Morton (Robert)
Compositeur anglais ( ? v. 1430 – ? 1476 ou plus tard).
Seul un document de la cour de Bourgogne le désigne comme anglais et aucune des rares informations que nous possédons sur sa vie ne permet d'affirmer sa présence en Angleterre à une époque donnée. Il fut chantre à la chapelle du duc de Bourgogne où il servit d'abord Philippe le Bon de 1457 à 1467, puis Charles le Téméraire de 1467 à 1475, qui le nomma chapelain vers 1471-72. On ne conserve de lui que de la musique profane et huit rondeaux seulement lui appartiennent de source sûre. Un certain nombre de pièces sont d'attribution douteuse, parmi lesquelles deux ballades et un « Motectus ». Toutes ces pièces sont à trois voix.
Moscheles (Ignaz)
Pianiste, compositeur et chef d'orchestre allemand (Prague 1794 – Leipzig 1870).
Élève à Prague de Dionys Weber, puis à Vienne d'Albrechts berger et de Salieri, il résida surtout dans cette ville de 1808 à 1820, réussissant finalement à approcher Beethoven, qui en 1814 le chargea de réduire pour piano la version définitive de Fidelio. Après avoir fait à Berlin, lors d'une de ses tournées comme pianiste, la connaissance de Mendelssohn (1824), il vécut à Londres pendant vingt ans (1826-1846), y jouant un grand rôle comme professeur et comme organisateur de concerts. C'est à lui que le 18 mars 1827, une semaine avant sa mort et en remerciement d'une aide financière venue de la Société philharmonique de Londres, Beethoven adressa sa dernière lettre. Il termina sa vie à Leipzig, où Mendelssohn l'appela en 1846 pour diriger l'enseignement du piano au conservatoire.
Son vaste catalogue (environ 150 numéros d'opus) est dominé par le piano mais non limité à lui. L'époque anglaise est surtout celle des concertos pour piano (huit de 1819 à 1838), des études pour piano et de diverses pages d'orchestre dont une symphonie en ut (1829). De la période de Leipzig datent presque tous les lieder. Certaines Études rejoignent curieusement Schumann (opus 95 nos 4 et 6) et même Brahms (opus 70 no 5). Il fut considéré par le critique Hanslick à la fois comme « un des derniers représentants de l'ancienne virtuosité » et comme « le début d'une nouvelle époque », et par Schumann comme se situant « au premier rang des compositeurs contemporains pour piano ».
Moscou
Capitale de l'U. R. S. S. depuis 1918, Moscou fut aussi la capitale de l'Empire russe entre le XVe et le début du XVIIIe siècle.
Les premiers vestiges de la vie musicale à Moscou remontent à la fin du XVe siècle avec la création d'un chœur de clercs attaché à la cour, qui est à l'origine de la future chapelle impériale (transférée au XVIIIe siècle à Saint-Pétersbourg). Au cours du XVIe siècle, les premiers orgues positifs, importés d'Occident, apparaissent à la cour et chez les nobles. Le règne d'Ivan le Terrible (1530-1584), qui débute en 1547, voit l'un des premiers compositeurs connus, Fedor Krestianin, auteur de chants religieux très ornés. Au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, une véritable école de compositeurs se crée autour de Nicolas Diletsky, qui développe l'art du chant « partesny », vastes œuvres chorales. Mais, en même temps, l'Église part en guerre contre la musique instrumentale populaire, pratiquée par les skomorokhs (bouffons, baladins), et considérée comme païenne. Des charrettes entières d'instruments populaires sont brûlées sur la place Rouge. À la même époque ont lieu des représentations de drames sacrés, les deistva (jeux, actes) à l'image des mystères et miracles occidentaux. Le Pestchnoïe Deistvo (« Jeu de la fournaise ») est représenté à Moscou au début des années 1670. En 1672, le pasteur allemand Johann Gregori fait jouer l'Action d'Artaxerxès. Sous le règne de Pierre le Grand, la priorité est donnée aux grands chœurs panégyriques (kanty) célébrant les victoires et les fêtes patriotiques. Au début du XVIIIe siècle, Moscou reçoit la visite de la troupe théâtrale allemande de Johann Kunst, et de plusieurs ensembles musicaux italiens. À la fin des années 1750, l'entrepreneur italien Giovanni Locatelli fait représenter des opéras bouffes.
Le règne de Catherine II centralise la vie culturelle à Saint-Pétersbourg. Cependant Moscou participe activement au développement social de la musique. Le Tchèque Kerzelli crée la première école de musique ; un éditeur moscovite publie les premières anthologies de musique imprimée. L'année 1776 voit la construction du théâtre Petrovsky, sur la base duquel sera édifié par la suite le théâtre Bolchoï. En 1779, c'est là qu'est représenté le premier opéra-vaudeville russe, le Meunier sorcier, fourbe et marieur de Sokolovski. Jusqu'au milieu du XIXe siècle Moscou continue à céder le pas à Saint-Pétersbourg. Néanmoins les plus prestigieux musiciens étrangers ne manquent pas d'y venir au cours de leurs tournées en Russie : Liszt, Clara Schumann, Berlioz. Le théâtre Bolchoï crée les opéras de Verstovsky (le Tombeau d'Askold, 1835) ; d'autres opéras y sont représentés quelques années après leur création pétersbourgeoise : la Vie pour le tsar (1842) et Rousslan et Ludmilla (1846), de Glinka.
