Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Glass (Philipp)

Compositeur américain (Baltimore 1937).

Il fait ses études à l'université de Chicago et à la Juilliard School. De 1964 à 1966, il séjourne en France, rencontre Ravi Shankar avec lequel il travaille pour une musique de film, et s'initie au tabla avec Alla Rakha. Il fait plusieurs séjours en Inde en 1966, 1970 et 1973. En 1968, il fonde à New York un groupe d'instruments amplifiés (claviers électroniques, vents, cordes, et plus tard voix) et crée One plus one (« 1 + 1 »), sa première œuvre « additive ». La création d'Einstein on the Beach de Bob Wilson au festival d'Avignon (1976), puis sa reprise à Paris dans le cadre du Festival d'automne lui apportent la consécration. Désirant remplir totalement un espace de sons, Glass utilise un processus basé sur la progression additive (progression arithmétique, 1 + 1, 1 + 2, 1 + 2 + 3, etc.) d'une figure répétitive donnée, qu'il inaugure donc avec One plus one, joué par un soliste tapant des doigts sur la table. La répétition de la figure rythmique et l'adjonction de figures mélodiques créent des séries de mouvements inattendus qui exercent une sorte de fascination sur le public. Glass considère que c'est la structure qui permet au son d'exister. En 1970, il est amené à s'intéresser à l'effet physiologique de la musique et à créer par la suite des effets psycho-acoustiques. Dans Music in 12 Parts (1971-1974), dont l'exécution peut durer plusieurs heures, il introduit des élongations de sons sur plusieurs mesures et des successions d'accords, procédés qui seront développés dans Another Look at Harmony (1974), et dans Einstein on the Beach. Philipp Glass représente la réactualisation de la tonalité dans un nouvel environnement.

Glazounov (Aleksandr Konstantinovitch)

Compositeur russe (Saint-Pétersbourg 1865 – Paris 1936).

Descendant d'une des plus anciennes familles d'éditeurs russes, Glazounov s'avère un enfant précocement doué pour la musique. Sans avoir jamais fréquenté aucun conservatoire, il apprend en deux ans l'harmonie et les techniques de la composition sous la direction de Rimski-Korsakov. Il a seize ans lorsque Balakirev dirige à Saint-Pétersbourg sa première symphonie, qui lui vaut par ailleurs les encouragements de Liszt. La même année (1882) voit la création de son premier quatuor à cordes. Glazounov est accueilli chaleureusement dans le cénacle de Belaiev, riche mécène et mélomane qui va devenir rapidement son plus fervent admirateur. En 1884, Belaiev crée les Concerts symphoniques russes pour faire jouer en priorité les œuvres de Glazounov, puis il fonde en 1885 les éditions Belaiev à Leipzig pour les publier. En 1887-88, Glazounov aide Rimski-Korsakov à achever le Prince Igor de Borodine, dont il orchestre aussi la troisième symphonie. En 1889, il participe, avec Rimski-Korsakov, aux concerts de musique russe de l'Exposition universelle à Paris, où il revient en 1907 lors des concerts organisés par Diaghilev. En 1896, il dirige ses œuvres en Angleterre, ayant reçu entre-temps la commande d'une Marche triomphale pour l'Exposition universelle de Chicago. Institué à la mort de Belaiev (1903) administrateur de toutes ses fondations, il en devient président en 1908. À partir de 1899, il enseigne au conservatoire de Saint-Pétersbourg, dont il devient directeur après les événements de 1905. Il restera à ce poste jusqu'en 1928, faisant preuve d'une admirable générosité envers les étudiants matériellement défavorisés. Émigré en 1928, Glazounov s'installe à Paris et effectue des tournées en Europe et aux États-Unis. Il fait la connaissance de Marcel Dupré et lui dédie sa dernière œuvre, la Fantaisie pour orgue. Il meurt en 1936, le jour même où un concert de ses œuvres doit être donné par l'orchestre Lamoureux. En 1972, ses cendres seront exhumées du cimetière de Neuilly et transportées à Leningrad.

   La puissance créatrice de Glazounov ne se ralentit qu'à la fin de sa vie et s'exerce dans presque tous les genres. Au début de sa carrière, sous l'influence nationaliste du groupe des Cinq, il écrit des œuvres d'inspiration russe : les poèmes symphoniques Stenka Razine (1885), la Mer (1889), le Kremlin (1890), le Printemps (1891). En 1889, les Français le trouvent plus russe que Tchaïkovski. Il contribue, d'autre part, à élargir le répertoire de la musique de ballet : en 1897, Raymonda est créé à l'Opéra impérial de Saint-Pétersbourg dans une chorégraphie de Marius Petipa. L'année suivante, il écrit Ruses d'amour et les Saisons (création en 1900). En 1907, il orchestre pour Diaghilev la suite Chopiniana, qui devient en 1909 les Sylphides, et, en 1910, fait un arrangement orchestral du Carnaval de Schumann.

   Glazounov est l'un des rares Russes à n'avoir pas écrit d'opéras. C'est surtout dans le domaine de la musique pure qu'il s'exprime avec une aisance remarquable : 8 symphonies, 7 quatuors, 5 concertos (pour violon, pour piano, pour violoncelle, pour saxophone). Il reçoit dix-sept fois le prix Glinka destiné à couronner les œuvres symphoniques. Les problèmes de développement de thèmes, les rythmes, l'écriture polyphonique le passionnent, et la richesse de son orchestration surpasse parfois celle de Rimski-Korsakov. Mais Glazounov est un compositeur foncièrement académique, réfractaire à toute forme d'évolution du langage musical. Cependant, chacune de ses nouvelles œuvres est accueillie comme un événement, car sa maîtrise est ressentie comme un aboutissement de la musique russe et surtout comme une fusion des styles des écoles de Saint-Pétersbourg (nationalisme) et de Moscou (occidentalisme). Par les influences (Chostakovitch, Tcherepnine, Miaskovski) ou les réactions (Prokofiev, Stravinski) qu'il provoquera, il joue un rôle important à une époque où la musique russe cherche son second souffle.

glee

Pièce vocale, écrite pour au moins trois voix solo a cappella, et dont le genre s'est particulièrement développé en Angleterre entre 1750 environ et 1830 (bien que le terme apparaisse déjà dans certains recueils du XVIIe siècle).

Les glees ont eu une grande vogue et une certaine fonction sociale, étant interprétés dans les clubs d'hommes londoniens (ce qui provoqua la création de glee-clubs), et sont, pour cette raison, principalement écrits pour voix d'hommes. Ils sont caractérisés par de courtes phrases assez simples, sujettes à de nombreuses variations de rythme et de tempo. L'écriture harmonique est de style vertical et on n'y trouve pas d'effets contrapuntiques. Parmi les plus célèbres compositeurs de glees, citons tout d'abord Samuel Webbe l'aîné, dont la carrière (1740-1816) coïncide avec la période d'apogée de la forme, mais aussi Collcott, Horsley, Stevens et Webbe junior.