Locatelli (Pietro Antonio)
Violoniste et compositeur italien (Bergame 1695 – Amsterdam 1764).
On suppose qu'il fut à Rome l'élève de Corelli. Son activité de virtuose le fit voyager en Europe occidentale (en Italie et en Allemagne notamment) jusqu'en 1729, date où il se fixa à Amsterdam. C'est là que devaient être éditées la plupart de ses œuvres. Naturellement influencé au début par le style de Corelli au niveau des formes pratiquées (Concertos grossos op. I, 1721), il les fit sensiblement évoluer, par la suite (Sonates pour violon et basse, Sonates en trio), tandis que son langage harmonique se personnalisait rapidement.
Sa technique du violon, dépassant les formules traditionnelles, en fait un prédécesseur de Paganini (recueil L'Arte del violino, avec les 24 Caprices, 1733). Son utilisation des accords brisés, du démancher et des positions élevées apparaît particulièrement audacieuse pour son époque. Locatelli appartient à cette pléiade de compositeurs-violonistes italiens qui constituèrent une véritable ère du violon et de la musique pour cordes (Vivaldi, Tartini, Geminiani, Nardini). Toutefois, Locatelli ne se limita pas à son instrument ; on lui doit aussi 12 sonates pour flûte traversière et basse (1732). Il entretint une correspondance avec le padre Martini et fut un pédagogue recherché, auprès duquel se perfectionna, entre autres, Jean-Marie Leclair.
Locke (Mathew)
Compositeur et organiste anglais (Devon ? v. 1621-22 – Londres 1677).
Il fit probablement ses études musicales à Exeter sous la direction de Edward Gibbons. Choriste à la cathédrale jusqu'en 1641, il servit par la suite dans l'armée royale, tout en poursuivant sa carrière de musicien. De retour à Londres peu après 1650, il y fut, sous le Commonwealth, un compositeur très en vue, s'adonnant à tous les genres pratiqués : anthems, hymnes, ayres, pièces instrumentales. À la Restauration, Charles II le nomma Composer in Ordinary.
Après la composition de sa Collection of Songes made when I was in the Lowe Countries (conservée en manuscrit) et la publication du Little Consort of Three Parts (1656) pour violes ou violons, Mathew Locke devint le compositeur le plus important pour l'histoire du théâtre musical en Angleterre avant H. Purcell. Son nom reste associé à un certain nombre d'œuvres théâtrales : Davenant lui confia le premier acte du Siege of Rhodes (1656), puis Locke composa la musique pour des versions de Macbeth (adaptation de Davenant, 1663), The Tempest de Thomas Shadwell (1667), The Empress of Morrocco de Elkanah Settle et pour une Psyché de Shadwell. Mais Locke est resté surtout célèbre pour le « masque » dramatique de James Shirley Cupid and Death, qu'il mit en musique, et qui fut représenté en 1653 et 1659. Le manuscrit conservé date de 1659 et contient également des compositions de Christopher Gibbons pour ce même spectacle. Après le Comus de H. Lawes, Cupid and Death constitue, avec Venus and Adonis de John Blow et Didon et Énée de H. Purcell, un pas important dans la création de l'opéra proprement dit en Angleterre.
Lockspeiser (Edward)
Musicologue et compositeur anglais (Londres 1905 – Alfriston, Sussex, 1973).
Il fit ses études au Conservatoire de Paris, notamment dans la classe de Nadia Boulanger, ainsi qu'au Royal College of Music de Londres avec Charles Herbert Kitson et Malcolm Sargent. D'abord compositeur (la plupart de ses œuvres datent des années 20, mais il a écrit aussi par la suite de la musique de film) et chef d'orchestre (il a fondé le Toynbee Hall Orchestra), il devint critique musical dans de nombreuses revues, telles que Music and Letters, The Listener, The Musical Times, et travailla à la B.B.C. de 1940 à 1951.
E. Lockspeiser fut encore maître de conférence à l'université de Londres de 1966 à 1971, puis il enseigna au Collège de France à partir de 1971. Spécialiste de la musique française, il a écrit sur Berlioz, sur Bizet, et aussi plusieurs ouvrages importants sur Debussy.
Sa biographie a été traduite en français (Paris, 1980), conjointement à une étude de l'œuvre due à Harry Halbreich.
loco (ital. ; « à sa place »)
Terme indiquant, après un passage marqué « in 8va » (« à l'octave », qu'il faut revenir à la tessiture normale ; ou encore, pour un violoniste, après un passage sur des cordes ou dans des positions plus graves ou plus élevées, un retour à la position ou au doigté normaux.
Dans la mesure où elle supprime une « altération », l'indication « loco » peut se comparer à la présence d'un bécarre.
Lodéon (Frédéric)
Violoncelliste et chef d'orchestre français (Paris 1952).
En 1967, il entre dans la classe d'André Navarra au Conservatoire de Paris, où il obtient en 1969 et 1970 ses prix de violoncelle et de musique de chambre. Lauréat de plusieurs concours internationaux de 1972 à 1977, il fait des débuts remarqués à Prague en 1973, puis est invité au Festival de Gstaad, que dirige Y. Menuhin. Dans la décennie qui suit, il se produit dans le monde entier en soliste et en formation de musique de chambre. Victime d'un accident en 1984, il doit modifier sa carrière. À partir de 1987, il dirige et produit des émissions musicales à la télévision et à la radio.
Loeffler (Charles Martin Tornow)
Violoniste et compositeur américain né en France (Mulhouse 1861 – Medfield, Massachusetts, 1935).
Enfant, il suit ses parents, de nationalité allemande, en Russie, Hongrie et Suisse. Il effectue ses études musicales à Berlin (violon avec E. Rappoldi et J. Joachim, composition avec F. Kiel) et à Paris (violon avec J. Massart et composition avec Guiraud), puis devient membre de l'orchestre Pasdeloup et de l'orchestre du baron russe Paul von Derwies. À la mort de celui-ci (1881), il émigre aux États-Unis et, en 1882, est engagé par le Boston Symphony Orchestra, qu'il quitte en 1903 pour se consacrer à la composition et à l'enseignement dans sa propriété de Medfield. La fin de sa vie, sédentaire, contraste étrangement avec sa jeunesse cosmopolite, qui aura une très grande influence sur ses compositions. Son œuvre est, en effet, un amalgame de tendances variées : folkloriques tout d'abord (Night in the Ukraine, 1981 ; Conte espagnol, 1912 ; Memories of my Childhood, 1925 ; 5 Irish Fantasies, 1935), mystiques ensuite (Hora mystica, 1916 ; thème grégorien de sa Music for Four Stringed Instruments, 1917, sans doute son œuvre la plus réussie). Vinrent enfin s'ajouter les influences plus contemporaines de Gershwin et du jazz (Clowns, 1928). Malgré cela, et à cause de sa naissance, de son éducation musicale et de son amour passionné pour les poètes et peintres français impressionnistes et symbolistes, il se considérera toujours comme un musicien de souche française. Ce lien culturel se traduit dans son choix de textes (la Mort de Tintagiles, d'après Maeterlinck, 1900 ; Poème, d'après Verlaine, 1918) et dans son écriture musicale, fortement influencée par Debussy et Fauré. Il reste pourtant un musicien assez conventionnel, et sa plus grande originalité réside dans une instrumentation souvent inhabituelle, comme dans le Psaume 137, pour chœur de femmes, violoncelle, 2 flûtes, harpe et orgue (1907), la Mort de Tintagiles, pour viole d'amour et orchestre, et les Memories of my Childhood, où figurent des cloches et un harmonica.