Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

Entremont (Philippe)

Pianiste et chef d'orchestre français (Reims 1934).

Il étudie d'abord avec Marguerite Long puis avec Jean Doyen au Conservatoire de Paris, où il obtient deux premiers Prix (musique de chambre en 1948, piano en 1949). Lauréat du Concours Long-Thibaud en 1953, il se fait connaître pendant une quinzaine d'années comme pianiste, jouant sous la direction de Stravinski, Milhaud, Bernstein, Monteux, Boulez, Ozawa, etc. En 1967, il commence à diriger et se voit nommé en 1976 directeur musical et chef permanent de l'Orchestre de chambre de Vienne. De 1980 à 1986, il dirige l'Orchestre philharmonique de La Nouvelle-Orléans, de 1986 à 1989 l'Orchestre symphonique de Denver, et de 1988 à 1990 l'Orchestre Colonne à Paris. En 1994, il devient le principal chef invité de l'Orchestre de chambre d'Israël. Il a reçu plusieurs grands prix du disque, dont le Prix de l'Académie du disque français pour son intégrale de l'œuvre pour piano de Ravel.

éolien (en grec aiolos ; de Éole, dieu des Vents)

Éolien est le nom donné tardivement aux neuvième et dixième modes ecclésiastiques, c'est-à-dire aux modes de la (éolien, mode authente ; hypoéolien, mode plagal.). [mode, modes ecclésiastiques.]

La harpe éolienne est un instrument dont l'origine remonte à l'Antiquité, et qui tirait son nom du fait que le vent faisait vibrer ses cordes.

Eötvös (Peter)

Compositeur et chef d'orchestre hongrois (Székelyudvarhely 1944).

Il commence l'étude de la composition avec Zoltán Kodály dès l'âge de quatorze ans, à l'Académie de musique de Budapest. Pendant ses études, il est déjà directeur musical du Théâtre Vigzinhaz et compose de la musique de scène, ainsi que pour le cinéma et la télévision. Une bourse allemande lui permet de poursuivre ses études à Cologne (de 1966 à 1968), où il travaille aussi la direction d'orchestre. Il y rencontre Stockhausen et devient membre de son ensemble, participant ainsi à bon nombre de créations du compositeur, notamment en Allemagne ou à l'Exposition universelle d'Osaka (1970). Il créera par la suite, en tant que chef d'orchestre, les opéras Donnerstag aus Licht (1981) et Montag aus Licht (1988) de Stockhausen à la Scala de Milan. Depuis 1974, il est l'invité des plus grands orchestres européens. Eötvös a été directeur musical de l'Ensemble InterContemporain (1979-1991) et principal chef invité de l'Orchestre symphonique de la BBC (1985-1988). Il compose une musique illustrant son sens du théâtre (Chinese Opera, pour orchestre de chambre, 1966 ; Il maestro, pièce clownesque pour un pianiste et deux pianos à queue, 1974 ; Triangel, actions pour un percussionniste créatif et vingt-sept musiciens, 1993). Il a composé aussi le quatuor à cordes Korrespondenz, inspiré par la correspondance entre Leopold et Wolfgang Amadeus Mozart (1992), et Psychokosmos pour cymbalum et orchestre (1993).

Ephrician (Angelo)

Chef d'orchestre et compositeur italien (Trévise 1913 – id. 1982).

Après avoir étudié le violon, obtenu une licence en droit et exercé un an une fonction de magistrat, il participe activement à la lutte antifasciste clandestine et devient à la fin de la guerre directeur du premier journal libre de Venise. Ayant goûté à la critique musicale, il décide de se consacrer entièrement à la musique et travaille la direction d'orchestre en autodidacte. En 1947, il fonde l'Istituto italiano Antonio Vivaldi, qui, sous la direction artistique de G. F. Malipiero et avec l'aide de l'éditeur Ricordi, publie des œuvres de Vivaldi. Par cette initiative et par son activité parallèle de chef d'orchestre, Ephrikian joue un rôle déterminant dans la rapide renaissance du compositeur vénitien. Il consacre par la suite sa double action d'éditeur et de chef d'orchestre à d'autres compositeurs italiens de la fin du XVIe, du XVIIe et du XVIIIe siècle italien, notamment à Gesualdo, Stradella, Alessandro Scarlatti. Compositeur, il a écrit des œuvres traditionnelles mais n'a pas dédaigné les techniques nouvelles, qu'il utilise par exemple dans son Stabat Mater (1961) pour solistes, chœur, orchestre et bande magnétique.

épinette

Instrument à clavier et à cordes pincées.

L'épinette est une version simplifiée de son frère aîné, le clavecin, et ne comporte qu'un seul registre, généralement de 8 pieds, quelquefois sonnant à l'octave (4 pieds). Elle peut être construite selon des plans différents (rectangulaire, ressemblant ainsi au virginal ; polygonal et, plus tard, à côté courbe). Les cordes sont montées perpendiculairement aux touches du clavier ou légèrement en oblique. L'épinette n'était pas seulement un instrument domestique, comme le piano droit moderne auquel on la compare souvent. Elle avait son rôle à jouer dans la musique de son époque, en Italie notamment où, par exemple, sa sonorité brillante était prisée pour faire ressortir les parties supérieures d'un madrigal, ou pour soutenir discrètement une voix soliste. La plus ancienne épinette connue est conservée au musée de Pérouse et date de 1493. La vogue de l'instrument se poursuivit pendant les XVIe et XVIIe siècles. Au XVIIIe, sa forme emprunta au clavecin son côté courbe et l'épinette orna les salons de ceux qui ne pouvaient se payer le luxe d'un instrument plus grand. Parmi les facteurs d'épinettes, on peut citer les Baffo et Bertolotti à Venise, les Richard, Denis et Taskin en France, les Haward et Hitchcock en Angleterre et, aux Pays-Bas, les Ruckers.

épinette des Vosges

Instrument à cordes pincées, peut-être originaire de la région dont il porte le nom.

Les cordes, en deux groupes (mélodiques et bourdons), sont tendues sur une caisse rectangulaire en bois. On les fait sonner soit en les grattant du pouce, soit, comme pour le psaltérion, en se servant d'un bec de plume. L'épinette des Vosges fut très employée dans la musique populaire aux XVIIIe et XIXe siècles. Elle ne doit pas être confondue avec l'épinette.

épisode

1. Ultérieurement généralisé dans des acceptions usuelles, le terme désignait à l'origine certaines subdivisions de la tragédie grecque antique, assimilables aux « actes » de notre théâtre, à ceci près qu'ils étaient séparés entre eux non par un « entracte », mais par les entrées du chœur, d'où leur nom, qui signifie « entre les entrées ». Certains épisodes étaient parlés, d'autres chantés en tout ou en partie, les parties chantées correspondant aux moments les plus dramatiques.

2. Dans l'architecture musicale, on appelle parfois épisode des passages ayant leur unité et leur indépendance, souvent avec une idée de digression ou de dispersion par rapport au plan d'ensemble. Par exemple dans le rondo, les retours du thème principal sont entrecoupés d'épisodes, tous différents.