Dens (Michel)
Baryton français (Roubaix 1911 – Paris 2000).
Élève du conservatoire de Roubaix, il débute en 1934 à l'Opéra de Lille et se produit en province avant de chanter pour la première fois, en 1947, à l'Opéra de Paris dans Rigoletto et à l'Opéra-Comique dans le rôle d'Albert de Werther. Dans ce dernier théâtre, ses interprétations de Figaro du Barbier de Séville et d'Escamillo de Carmen sont bientôt célèbres. Après avoir obtenu des triomphes à la Gaîté-Lyrique dans le Pays du sourire de Lehar, il consacre la suite de sa carrière aussi bien aux opérettes française et viennoise qu'à l'opéra et à l'opéra-comique. Doué d'une voix claire, chaleureuse, dont la résistance est due à la fois à de grandes facilités naturelles et à une technique sûre, Michel Dens a été, pendant trente ans, l'un des artistes lyriques les plus populaires en France.
déploration
Terme employé surtout du XIVe au XVIe siècle et désignant un poème en musique composé à l'occasion de la mort d'un personnage illustre pour célébrer ses mérites et exprimer le regret de sa disparition.
La déploration succède au planctus latin (Planctus Karoli sur la mort de Charlemagne) ou au planh méridional (planh de Richard Cœur de Lion), mais ceux-ci étaient ordinairement monodiques, alors que la déploration est souvent polyphonique ; l'une des plus anciennes est la double ballade composée par F. Andrieu sur la mort de Guillaume de Machaut, le Noble Rhétorique. Au XVIIe siècle, ce genre d'hommage posthume devint surtout instrumental et prit le nom de « tombeau ».
Depraz (Xavier)
Basse française (Paris 1926 – Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Isère, 1994).
Élève du Conservatoire de Paris, il a débuté en 1952 à l'Opéra-Comique dans le rôle de Basile du Barbier de Séville de Rossini et à l'Opéra dans celui de Palémon de Thaïs de Massenet. Tout en s'illustrant dans le répertoire, il a participé aux premières représentations, à l'Opéra-Comique, du Rake's Progress de Stravinski (rôle de Nick Shadow, 1953), et à l'Opéra, de Dialogues des carmélites de Poulenc (rôle du marquis de La Force, 1957). Parmi ses autres incarnations remarquables, il faut relever celle du personnage de Peter Bell dans le Fou de Landowski avec le Centre lyrique populaire de France. Artiste cultivé, il a donné des interprétations extrêmement fouillées, aussi bien sur le plan musical que sur le plan scénique. Il est depuis 1973 professeur d'art lyrique au Conservatoire de Paris.
Dering (Richard)
Compositeur anglais ( ? v. 1580 – Londres 1630).
Il vécut en Angleterre et en Italie, et se convertit au catholicisme. Nommé Bachelor of Music à Oxford en 1610, il fut, à une époque de sa carrière, organiste des bénédictines anglaises à Bruxelles, puis probablement organiste de la reine Henriette d'Angleterre, après l'accession au trône de Charles Ier en 1625. Il composa des œuvres religieuses dans le style anglais et destinées au culte catholique (Cantiones sacrae à 5 voix avec basse continue, 1617 ; des Cantica sacra à 6 voix, 1618 ; à 2 et 3 voix avec basse continue, 1662, 1674). Dans le domaine de la musique profane, il écrivit des canzonette italiennes (1620), des madrigaux italiens dans le nouveau style avec basse continue à 1, 2 et 3 voix, qui rappellent ceux d'un Sigismondo D'India, des madrigaux anglais, des fantaisies et des danses pour violes. Dering est connu surtout pour ses « Cris » (City Cries and Country Cries), dont des Cries of London dans la tradition de ceux de Th. Weelkes.
Dermota (Anton)
Ténor autrichien (Kropa 1910 – Vienne 1989).