C'est avec la création du conservatoire de Moscou par Nicolas Rubinstein en 1866 que la ville va rapidement reconquérir une place de premier rang dans l'actualité musicale. Face à l'école de Saint-Pétersbourg, issue du groupe des Cinq, une école de Moscou se crée. Sans renier ses origines nationales, elle est cependant nettement plus occidentalisée. Tchaïkovski en est le principal représentant. Il enseigne au conservatoire de 1866 à 1878. Son élève Serge Taneiev forme nombre de compositeurs de la génération suivante, dont Scriabine et Rachmaninov. Entre 1889 et 1905, le conservatoire est dirigé par Safonov, qui fait agrandir l'établissement.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Institut synodal de Moscou entreprend un vaste travail de recherche et de restauration de l'ancien chant religieux, sous la direction de musicologues comme Smolenski, puis Kastalski (début XXe s.). Dans ce domaine, Moscou réalise le retour aux sources nationales, prenant le pas sur l'occidentalisme implanté à la chapelle impériale de Saint-Pétersbourg. En 1885, l'entrepreneur Savva Mamontov fonde le Théâtre d'opéra privé, qui reprend les plus grands opéras du répertoire russe (le Convive de pierre de Dargomyjski, 1886 ; la Khovanchtchina et Boris Godounov de Moussorgski, 1897– 98) et crée plusieurs des derniers opéras de Rimski-Korsakov (la Pskovitaine, version définitive 1896 ; Sadko, 1897 ; la Fiancée du tsar, 1899). C'est au théâtre de Mamontov que Fedor Chaliapine fait ses débuts et que Rachmaninov se produit comme chef d'orchestre. Mamontov fait faillite en 1904, mais le flambeau est repris par l'Opéra privé de Zimine, qui se maintient jusqu'en 1924.
Après la Révolution, Moscou, redevenue capitale, centralise naturellement toutes les forces musicales. C'est là que se développent dans les années 20 les principales tendances de la nouvelle musique soviétique : l'Association pour la musique contemporaine et l'Association russe des musiciens prolétariens. À Moscou se trouve le siège de l'Union des compositeurs soviétiques, fondée en 1932, et la rédaction de la revue Sovietskaïa Mouzyka. Parmi les principaux établissements et organismes musicaux créés sous le régime soviétique, il faut citer : l'Orchestre d'État d'U. R. S. S. (1936), le Théâtre musical (1941), dont le répertoire est souvent plus original que celui du Bolchoï, le Chœur académique russe de Svechnikov (1942), le musée Glinka (1943), l'Institut Gnessine (1944). Le conservatoire de Moscou a compté ou compte actuellement parmi ses pédagogues des personnalités comme Miaskovski, Chostakovitch (composition), Neuhaus, Oborine, Richter, Guilels (piano), Oïstrakh, Kogan (violon), Rostropovitch (violoncelle), Keldych, Protopopov, Kandinski (musicologie), Gauk, Khaïkine (direction d'orchestre). La documentation musicale est conservée en grande partie à la Bibliothèque du conservatoire ou à la bibliothèque Lénine.
L'après-guerre est marquée par le Ier congrès de l'Union des compositeurs soviétiques, qui élit comme président Tikhon Khrennikov. C'est aussi la période d'un sévère rappel à l'ordre des compositeurs considérés comme « formalistes » : Prokofiev, Chostakovitch, Kabalevski, Khatchatourian.
À partir des années 50, Moscou voit la création de nombreux ensembles et organismes musicaux : l'Orchestre symphonique de la philharmonie de Moscou (1953), l'Orchestre de chambre de Moscou (1956), le Théâtre musical pour enfants (1965). En 1958, est fondé le concours Tchaïkovski d'interprétation musicale, ayant lieu tous les quatre ans. Parmi les créations ou les reprises de grandes œuvres scéniques, il faut signaler l'Histoire d'un homme véritable (1960, Bolchoï), le Joueur (1974, id.), la version définitive de Guerre et Paix (1957, th. Stanislavski) de Prokofiev ; la reprise de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch sous le nouveau titre Katerina Ismailova (1963, th. Stanislavski) ; le ballet Spartacus de Khatchatourian (1958, Bolchoï). La création du Théâtre musical de chambre (1970), dirigé par le metteur en scène Boris Pokrobski, a permis la reprise de l'opéra le Nez de Chostakovitch, après plus de quarante ans d'oubli.
Depuis la guerre, Moscou et Leningrad (redevenu en 1991 Saint-Pétersbourg) se partagent les grands noms d'une nouvelle génération de compositeurs. Parmi les Moscovites, il faut citer Rodio Chtchedrine (1932), Alfred Schnittke (1934), Youri Boutzko (1938).