Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Wolf Ferrari (Ermanno)

Compositeur italien (Venise 1876 - id. 1948).

Fils d'un peintre bavarois, il étudia les beaux-arts à Rome, puis à Munich, où il décida de sa nouvelle orientation, complétant sa formation musicale à Venise et Milan. Un opéra, Irene (Venise, 1895), dont il avait écrit le livret, une audition de ses œuvres en 1897 et Cendrillon (Milan, 1900) ne lui apportèrent que déboires ; mais, en 1903, ses Donne curiose, d'après Goldoni, triomphaient à Munich en lui révélant sa véritable vocation : en pleine époque naturaliste, cette œuvre en totale contradiction avec le langage de Tosca, Louise, Pelléas, Salomé, Butterfly ou Résurrection semblait renouer avec l'esprit de Mozart et Da Ponte.

   Un succès croissant salua I Quattro Rusteghi (1906) ­ avec ses dialogues en vénitien ­, le Secret de Suzanne (1909) et les Joyaux de la Madone (1911), ces trois œuvres n'ayant jamais quitté le répertoire international. L'Amour médecin, d'après Molière, puis Sly, une tentative plus dramatique, connurent moins de succès, mais avec La Vedova scaltra (1931) et Il Campiello (1935), Wolf Ferrari renouait heureusement avec Goldoni, bien que le genre fût désormais épuisé.

   Wolf Ferrari demeure un isolé dans l'évolution du théâtre lyrique italien, avec son lyrisme riche mais sans complaisance, son harmonie dont la science se cache sous l'apparente facilité, et avec un sens du « parlé » et un tempo intérieur rapide rarissime en son temps.

   Il n'en a pas moins, avec Respighi, préparé le terrain aux compositeurs de la « génération des années quatre-vingts », et dans sa musique instrumentale (notamment son célèbre Concerto pour hautbois), s'inscrit parfaitement dans le courant du néoclassicisme européen de son époque.

Wolff (Albert)

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1884 – id. 1970).

Il étudia au Conservatoire de Paris dans les classes de Gédalge, Leroux et Vidal. Après avoir été organiste à Saint-Thomas-d'Aquin, il fut engagé en 1908 à l'Opéra-Comique, comme chef de chant, puis en 1911 comme chef d'orchestre. Il occupa ce poste pendant soixante ans, créant un grand nombre d'œuvres (dont les Mamelles de Tirésias de Poulenc, 1947), et assurant de grandes reprises (Pelléas, Orphée, Tristan et Isolde). Au cours de tournées à l'étranger, il fit connaître les œuvres françaises contemporaines. En 1921, il fonda avec Richepin les Concerts modernes au théâtre de Mogador. De 1934 à sa mort, il fut président-chef d'orchestre de l'Association des concerts Pasdeloup. Compositeur, il a laissé notamment un Requiem (1938), des concertos pour flûte (1946) et pour violoncelle (1964), ainsi que plusieurs opéras, dont l'Oiseau bleu, créé à New York en 1919.

Wolff (Christian)

Compositeur américain d'origine française (Nice, France, 1934).

Menant une carrière de professeur de littérature et de musique (Mills College d'Oakland, Californie ; Dartmouth College de Hanover, New Hampshire), il travailla un temps avec David Tudor et Morton Feldman. Sa musique, d'esprit minimal, donne une grande place à l'indétermination, au silence, aux interruptions, à une interréaction plus ou moins aléatoire et imprévisible entre les exécutants, de façon à déconcerter le jeu des syntaxes conventionnelles.

   Son projet est de laisser le son vivre comme entité libre. D'où la réalisation de partitions graphiques ou verbales, qui peuvent éviter toute relation obligatoire de temporalité ou de causalité.

   La particularité de ses nombreuses œuvres, qui sont souvent plutôt des « propositions », est de faire appel à des instruments traditionnels (à choisir souvent ad libitum) et d'être, techniquement, à la portée de tout le monde. Parmi celles-ci, on peut citer plusieurs musiques de ballets pour Merce Cunningham (Chance, 1959 ; Rune, 1959 ; Reads, 1970), et des pièces comme Duo for Pianists I et II (1957-58) ; Summer (1961), pour quatuor à cordes ; Septet (1964), pour instruments ad libitum ; Edge (1968), pour n'importe quel instrument ; Prose Collection (1968-1971), pour différentes combinaisons instrumentales avec, selon les cas, n'importe quel instrument ou objet sonore ; Toss (1968), pour huit musiciens ou plus ; Snowdrop (1970), pour clavecin ou autre clavier ; Lignes (1972), pour quatuor à cordes ou autres cordes ; Exercices (1973-74), pour n'importe quel nombre d'instruments ; Wobbly Music (1975-76), pour chœur mixte et instrument, etc.

Wolff (Christoph)

Musicologue allemand (Solingen 1940).

Il a étudié à Berlin et à Erlangen. Sa thèse Der stile antico in der Musik Johann Sebastian Bachs  : Studien zu Bachs Spätwerk (1966) a été publié en 1968. Il a enseigné à Erlangen (1965-1969), Toronto (1968-1970), à la Columbia University (1970-1976), et, depuis 1976, il est professeur à Harvard. En 1984, il a découvert à Yale une source contenant trente-huit préludes de choral (dont trente-trois auparavant inconnus, publiés en 1985) de J. S. Bach. Il s'est consacré essentiellement à Bach et à Mozart, publiant notamment Bach Compendium : Analytisch-bibliographisches Repertorium der Werke Johann Sebastian Bachs (avec Hans-Joachim Schulze, 5 vol. 1985) et Mozarts Requiem  : Geschichte ­ Musik ­ Dokumente ­ Partitur des Fragments (1991). Il a réuni plusieurs de ses études sur Bach dans Bach  : Essays on His Life and Music (1991) et édité The String Quartets of Haydn, Mozart and Beethoven  : Studies of the Autograph Manuscripts (1980).

Wölfl (Joseph)

Pianiste et compositeur autrichien (Salzbourg 1773 – Londres 1812).

Élève de Leopold Mozart et de Michael Haydn, il séjourna à Vienne (1790) puis à Varsovie, et revint à Vienne en 1795, où, comme pianiste, il fut sans doute le plus sérieux rival de Beethoven. En 1799, il partit en tournée, arrivant en septembre 1801 à Paris, puis en mai 1805 à Londres, qu'il ne devait plus quitter. Rival également de Johann Ladislav Dussek, il écrivit quelques opéras-comiques et deux symphonies (en sol mineur et en majeur), mais se consacra surtout, comme compositeur, à son instrument, avec notamment sept concertos, trente sonates pour piano seul (dont les trois de l'opus 6, parues à Augsbourg en 1798 avec une dédicace à Beethoven), et dix-neuf sonates avec accompagnement de violon (dont les trois de l'opus 14, parues à Leipzig en 1801 et basées sur des thèmes de la Création de Haydn).