Duprez (Gilbert)
Ténor français (Paris 1806 – id. 1896).
Son nom reste attaché à l'emploi du « contre-ut de poitrine », c'est-à-dire à une manière puissante, héroïque, de chanter les notes extrêmes du registre de ténor, alors que ses prédécesseurs, García, Rubini, Nourrit, etc., avaient recours aux nuances de la voix mixte à partir du sol aigu. Duprez ne fut pas le premier ténor à donner le « contre-ut de poitrine », mais il fut le premier à l'employer systématiquement, par exemple dans Guillaume Tell de Rossini. Il avait débuté à Paris en 1825, sans succès, dans le rôle d'Almaviva du Barbier de Séville. Il se rendit alors en Italie et opta pour une nouvelle technique de voix « sombrée ». L'expérience lui réussit et Donizetti le choisit pour créer le rôle d'Edgardo dans Lucie de Lammermoor (1835). En 1837, il revint à Paris, et, imposant un style héroïque nouveau, triompha dans les ouvrages qu'avait créés Adolphe Nourrit, provoqua la démission de ce dernier et contribua à développer le goût du public pour une vigueur vocale préférée au raffinement des nuances. Il créa Benvenuto Cellini de Berlioz (1838) et la Favorite de Donizetti (1840), mais sa voix ne tarda pas à donner des signes de fatigue. Il se consacra ensuite à l'enseignement. Il eut parallèlement une activité de compositeur (huit opéras, etc.) et écrivit des ouvrages sur le chant (l'Art du chant, 1845).
Dupuis (Sylvain)
Chef d'orchestre et compositeur belge (Liège 1856 – Bruges 1931).
De 1865 à 1876, il fait ses études au Conservatoire de Liège. En 1881, il remporte le Prix de Rome, puis séjourne à Bayreuth et à Paris, où il se lie avec d'Indy. De retour à Liège, il prend en 1886 la direction de la société chorale La Legia, et fonde en 1888 les Nouveaux Concerts symphoniques. De 1900 à 1911, il dirige le Théâtre de la Monnaie à Bruxelles et, de 1911 à 1926, le Conservatoire de Liège. Son activité relie toujours la pédagogie avec le souci de rendre la musique nouvelle accessible à un public populaire, grâce aux sociétés chorales notamment. Comme chef lyrique, il introduit à la Monnaie Wagner, Debussy et les franckistes, et, au concert, il est un des premiers à diriger Mahler. On lui doit les opéras la Cour d'Ognon et Moïna, trois grandes cantates, le poème symphonique Macbeth, des pièces instrumentales et de nombreux chœurs et mélodies.
Dupuy (Martine)
Mezzo-soprano française (Marseille 1952).
Elle étudie le chant au Conservatoire de Marseille, et débute avec de petits rôles à l'Opéra de la même ville. Elle travaille ensuite avec Rodolfo Celletti, professeur de Ruggero Raimondi. Elle se consacre essentiellement au répertoire italien, mais chante aussi, dès 1977, à Lyon, le rôle de Charlotte de Werther. Elle triomphe notamment dans les opéras de Rossini (Semiramis, la Cenerentola, la Donna del Lago). En 1988, elle débute au Metropolitan de New York dans Giuletta des Contes d'Hoffmann. Menant sa carrière avec discernement, elle déclare préférer les rôles mélancoliques ou belliqueux aux personnages limpides comme Rosine du Barbier de Séville, qu'elle délaisse.
dur
Épithète appliquée, dans la langue allemande, au mode majeur (par exemple, C dur signifie do majeur).
durand
Maison d'édition musicale française, fondée en 1869 par M. Schœnwerk et Auguste Durand (mort en 1909), organiste et compositeur.
En 1891, elle devint une société en nom collectif, « A. Durand et Fils », formée entre Auguste Durand et son fils Jacques Durand. Ce dernier, qui fut condisciple de Debussy et de Paul Dukas au Conservatoire de Paris, continua l'œuvre de son père en éditant, outre les œuvres de ces deux compositeurs, celles de la plupart des musiciens français de son temps. Après la mort de Jacques Durand en 1928, son cousin René Dommange (mort en 1977) prit la direction de la maison et lui donna, en 1947, sa raison sociale actuelle, « Durand et Cie ». La société est maintenant dirigée par Mme René Dommange et son neveu Guy Kaufmann.
Le très important catalogue des éditions Durand est surtout remarquable par sa grande homogénéité et par le fait qu'y figure la quasi-totalité des grands compositeurs français de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe : Saint-Saëns, Fauré, Debussy, Dukas, Massenet, Lalo, Ravel, d'Indy, Schmitt, Rabaud, Widor, Ropartz, Roger-Ducasse, Roussel, Caplet, Busser, Bachelet, Aubert, Milhaud, Ibert, Delvincourt, Ferroud, Poulenc, Messiaen, Duruflé, etc.
Outre cette étonnante contribution à la musique contemporaine qui se poursuivit jusqu'aux années 50, les éditions Durand, qui avaient commencé (sous la direction de Saint-Saëns) la publication des œuvres complètes de Rameau entreprise malheureusement interrompue en 1918 , se sont consacrées à l'édition des grands classiques, souvent révisés par des musiciens modernes de renom comme Saint-Saëns, Fauré, Debussy, Dukas.
Durante (Francesco)
Compositeur italien (Frattamaggiore, près de Naples, 1684 – Naples 1755).
Il travailla la musique avec son oncle Angelo au conservatoire de Naples, puis étudia le violon avec G. Francone. Peut-être fut-il également l'élève d'un grand maître, B. Pasquini. Il est curieux de constater que, bien que napolitain, originaire d'une ville où l'opéra fleurissait tout particulièrement, Durante, à l'exception de chœurs composés pour la tragédie Flavio Valente, n'a pas écrit pour le théâtre. En revanche, ses duos de chambre (pour 2 voix et basse continue) sont remarquables par leur originalité et leurs audaces harmoniques. En fait, ces œuvres furent destinées à l'enseignement, comme en témoigne, dans leur titre, la mention : « … Per imparare a cantare » (« Pour apprendre à chanter »).
Sa musique religieuse, importante, comprend les oratorios La Cerva assetata (1719), Abigaile (1736), San Antonio di Padova (1753), 13 messes dont deux Requiem, des psaumes, des motets, des antiennes et des litanies. Comme Alessandro Scarlatti, il a écrit des madrigaux à une date où le genre tombait quelque peu en désuétude. Pour les instruments, il a composé des sonates, des pièces pour clavecin (Toccate), des concertos, ainsi que 8 quatuors concertants pour cordes. Son œuvre est immense et 62 volumes manuscrits sont conservés à la Bibliothèque nationale de Paris.
Dans sa musique, Francesco Durante usa du contrepoint avec élégance, maîtrise et aisance ; l'aspect mélodique reste essentiel ; il est parfois teinté de sentimentalité, comme en témoigne par exemple le célèbre air de dévotion Vergin tutt'amor, que Parisotti a publié dans ses Arie antiche. Si Durante n'a pas été un compositeur particulièrement original, il fut généralement considéré par ses contemporains comme un excellent pédagogue. Il forma Traetta, Sacchini, Piccinni, Egidio Duni, Paisiello, Pergolèse, Jommelli. En prenant en considération ses élèves qui, paradoxalement, devaient tous consacrer la majeure partie de leur carrière au théâtre lyrique, on cite souvent aujourd'hui Durante comme le fondateur de l'école napolitaine.