Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Tailleferre (Germaine)

Compositrice française (Saint-Maur-des-Fossés 1892 – Paris 1983).

Elle entre au Conservatoire de Paris en 1904, et, avec ses condisciples Auric, Honegger, Milhaud, elle demande des conseils à Kœchlin. En 1917, elle rencontre Erik Satie, qui, l'année suivante, à l'occasion d'un concert, présente ses Jeux de plein air pour deux pianos, et dont l'influence est manifeste dans le ballet Marchand d'oiseaux (1923). Membre du groupe des Six, elle collabore aux Mariés de la tour Eiffel, et reçoit de Ravel, entre 1925 et 1930, des cours d'orchestration. La Cantate de Narcisse (1937), écrite sur l'invitation de Valéry, témoigne de son évolution vers le dépouillement.

   Elle se situe dans une tradition française qui va de Couperin à Chabrier en passant par Grétry, et où se mêlent les influences de Debussy, Ravel, Satie et Stravinski. Elle a écrit notamment, outre de nombreuses œuvres instrumentales, un Quatuor à cordes (1918), l'opéra-comique Il était un petit navire (1951), des musiques de scène et de film, et Concerto de la fidélité pour voix élevée et orchestre (1981).

Taira Yoshihisa

Compositeur japonais (Tokyo 1938).

Ses études musicales se déroulent à Tokyo (université des Arts) et à Paris (André Jolivet, Henri Dutilleux et Olivier Messiaen), où il obtient en 1971 le prix Lili-Boulanger et où il se fixe pour plusieurs années. Assez tôt à l'écart de la tendance postwebernienne, qui était en faveur au Japon même pendant ses études, il revendique une esthétique basée sur le chant, la nature, la profération du son dans le silence.

   On lui doit notamment un Quatuor à cordes (1962), Hiérophonie I pour quatre violoncelles (1969), II pour quinze instrumentistes (1970), III pour orchestre (1969), IV pour quatre flûtes avec un seul exécutant (1971) et V pour six percussionnistes (1974-75), Sonomorphie I pour piano (1970), II pour cinq musiciens (1971) et III pour grand orchestre (1974-1976), Ignescence pour deux pianistes et un percussionniste (1972), Chromophonie pour orchestre (1973), Luisances pour deux ondes Martenot, guitare électrique et percussion (1973), Pentalpha pour cinq solistes (1974), Convergence I pour marimba solo (1975), II pour contrebasse solo (1976) et III pour violon solo (1976), Méditations pour grand orchestre (1975-1977), Iris pour grand orchestre (1978), Érosion I pour flûtiste et orchestre (1980), Delta pour 12 instruments (1981-82), Moksa Vimoksa pour orchestre (1983), Polyèdre pour orchestre (1987), Flantissimo pour 32 flûtes.

Takemitsu (Toru)

Compositeur japonais (Tokyo 1930 – id. 1996).

Il étudie la musique en autodidacte, ainsi qu'avec le compositeur Yasuji Kiyose. En 1950, il fonde à Tokyo un atelier interdisciplinaire où se rencontrent, pour collaborer, des musiciens, des poètes et des peintres : le Jikken Kobo (atelier expérimental) auquel la Sony Corporation apporte une aide, notamment avec un studio de musique électroacoustique où lui-même compose des œuvres qui ont été parmi les premières du genre au Japon : Relief statique (1954), Vocalism A-I (1955), etc.

   Sous l'influence de Webern, Messiaen, Debussy, mais surtout à partir de sa propre expérience de jeune Japonais au sortir de la guerre, quand la musique occidentale a envahi le Japon, il crée un style, extrêmement éclectique et souple, où interviennent aussi bien les instruments occidentaux que les instruments traditionnels japonais, et la musique électroacoustique. Ce style assume et met en jeu le choc des cultures occidentale et japonaise comme une « fertile antinomie » où les deux blocs, les deux types de pensée « se combattent ». Quant à la forme, elle est, comme chez Debussy, toujours réinventée, se présentant comme le « résultat direct et naturel que les sons imposent d'eux-mêmes et que rien ne prédétermine au départ ».

   Takemitsu a abondamment composé pour le cinéma, notamment pour les films Harakiri (1963) et Kwaidan (1965) de Masaki Kobayashi, la Femme de sable (1963) de Teshigara, Dodes' caden (1970) de Kurosawa, et la Cérémonie (1971) d'Oshima.

   Parmi ses œuvres de concert, on peut citer Pause Uninterrupted, pour clarinette (1950), Requiem, pour orchestre à cordes (1957), Solitude sonore, pour orchestre (1958), le Son-Calligraphie I à III, pour huit cordes (1958-1960), Landscape , pour quatuor à cordes (1960), Music of Trees, pour orchestre (1961), Piano Distance, pour piano (1961), Ring, pour flûte, guitare et luth (1961), Coral Island, pour soprano et orchestre (1962), Corona, pour un ou plusieurs pianos (1962), Water Music, pour bande magnétique (1963), Arc, pour piano et orchestre (une de ses œuvres les plus jouées dans le monde, 1963-1966), Éclipses, pour biwa et shakuhachi (1966), The Dorian Horizon, pour dix-sept cordes (1966), Novembersteps, pour biwa, shakuhachi et orchestre (1967), Greens (Novembersteps II), pour orchestre (1967), Textures, pour orchestre (1967), Stanza, pour instruments solistes et voix de femme (1969), Cross Talk, pour deux bandonéons et bande magnétique (1968), Eucalyptus, pour flûte, harpe, hautbois et cordes (1970), Seasons, pour percussions (1970), Voice, pour flûte solo (1971), Winter, pour orchestre (1971), Cassiopeia, pour orchestre (1971), Gémeaux, pour hautbois, deux orchestres avec deux chefs (1971-72), Stanza II, pour harpe et bande magnétique (1971), Blue Aurora, pièce de théâtre musical pour Toshi Ichiyanagi (1971), In Motion, œuvre audiovisuelle (1972), Quatrain, pour violon, clarinette, piano et orchestre (1973), Autumn, pour biwa, shakuhachi et orchestre (1973), Gitimalaya, pour orchestre (1975), A flock descends into pentagonal garden, pour orchestre (1977), Fantasma/Cantos pour clarinette et orchestre (1991).

takht

Ensemble instrumental classique arabe.

Il comprend au XXe siècle un luth : ûd, une cithare-psaltérion : qânûn ou tympanon en Iraq : santûr, une vièle traditionnelle : rabâb, kamanja, kemenche, jowza en Iraq, ou un violon occidental : kamân, un tambour-calice : darabuka ou tabla, un tambour de basque : daff ou riq, parfois des timbales nuqqayrât. En Iraq, l'ensemble santûr-jowza, tabla-daff est appelé jawq ou tchalghî.