne la flûte au Conservatoire de Paris. À partir de 1989, il mène une intense activité de professeur invité, au Canada et aux États-Unis en particulier.
Debussy (Claude)
Compositeur français (Saint-Germain-en-Laye 1862 – Paris 1918).
Il est issu d'une famille modeste. Son père, Manuel-Achille Debussy, et sa mère, Victorine-Joséphine-Sophie Manoury, tenaient un commerce de porcelaines, 38, rue au Pain à Saint-Germain-en-Laye. Son parrain, Achille Arosa, banquier et collectionneur d'art, habitait Cannes : là, l'enfant, au cours de quelques séjours, reçut ses premières leçons de piano d'un nommé Cerrutti ; là, il vit pour la première fois la peinture de son temps (Arosa collectionnait Corot, Jongkind et les impressionnistes). Là, enfin, il connut la mer et ses couleurs changeantes.
Les parents de Debussy ne lui donnèrent point d'éducation générale sérieuse. Quant à ses dons musicaux, c'est à Mme Mauté de Fleureville, élève de Chopin, que revient le mérite de les avoir véritablement découverts et cultivés. Son enseignement du piano fut assez éclairé pour que, à la fin de 1872, Debussy soit admis au Conservatoire de Paris, dans les classes de Marmontel et de Lavignac. Il devait y passer douze années de sa vie, conflictuelles et frondeuses, mais il y acquit une formation professionnelle extrêmement solide.
En 1879, Marmontel, quoique en mésentente avec le jeune Debussy, recommanda celui-ci à Mme Nadejda von Meck, la mystérieuse et passionnée protectrice russe de Tchaïkovski, qui cherchait un « pianiste-déchiffreur » pouvant également enseigner la musique à ses enfants. Les trois séjours en Russie auprès de Mme von Meck, prolongés par des voyages en Autriche et en Italie, allaient avoir pour Debussy des conséquences importantes : enrichissement culturel, rencontres de musiciens, auditions de grandes œuvres. Entre-temps, Debussy devint l'élève de Guiraud au Conservatoire. L'enseignement de Guiraud, qui appelait le musicien à réfléchir sur son art et sa technique, convint admirablement à Debussy qui se lia de véritable amitié avec son maître. En 1883, il fut admis à concourir pour le prix de Rome, mais n'obtint qu'un deuxième prix avec la cantate le Gladiateur (perdue). C'est avec l'Enfant prodigue que, l'année suivante, Debussy remporta le grand prix. Lorsqu'on le lui annonça : « … Que l'on me croie ou non, je puis néanmoins affirmer que toute ma joie tomba… Je vis nettement les ennuis, les tracas qu'apporte fatalement le moindre titre officiel. Au surplus, je sentis que je n'étais plus libre. » Tout Debussy est dans ces phrases.
La période de bohème
Après un séjour écourté à Rome, à la villa Médicis, dont l'atmosphère conventionnelle et guindée lui sembla irrespirable, Debussy s'installa définitivement à Paris, 42, rue de Londres, en 1887. Sa liaison amoureuse avec la belle Gabrielle Dupont, dite Gaby, qui faisait vivre le ménage de ses maigres revenus, et des rencontres artistiques importantes marquèrent ces années de vie bohème. Debussy fréquentait Mallarmé aux fameux « mardis » de la rue de Rome ; en 1888, il fit un premier voyage à Bayreuth ; il y retourna en 1889 et en revint « follement wagnérien » : c'est avec d'autant plus de violence qu'il allait plus tard renier son « idole ». En 1889 aussi, il découvrit la musique d'Extrême-Orient à l'Exposition universelle. Cette même année, il lut la partition de Boris Godounov que Saint-Saëns avait rapportée de Russie. Mais ces découvertes musicales semblaient répondre à des résonances intérieures propres, plutôt qu'elles n'exercèrent sur lui des « influences ». Laissé inachevé, l'opéra Rodrigue et Chimène sera « terminé » par Edison Denisov et créé pour la réouverture de l'Opéra de Lyon en 1993.