Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
D

Danzi (Franz)

Compositeur allemand (Mannheim 1763 – Karlsruhe 1826).

Fils d'un violoncelliste de l'orchestre de Mannheim, élève de l'abbé Vogler, il resta dans sa ville natale lorsque l'orchestre partit pour Munich en 1778 et ne l'y rejoignit qu'en 1783. Il voyagea à partir de 1791 en Italie et en Allemagne, puis revint à Munich, mais la mort de sa femme (1800) et des difficultés avec son collègue Peter von Winter le poussèrent à quitter cette ville. Il fut de 1807 à 1812 maître de chapelle à Stuttgart, où il connut Weber, puis à Karlsruhe jusqu'à sa mort. On lui doit des cantates, des opéras comme Die Mitternachtsstunde (Munich, 1788), Der Kuss (Munich, 1799), Iphigenie in Aulis (Munich, 1807) ou Rübezahl (Karlsruhe, 1813), des lieder, des quintettes à vent demeurés célèbres, des symphonies concertantes, de la musique de chambre (en particulier pour violoncelle), etc. Il a exercé sur Weber une influence assez nette.

danzon

Danse cubaine tombée en désuétude à la fin du XIXe siècle et qui était peut-être une variante de la contredanse française.

Elle fut longtemps très populaire, et les Noirs pouvaient improviser librement sur son rythme à 2/4, marqué par les timbales.

Dao (Nguyên Thien Dao, dit)

Compositeur vietnamien (Hanoi 1940).

Il a fait ses études au Conservatoire de Paris, en particulier avec Olivier Messiaen, a travaillé également avec le Groupe de recherches musicales de l'O. R. T. F., s'est fait connaître avec Tuyen Lua pour flûte, piano, quatuor à cordes et une percussion, dont la création au festival de Royan de 1969 suscita de violentes controverses, et a obtenu en 1974, avec Mau Va Hoa pour grand orchestre, le prix de composition Olivier-Messiaen.

   Héritier de deux civilisations, Dao a poussé ses recherches dans la triple direction du rythme ­ rythme extra-humain ne découlant pas du rythme cardiaque et dont les tempos, extrêmement lents et extrêmement rapides, sont issus de la conception cosmique du rythme oriental et de la formidable technicité du XXe siècle ­, de la fréquence suspensive ou du non-tempérament (la hauteur de chaque son étant en constante mobilité dans les registres très graves et très aigus) et du silence-méditation (comme articulation du discours musical, le silence permettant « de me transporter dans un autre espace, ailleurs »). Sa musique oscille souvent entre une immobilité aux limites du silence et une extrême violence. Son catalogue, d'une trentaine d'œuvres, comprend notamment : The 19 pour 4 voix de femmes, ensemble instrumental, 5 percussions et ondes Martenot (créé au festival de Royan de 1970) ; Bat Khuat pour 5 percussionnistes (1969, créé en 1970) ; Khoc To Nhu pour 12 voix mixtes a cappella (1971) ; Koskom pour grand orchestre (1971) ; May pour 1 percussionniste (créé à Royan en 1974) ; Ba MeViêt-nam pour contrebasse et ensemble instrumental, œuvre fixée dans tous ses détails (1974) ; Phu Dong pour voix, percussion et quintettes de cuivres, œuvre ouverte inspirée d'une ancienne légende vietnamienne (1973) ; Gio Dong (1973) pour voix seule, sur des textes de la littérature vietnamienne du XIVe siècle à nos jours ; Framic pour flûte basse seule (1974) ; Camatithu pour 6 percussionnistes (1974) ; Giai Phong pour grand orchestre et dispositif électroacoustique (1974-1976) ; Ten Do Gu, concerto pour percussion (1980) ; Hoang Hon, cycle de mélodies pour soprano et orchestre (1980) ; Blessure/Soleil, concerto pour clarinette et orchestre de chambre (1983) ; Symphonie pour pouvoir, commande de Radio France pour le bicentenaire de la Révolution (1989) ; deux opéras, My Chan Trong Thuy, créé à la Salle Favart à Paris en décembre 1978 et relatant un ancien épisode des guerres entre Chine et Viêt-nam, et Écouter-Mourir, créé à Avignon le 24 juillet 1980 et traitant, d'après une vieille légende, de la place de la musique dans les relations humaines ; Quatuor à cordes no 1 (1991) ; les Perséides pour soprano et sextuor à cordes (1992).

darabuka
ou darbuka
ou derbake
ou tabla

Tambour-calice utilisé dans le monde arabo-islamique.

En forme de cruche en terre ou en cuivre, il est recouvert d'une membrane en peau. On en joue avec les paumes et les dix doigts des deux mains. La percussion au centre donne un temps « gras » (dum) et la percussion à la périphérie donne un temps « sec » (tak ou tek). La hauteur du son émis peut être modifiée par pression exercée sur la membrane ou en réduisant la surface appelée à vibrer. On peut encore modifier le son en introduisant l'avant-bras gauche dans le calice, réduisant ainsi le volume d'air vibrant.

D'Aranyi (Jelly)

Violoniste anglaise d'origine hongroise (Budapest 1893-Florence 1966).

Petite-nièce de Joseph Joachim et sœur cadette de la violoniste Adila Fachiri, qui sera sa partenaire, elle reçoit sa formation à l'Académie royale de Budapest. Une extrême virtuosité, alliée à un son âpre et audacieux, la désigne comme l'interprète idéale de la nouvelle musique hongroise. De là viennent les dédicaces d'œuvres majeures qu'elle crée et qui jalonnent sa carrière. Ainsi les deux sonates pour violon et piano de Bartók, qu'elle joue avec le compositeur, à Londres, en 1922 et 1923, et Tzigane de Ravel, qu'elle crée en 1924.

   Établie en Angleterre dès 1925, elle consacre une grande part de son activité à la musique de chambre, jouant les trios de Haydn et de Beethoven, ou des sonates classiques avec la pianiste Myra Hess. Elle inspire également des compositeurs anglais : en 1925, Ralph Vaughan-Williams lui dédie son Concerto Academico, et, en 1930, elle crée avec sa sœur le Double Concerto de Gustav Holst. En 1938, elle crée en Angleterre le Concerto pour violon de Schumann. Elle apparaît une dernière fois avec Adila Fachiri en 1960, pour une exécution du Concerto pour deux violons de Bach.

Darasse (Xavier)

Organiste et compositeur français (Toulouse 1934 – id. 1992).

Il a été élève du Conservatoire de Paris, dans les classes d'harmonie, de contrepoint, de fugue, d'orgue et improvisation, d'analyse musicale et de composition, avant d'obtenir le premier grand prix de Rome, en 1964. Grand prix d'exécution et d'improvisation des Amis de l'orgue, il commença une brillante carrière d'exécutant, marquée par l'originalité de ses interprétations du répertoire baroque et par sa curiosité pour tout le répertoire contemporain et les nouvelles techniques de jeu ­ c'est ainsi qu'il donna une transcription personnelle des Variations pour piano op. 27 de Webern. Mais un grave accident devait le conduire à renoncer à ses activités de concertiste, pour se consacrer à l'enseignement de l'orgue et de l'écriture et à la composition. Il est notamment l'auteur d'une grande pièce pour orgue, Organum I (1970), dédiée à son maître Olivier Messiaen. Il a dirigé en 1991-92 le C.N.S.M. de Paris.