Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Boesset (Antoine)

Compositeur français (Blois 1586 ou 1587 – Paris 1643).

Élève de Pierre Guédron, dont il devint le gendre et auquel il succéda à la charge de surintendant de la Musique du roi (1622), il fut un des musiciens favoris de Louis XIII, qui le nomma successivement maître de chant des bénédictines de Montmartre, maître des enfants de la musique de la Chambre du roi (1613) et surtout maître de la Musique de la reine (1615). De tempérament lyrique, il lui manqua malheureusement le sens dramatique qui lui aurait permis de mettre ses belles mélodies au service d'un argument suivi. Au contraire, dans de nombreux ballets « à entrées », la musique de Boesset et de ses collègues s'éloigne du courant nettement dramatique établi par Guédron. Mais Boesset vécut au temps des ballets de cour, et sa collaboration à ces spectacles fut parmi les plus importantes, tant par la qualité que par la quantité (la Délivrance de Renaud, 1617 ; Ballet des dandins, 1626 ; Grand Bal de la douairière de Billebahaut, 1626 ; Ballet de la félicité, 1639, etc.). Boesset est un admirable mélodiste, et les textes qu'il met en musique sont souvent tirés de l'œuvre des meilleurs poètes, tels que Tristan, Théophile, Boisrobert ou Racan. Ses airs possèdent un charme irrésistible, une grâce et une harmonie entre poésie et musique qui lui méritèrent le respect de ses contemporains et qui le placèrent au premier rang des musiciens de son époque. Les airs du « vieux Boesset » ont été chantés longtemps après sa mort. Il est l'un des premiers à avoir employé la basse continue en France, et cette technique se rencontre dans ses derniers livres d'airs polyphoniques. Il a laissé en tout 9 livres d'Airs de cour à 4 et 5 parties (1617-1642). Ses airs pour une voix et luth se trouvent dans différents recueils parus chez Ballard entre 1608 et 1643. Il a également composé des messes et des motets à 4 et 5 voix.

   Son fils, Jean-Baptiste (1614-1685), devint surintendant de la Musique en 1644. Des airs de sa composition sont conservés.

Boeswillwald (Pierre)

Compositeur français (Toulon 1934).

Il est collaborateur, depuis 1972, du Groupe de musique expérimentale de Bourges. Sa production, d'abord consacrée presque exclusivement aux moyens électroacoustiques (la Promenade du dimanche, 1970) ; les 3 Tocatannes, 1973-1975 ; Dedans-dehors, 1975), s'ouvre ensuite à des expériences de théâtralisation de la musique par haut-parleurs, faisant intervenir un comédien, des projections, etc. (Homo dixit, 1977). Boeswillwald est un poète en prose de la musique électroacoustique, qui écrit au présent de l'indicatif avec un style bien à lui, familier, vif et aéré.

Boetticher (Wolfgang)

Musicologue allemand (Bad Ems 1914).

Ayant abordé la musique par l'étude du piano, il a donné, très jeune, des concerts. Mais il a renoncé à cette carrière pour se consacrer à la musicologie. À l'université de Berlin, il a été l'élève d'Arnold Schering et de Curt Sachs. Il a publié plusieurs ouvrages sur Schumann et poursuivi des recherches très étendues sur la musique de la Renaissance. Il a aussi préparé des éditions des œuvres de Schumann et de R. de Lassus. En 1956, W. Boetticher a été nommé professeur à l'université de Göttingen, où il enseignait depuis 1949. Parmi ses principaux écrits, on peut mentionner : R. Schumann, Einführung in Persönlichkeit u. Werk (Berlin, 1941) ; O. di Lasso u. seine Zeit (2 vol., Kassel et Bâle, 1959-1969).

Bœuf (Georges)

Compositeur français (Marseille 1937).

Professeur de saxophone, instrument pour lequel il a écrit les deux quatuors Parallèles (1967-68) et l'Image poursuivie (1973), il a été membre du Groupe de musique expérimentale de Marseille, fondé en 1968 par Marcel Frémiot, avant d'en devenir le responsable en 1974. Parmi ces œuvres électroacoustiques, on peut citer : Mémoire (1972), le Départ pour la lune, pour orgue et bande magnétique (1972), Champs (1975), Jusqu'au lever du jour (1977), Du côté du miroir (1977), Phrases, pour flûte et bande (1977). Avec Michel Redolfi, il a conçu et créé Whoops (1re version, 1976 ; 2e version, 1977), première œuvre pour « homo-parleur » (système de diffusion par haut-parleurs « greffés » sur le corps d'interprètes en action), et contribué à la réalisation collective du G.M.E.M., la Mer (1978).

Böhm (Georg)

Compositeur et organiste allemand (Ohenkirchen, près d'Ohrdruf, 1661 – Lüneburg 1733).

Après des études à l'université d'Iéna, il séjourna à Hambourg avant d'occuper, de 1698 jusqu'à sa mort, le poste d'organiste à l'église Saint-Jean de Lüneburg, église où le jeune Johann Sebastian Bach fut choriste en 1700. Il composa 11 suites pour clavecin, une vingtaine d'œuvres pour orgue, 23 lieder spirituels ; 9 cantates et 2 motets lui sont attribués. Influencé par les maîtres de l'Allemagne du Nord, Buxtehude en particulier, il marqua à son tour les organistes allemands du XVIIIe s., dont Johann Sebastian Bach qui l'imita dans ses premières œuvres et lui emprunta un menuet dans le Petit Livre d'Anna Magdalena Bach.

Böhm (Karl)

Chef d'orchestre autrichien (Graz 1894 – Salzbourg 1981).

Parallèlement à des études de droit à Graz, il étudie la musique à Vienne avec Eusebius Mandyczewski. Il devint premier chef d'orchestre à l'opéra de Graz en 1917. Bruno Walter l'engagea à l'opéra de Munich en 1921. Il fut nommé directeur de la musique à Darmstadt en 1927, au Stadttheater de Hambourg en 1931, fut directeur de l'opéra de Dresde, de 1932 à 1942, et de l'opéra de Vienne, de 1943 à 1945 et de 1954 à 1956. Durant cette deuxième période, il fut également premier chef de la Philharmonie de Vienne. Böhm a été l'ami de Richard Strauss, dont il a créé les opéras la Femme silencieuse et Daphné. Il a dirigé les premières représentations de nombreux autres ouvrages, comme Massimilla Doni d'Othmar Schoeck. Il a fait dans le monde entier une carrière aussi brillante comme chef d'opéra que comme chef d'orchestre symphonique. Ses interprétations, qui donnent une impression de perfection, de juste mesure, d'équilibre, sont particulièrement admirées dans les œuvres de Mozart, Beethoven, Richard Strauss, mais aussi Brahms, Wagner et Bruckner. Il a écrit des lieder et de la musique de chambre.