qânûn
Le qânûn est une cithare orientale de type psaltérion à cordes pincées. Ses origines semblent gréco-arabes et son essor est lié aux musiques savantes de la culture arabo-irano-turque. C'est une cithare de bois, plate et en forme de trapèze rectangle, dont les multiples cordes, enfilées par le petit côté perpendiculaire aux bases, franchissent un grand chevalet reposant sur quatre ou cinq membranes de peau et aboutissent à un grand sillet de bois disposé en diagonale avant d'être enroulées sur les chevilles. La table d'harmonie est faite de bois fin, ajourée d'ouïes et ornée d'incrustations (fort nombreuses et riches sur les qânûn-s fabriqués en Syrie).
Les cordes, autrefois en boyau, sont désormais en nylon. Elles sont au nombre de soixante-trois à quatre-vingt-dix. Regroupées par chœurs de trois lors de l'accordature, elles produisent de vingt et un à trente notes, soit trois à quatre octaves.
quadrille
Danse de société d'origine française (la contredanse) qui fit fureur pendant tout le XIXe siècle.
Exécuté par quatre couples au moins, qui se faisaient vis-à-vis et évoluaient en carré (d'où son nom), le quadrille se composait généralement de cinq parties ou « figures » d'égale longueur, sur un rythme alternativement binaire et ternaire. La musique, particulièrement entraînante, était souvent empruntée à des airs à la mode arrangés pour les besoins de la cause, mais des compositeurs comme Offenbach et Johann Strauss n'ont pas dédaigné de sacrifier au genre. Adopté par toutes les classes sociales, des bals de cour aux bals populaires, le quadrille a pénétré jusque dans les campagnes américaines sous le nom de « square dance ».
En matière de danse classique, le même terme désigne un groupe de quatre danseurs et quatre danseuses. C'est aussi l'échelon le moins élevé dans la hiérarchie traditionnelle du corps de ballet.
quadrivium (lat. ; « ensemble à 4 voies »)
Terme désignant, dans la pédagogie du Moyen Âge, selon une classification inspirée de saint Augustin et établie au Ve siècle par Martianus Capella, l'étage supérieur de l'ensemble des connaissances spéculatives groupées sous le nom des sept arts libéraux et préparant l'accession à la théologie, science suprême.
Le quadrivium comprenait les quatre arts considérés comme mathématiques : arithmétique, musique, géométrie, astronomie. Il succédait au trivium (ensemble à 3 voies) qui groupait les arts « humanistes », c'est-à-dire relatifs à la science de l'homme : grammaire, dialectique et rhétorique.
La présence de la musique dans un ensemble auquel elle paraît aujourd'hui donner quelque disparate provient des conceptions pythagoriciennes héritées d'Aristote et transmises par Boèce, selon lesquelles, en raison des proportions numériques qui régissent les consonances, on voyait dans le système où elles prenaient place une véritable imago mundi, un reflet des lois régissant le cosmos sous l'autorité des Nombres, de sorte que l'étude de la théorie musicale apparaissait comme une voie détournée pour parvenir à la connaissance de l'Univers. C'est surtout cet aspect spéculatif qu'envisageait l'insertion de la musique dans le quadrivium. Son étude pratique appartenait à une discipline différente que l'on désignait souvent sous le nom de cantus et que les philosophes rangeaient non sans dédain dans une catégorie inférieure, estimant avec Boèce qu'« il est plus grand de savoir ce que les autres font que de faire ce que les autres savent ».
quadruple croche
Note d'une durée égale au huitième d'une croche, soit le seizième d'une noire.
Quantz (Johann Joachim)
Compositeur, flûtiste et théoricien allemand (Oberscheden, Hanovre, 1697 – Potsdam 1773).
