Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

lamento

Dans l'opéra du XVIIe et du XVIIIe siècle, morceau lyrique dans lequel un héros ou une héroïne exprime son désespoir. On le traduit parfois par lamentation. Le lamento, généralement placé peu avant le dénouement, est souvent écrit sur une basse contrainte, volontiers chromatique, et doit revêtir une grande intensité dramatique.

   Parmi les lamentos les plus célèbres figurent celui d'Arianna, seul morceau subsistant de l'opéra de Monteverdi portant ce titre, celui de Didon dans Dido and Aeneas de Purcell, etc. Après le XVIIIe siècle, quand le lamento eut cessé d'être un morceau d'opéra traditionnel, le terme a été repris sans caractère technique particulier, dans le sens de « chant triste », soit vocal (Lamento de Duparc), soit même instrumental (Lamento d'orchestre servant d'ouverture aux Troyens à Carthage de Berlioz).

Lamoureux (Charles)

Chef d'orchestre français (Bordeaux 1834 – Paris 1899).

Il fut violoniste au Théâtre de la Renaissance tout en travaillant au Conservatoire dans la classe de Girard. Quand il obtint son premier prix (1854), il entra dans l'orchestre de l'Opéra, s'intéressa à l'enseignement et fonda en 1860 avec Édouard Colonne les Séances populaires de musique de chambre. Ayant fait un riche mariage, il disposa d'une fortune personnelle qui favorisa ses nombreuses entreprises musicales. En 1872, il fonda l'Harmonie sacrée, qui révéla aux Parisiens des oratorios de Bach et de Haendel, ainsi que des œuvres contemporaines de Gounod et de Massenet. Nommé chef d'orchestre à l'Opéra-Comique en 1876, il démissionna l'année suivante et passa presque aussitôt au pupitre de l'Opéra, mais ne s'entendit pas avec son directeur, Vaucorbeil, et n'y resta que deux ans.

   En 1881, il créa au théâtre du Château-d'Eau les Nouveaux Concerts, qui se transportèrent plus tard salle Gaveau et devinrent les Concerts Lamoureux. C'est là qu'il donna toute sa mesure. N'ayant de compte à rendre à personne, libre du choix de ses programmes et de ses musiciens, il n'eut plus à réfréner son tempérament autoritaire et perfectionniste. Ses compatriotes et contemporains Lalo, d'Indy, Chabrier, Chausson bénéficièrent de son action énergique, mais aussi Wagner qu'il admira par-dessus tout (il fit chaque année le pèlerinage de Bayreuth). Il loua le théâtre Eden pour conduire, malgré une campagne de la presse nationaliste, la première parisienne de Lohengrin. L'année de sa mort, il loua aussi le Nouveau Théâtre de la rue Blanche, où eurent lieu, sous sa baguette, les dix premières représentations de Tristan et Isolde. Son gendre Camille Chevillard fut son premier successeur à la tête des Concerts Lamoureux.

Lampugnani (Giovanni Battista)

Compositeur italien (Milan 1706 – id. 1786).

Il écrivit pour Milan, Venise et Londres des opéras dans le style sérieux, remarquables notamment par leurs récitatifs. À Londres, il succéda à Galuppi à la tête du théâtre royal de Haymarket et eut lui-même comme successeur Gluck. On lui doit aussi de la musique instrumentale, dont les sonates en trio op. 1 et 2 (Londres, v. 1745).

Landi (Stefano)

Compositeur italien (Rome 1586 ou 1587 – id. 1639).

Élève de Nanino, il fut maître de chapelle à Padoue, puis à Santa Maria dei Monti à Rome (1624), et devint chantre à la chapelle pontificale (comme castrat) en 1629. Il écrivit des madrigaux et de la musique sacrée, mais se tourna aussi vers le style monodique, devenant un pionnier non seulement de la cantate, mais de la musique scénique avec l'opéra pastoral La Morte d'Orfeo (1619) et le drame musical Sant'Alessio (1632).

Landini (Francesco)

Musicien et poète italien (Fiesole ? v. 1330 – Florence 1397).

Il était le fils du peintre Jacopo del Casentino (mort en 1349). Sa vie est mal connue. Atteint de cécité dans son enfance, il abandonna la peinture pour la musique. Surnommé Franciscus caecus ou Francesco Cieco (« François l'Aveugle »), il fut facteur d'orgues, chantre, poète et compositeur, et connut sa plus grande renommée comme organiste. Il eut peut-être comme maître Jacopo di Bologna, et sa carrière se déroula principalement à Florence, où il fut organiste à San Lorenzo de 1365 à sa mort : cela à une époque où cette ville devenait le centre de la vie musicale italienne. Il s'y mêla aux cercles intellectuels gravitant autour de l'Université. Il séjourna aussi à Venise. Il participa à la construction de l'orgue de l'Annunziata à Florence en 1379, et à la rénovation de celui de la cathédrale en 1387. Il fut la principale figure de l'Ars nova italienne, ou plutôt florentine, et joua un rôle comparable à celui de Machaut en France un peu plus tôt. Le quart environ du répertoire de l'Ars nova italienne ayant survécu peut lui être attribué, et de sa renommée témoigne aussi le fait que sa musique fut copiée non seulement à Florence, mais en d'autres endroits d'Italie.

   On a de lui 154 compositions musicales, dont beaucoup sur ses propres textes, parmi lesquelles 141 ballate, dont 91 à deux voix, 42 à trois voix et 8 en deux versions (deux ou trois voix). De ce genre de la ballata, équivalent italien du virelai français, il fut le véritable créateur. On lui doit pour le reste 9 madrigaux à deux voix et 2 à trois voix, et 2 spécimens de caccia. À la différence de celles de Machaut, ses œuvres sont orientées vers la voix : 82 des 91 ballate à deux voix sont des duos vocaux sans accompagnement. Contrairement aux œuvres françaises, travaillées à partir du ténor, les siennes le sont surtout à partir de la voix supérieure. Landini clôt avec éclat le XIVe siècle italien, mais, après lui, la péninsule allait mettre près de cent ans à retrouver une musique vraiment originale.

ländler

Danse populaire à trois temps au parfum paysan (Land, « campagne »), particulièrement répandue en Autriche et en Allemagne du Sud, ancêtre de la valse.

Les « danses allemandes » de Haydn ou Mozart ont en général tout du ländler, sauf le nom, qui fut utilisé pour la première fois dans son appellation moderne vers 1800. Contrairement à Johann Strauss, Joseph Lanner appela ses premières valses « allemandes » (Deutsche) ou Ländler. Le rythme du ländler fut utilisé, notamment, par Bruckner et Mahler dans leurs symphonies, et par Alban Berg dans Wozzeck (4e scène de l'acte II) et dans son concerto pour violon À la mémoire d'un ange.