Il étudia l'orgue et la composition à Laibach, puis le chant à Vienne, et débuta en 1936 à l'opéra de Vienne dans le rôle d'Alfredo de La Traviata de Verdi. Après avoir débuté à Salzbourg dans le petit rôle de Zorn des Maîtres chanteurs de Wagner sous la direction de Toscanini, il remporta au festival de cette ville un grand succès en 1938, dans le rôle de Don Ottavio de Don Juan. Il fit ensuite une carrière internationale, sans cesser d'être attaché à l'opéra de Vienne. Sa voix exquise et veloutée était assez solide pour qu'il pût aborder plusieurs rôles de Verdi, ainsi que le personnage d'Hérode dans Salomé de Richard Strauss. Mais ce musicien remarquable demeure avant tout l'un des plus grands ténors mozartiens que l'on ait connus.
Dervaux (Pierre)
Compositeur et chef d'orchestre français (Juvisy-sur-Orge, Essonne, 1917 – Marseille 1992).
Dès l'âge de treize ans, il joua de la batterie dans des orchestres de genre. Il fut, au Conservatoire national de Paris, l'élève de Ferté, d'Yves Nat et de Marcel Samuel-Rousseau. Il débuta comme chef d'orchestre, accompagnant les attractions au cinéma Paramount, et comme timbalier à l'orchestre Pasdeloup, où Albert Wolff, lui ayant donné des leçons de direction d'orchestre, le fit monter au pupitre de l'association. En 1947, il entrait à l'Opéra-Comique avec Manon, et, en 1956, à l'Opéra avec Rigoletto. Dans ces deux théâtres, il dirigea le répertoire ainsi que plusieurs créations, dont la première représentation, à l'Opéra, du Dialogue des carmélites de Poulenc (1957).
Pierre Dervaux a beaucoup travaillé à l'étranger, en particulier au Canada où il fut à la tête du conservatoire de Québec. Il a présidé à la création et à l'organisation de l'Orchestre des Pays de la Loire. Il est également président-chef d'orchestre de l'Association des concerts Colonne. Accaparé par ces différentes activités, il n'a eu que peu de temps à consacrer à la composition, mais ses compositions révèlent un musicien de bonne facture, élégant, aux harmonisations habiles, dont l'œuvre comprend des partitions symphoniques et concertantes, des pièces pour piano et des mélodies.
derviches
ou derviches mevlevis
ou derviches tourneurs
ou soufis
Dans le monde islamique, on peut rencontrer le soufi mystique à la robe de laine, le derviche mendiant ou vagabond, le frère des congrégations mystiques, l'ascète qui recourt à la musique et à la litanie du dhikr ou zikr, à la danse ou à la répétition scandée du nom d'Allah pour atteindre la transe, l'extase, et entrer en communication avec l'Être suprême. On trouve même des confréries dans lesquelles la cérémonie, qui se déroule au son de violentes percussions, débouche sur des scènes d'excitation au cours desquelles les inspirés se frappent, se transpercent les joues, la langue ou l'abdomen avec des aiguilles ou des sabres.
Les mouvements mystiques sont particulièrement prolifiques sur les marches de l'Islam, aux confins de l'Asie centrale chamanique ou de l'Europe chrétienne, d'où l'idée que le soufisme correspond à une démarche vers l'universalisme ou à une contestation de l'islam orthodoxe, qui prône la démarche collective en matière de foi et non le dialogue individualiste.
Au sein de ces mouvements, les derviches mevlevis se recommandent de Jalaleddin Rumi. Jalaleddin Rumi, dit Mevlana ou Mawlâna (« notre seigneur »), naquit à Balkh en Bactriane. Il se rendit à Damas et à La Mecque, et s'installa à Konya, capitale du sultanat seldjoukide de Rom. En contact avec le maître Chamseddin Tabrizi, il définit un rite reposant sur la musique et la danse en vue de communier avec Dieu. L'instrument des derviches mevlevis allait être la flûte oblique (nay ou ney), dont le souffle symbolise le feu. Son fils, Veled Sultan, fonda la secte des derviches tourneurs qui devaient rayonner dans tout l'Empire ottoman et pratiquer le rituel (ayin, sema') illustrant la danse des astres. Ils étendirent leur influence mystique et idéologique sur la cour impériale, se hissant au premier rang des musiciens et compositeurs ottomans. De nos jours, après plus d'un demi-siècle de république turque laïque, les derviches mevlevis forment encore une puissante association d'entraide et de pensée.