Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Litaize (Gaston)

Organiste et compositeur français (Menil-sur-Belvitte 1909 – Fays, Vosges, 1991).

Malgré sa cécité, il a été l'élève au Conservatoire de Paris de Dupré (orgue et improvisation), de Caussade (contrepoint et fugue) et de Büsser (composition), et a remporté le second grand prix de Rome de composition en 1938. Il est organiste à l'église Saint-François-Xavier à Paris et à Radio-France, où il est également responsable de la musique des émissions religieuses.Professeur d'orgue et d'improvisation à l'Institution nationale des jeunes aveugles, il fait une carrière internationale de concertiste. Ses compositions, pour la plus grande part destinées à la liturgie, se fondent sur les thèmes du plain-chant qu'elles paraphrasent. Ainsi, pour l'orgue, 5 Pièces liturgiques pour orgue sans pédalier (1950), 24 Préludes liturgiques (1954), Grand-Messe pour tous les temps (1956), Messe basse pour tous les temps (1959). Il a également écrit plusieurs messes pour chœur et orgue.

litanie (grec médiéval litaneia, dérivé de litaneuo, « invoquer par des prières »)

Prière dialoguée, soit chantée soit parlée, consistant en une série, parfois longue, de courtes invocations, auxquelles il est répondu par une même formule de demande ou de louange.

Le mot a désigné d'abord toute supplication répétée (Kyrie eleison), puis les processions où se chantaient de telles supplications (litanies des rogations), enfin la forme même des prières à répétition, d'où son acception actuelle généralisée.

Literatur-Oper

Nom donné, a posteriori, par les musicologues allemands aux opéras écrits non pas sur un livret, mais sur le texte même (tout ou partie, légèrement modifié ou traduit) d'une œuvre dramatique déjà connue. Cette stricte acception écarterait donc de cette classification les textes que de grands auteurs (Goldoni, Sedaine, Goethe, etc.) destinèrent dès l'abord à être mis en musique. Utilisé dès le milieu du XIXe siècle par Dargomyjski et Moussorgski, à partir de textes de Pouchkine et Gogol, ce procédé devint plus fréquent dès la fin du siècle, avec Bruneau, Debussy, R. Strauss, Berg, Chostakovitch, Poulenc, etc., et se généralisa au-delà de 1940 (OPÉRA). On peut, également, y associer l'exemple d'auteurs ayant eux-mêmes remanié pour le compositeur des textes antérieurs, notamment J. Richepin, Maeterlinck, D'Annunzio, Hofmannsthal, Claudel, Brecht, etc.

Literes (Carrion Antonio)

Compositeur espagnol (Arta, Majorque, 1673 – Madrid 1747).

Violoniste et violoncelliste à la cour d'Espagne, il fut très estimé comme compositeur de cantates profanes et de musique de théâtre (zarzuela Accis y Galatea, 1709 ; opéra « dans le style italien » Los elementos). Après l'incendie qui en 1734 détruisit les collections royales, il dut composer de nouvelles œuvres liturgiques (messes a cappella et psaumes pour les Vêpres). Ses deux fils occupèrent également des postes à la cour, José Literes Sanchez (mort en 1746) comme violoncelliste et Antonio Literes Montalbo (mort en 1768) comme organiste.

Litolff

Maison d'édition allemande fondée en 1828 à Brunswick par Gottfried Martin Meyer.

Elle prit le nom de Henry Litolff après que celui-ci eut épousé (1851) la veuve de Meyer et adopté son fils Theodor (1839-1912). Ce dernier succéda à son beau-père après son divorce (1858), et eut comme successeur son propre fils Richard (1876-1937). Theodor assura le développement mondial de la firme en lançant en 1864 la célèbre collection Litolff d'œuvres classiques, et aussi par des ouvrages pédagogiques comme la méthode de piano de Louis Köhler, qui, en 1914, avait été vendue à plus d'un million d'exemplaires. Rachetée en 1940 par les éditions Peters de Leipzig, la firme a ressuscité à Francfort en 1950.

Litolff (Henry)

Pianiste et compositeur français (Londres 1818 – Bois-Colombes 1891).

Fils d'un violoniste alsacien fait prisonnier par les Anglais pendant la guerre d'Espagne, il étudia avec son père et avec Moschelès, vécut en France, en Belgique et en Allemagne, et, en 1851, épousa la veuve de l'éditeur Gottfried Martin Meyer, deuxième de ses quatre femmes : la firme fondée par Meyer en 1828 prit alors le nom de Henry Litolff. En 1855, il devint maître de chapelle de la cour de Saxe-Cobourg-et-Gotha, et, en 1858, s'installa définitivement à Paris. Il continua à composer à partir de cette date, mais échangea sa carrière de pianiste pour celle de chef d'orchestre. On lui doit des œuvres scéniques comme Die Braut von Kynast (Brunswick, 1847) ou Héloïse et Abélard (Paris, 1872) et des œuvres instrumentales diverses, mais ses plus grandes réussites demeurent ses 5 Concertos symphoniques pour piano et orchestre. Le premier est perdu, les autres datent respectivement de 1844 et d'environ 1846, 1852 et 1867. Le Scherzo du quatrième bénéficie toujours d'une célébrité certaine. Henry Litolff reçut en dédicace le 1er Concerto pour piano de Liszt.

liturgie (en gr. leitourgia, « service public, fonction publique », et, entre autres, « service du culte »)

Terme désignant l'ensemble des services officiels et publics d'un culte, par opposition aux dévotions privées ; autrement dit, l'ensemble de ses prières publiques, rites, cérémonies et sacrements, où la musique, étroitement codifiée, joue un grand rôle.

Les différentes Églises chrétiennes ont chacune leur liturgie propre, c'est-à-dire leur système de rites, de cérémonies et de chants, peu à peu mis au point par des conciles, des encycliques, des ordonnances, etc., avec pour préoccupation d'illustrer les articles de foi essentiels, mais surtout de réactualiser, par « anamnèse », les moments symboliques privilégiés de leur croyance. Ainsi, la liturgie catholique tourne autour de la messe, dans la mesure où celle-ci fait revivre chaque fois le sacrifice du Christ et la Cène. Dans cette fonction d'« anamnèse », il semble que la musique joue le rôle principal en réveillant le passé dans ses dimensions symboliques originelles, par le jeu du rythme et de l'harmonie, par l'effet des timbres, et surtout de la voix avec toutes les résonances corporelles et spirituelles des sons.

   Parmi les cultes chrétiens, on distingue les différentes liturgies occidentales (romaine, anglicane, ambrosienne, mozarabe), orientales (de saint Jean Chrysostome, saint Basile, saint Jacques, arménienne, copte, maronite), etc.