Fils d'un forgeron de village, il apprit dans sa jeunesse à jouer de tous les instruments à l'exception de celui qui devait devenir sa grande spécialité, la flûte traversière, étudia le contrepoint à Vienne en 1717, et en 1718, fut nommé hautboïste dans la chapelle polonaise d'Auguste II à Varsovie et à Dresde. De 1724 à 1727, il voyagea en Italie, en France et en Angleterre. Ayant accompagné Auguste II à Berlin en 1728, il y retourna ensuite deux fois par an pour donner des leçons de flûte au prince-héritier Frédéric de Prusse. Devenu Frédéric II, celui-ci appela Quantz à Berlin (1741) et en fit son musicien de chambre et son compositeur de cour. En trente ans, Quantz écrivit pour le roi environ 300 concertos et 200 partitions de musique de chambre pour flûte, auxquels il faut ajouter quelques airs et quelques lieder spirituels. On lui doit aussi divers écrits, parmi lesquels une autobiographie parue dans les Historischkritische Beyträge de Marpurg (1754) et surtout une méthode de flûte (Versuch einer Anweisung die Flöte traversiere zu spielen, Berlin, 1752) qui reste le témoignage le plus complet et le plus riche sur le jeu de cet instrument à la fin de l'époque baroque.
quart de soupir
Figure de silence dont la durée est égale à la valeur d'une double croche.
quart de ton
Comme son nom l'indique, division du ton en 4 ou du demi-ton en 2 intervalles égaux. Mais la définition n'est simple qu'en apparence. Elle n'est en effet applicable telle quelle que dans le tempérament égal, le seul pour lequel tons et demi-tons forment des intervalles constants (ton =, demi-ton =). Ce tempérament, bien que connu dès le XVIIe siècle, n'est généralisé que depuis le XIXe siècle (TEMPÉRAMENT), et dans la musique occidentale seulement.
Avant, et ailleurs, la division des intervalles s'opère selon divers procédés dont le plus important est le cycle des quintes et quartes (rapports 3/2 et 4/3), mêlé depuis le XVIe siècle à des rapports de tierces (5/4 et 6/5). Ils aboutissent à des catégories de tons différents entre eux et introduisent l'irrégularité dans leurs divisions (demi-tons) et subdivisions (quarts de ton, etc.).
Cependant, comme il s'agit de très petits intervalles, et que les différences sont peu sensibles à une oreille moyenne, on a souvent donné le nom de quart de ton à tout intervalle divisant en deux le demi-ton, et de demi-ton (autrefois semi-ton) à tout intervalle divisant le ton en deux, que cette division soit égale ou non et quelle que soit la mesure exacte des tons dans des gammes qui en comportaient plusieurs variétés. Les Grecs anciens donnaient au quart de ton le nom de « diesis », mais ce terme était susceptible de valeurs très différentes, et la question de savoir s'il divisait l'intervalle en valeurs égales était un problème d'école controversé.
Sous ces réserves, et dans l'acception élargie mentionnée, le quart de ton reste exceptionnel dans les musiques étudiées par l'ethnomusicologie. Il apparaît parfois dans certaines échelles, mais presque toujours à titre de resserrement du demi-ton compensé par l'élargissement de l'intervalle voisin. La musique grecque antique est l'une des rares qui connaissent la succession de deux quarts de ton de suite, réservée au genre « enharmonique », mais la compensation n'y est pas moins présente, reportée sur l'intervalle différentiel (tierce majeure) créé par cette succession à l'intérieur de la quarte, de sorte qu'il s'agit moins de quarts de ton que d'un très fort resserrement attractif de degrés mobiles à l'intérieur d'un cadre fixe de quarte juste.
Au Moyen Âge, le quart de ton disparaît de la musique occidentale (les rares indices qu'on a cru trouver de sa survie sont peu convaincants), puis certains humanistes du XVIe siècle tentent artificiellement de le réintroduire dans le cadre de leurs essais pour le « retour à l'antique », sous le nom d'enharmonique. La tentative échoue. Au XIXe siècle, les théoriciens proposeront dans le cadre du tempérament égal une nouvelle définition de l'enharmonie avec quarts de ton théoriques, en continuant le cycle des quintes jusqu'aux doubles altérations :
Cette explication, encore parfois enseignée, ne répond à aucune réalité, notamment dans le système tempéré égal auquel on prétend l'appliquer.
La musique du XXe siècle a parfois procédé à des essais de musique à quarts de ton par division égale du demi-ton tempéré (Hába, Wychnegradsky), et des instruments spéciaux ont été construits dans ce but, notamment des pianos à deux claviers décalés d'un quart de ton. Le plus ancien essai est sans doute tenté à Moscou en 1864. Le compositeur mexicain Julián Carrillo (1875-1965) utilise un clavier unique à l'aspect usuel, mais dont chaque touche est distante de sa voisine d'un seizième de ton, ce qui permet de jouer le quart de ton sous l'aspect d'une tierce majeure.