Janequin (Clément)
Compositeur français (Châtellerault v. 1485 – Paris 1558).
On ignore tout de la jeunesse et de la formation de cet ecclésiastique rarement inspiré par le culte divin. Peut-être fut-il attaché à la maîtrise de Notre-Dame de Châtellerault. Il passa une longue période de sa vie dans le Bordelais, fréquentant les cercles humanistes de Lancelot du Fau, vicaire général de l'archevêché (1505-1523), de Jean de Foix, archevêque de Bordeaux, et de l'avocat Bernard de Lahet. De modestes prébendes il fut chanoine de Saint-Émilion (1525), curé de Saint-Michel de Rieufret (1526), curé de Saint-Jean de Mezos (1530), doyen de Garosse (1530) ne pouvant compenser la perte des avantages dont l'avait privé la mort de son protecteur Jean de Foix (1529), il gagna l'Anjou (1533), où son frère résidait. Curé de Brossary à partir de 1526, il devint chapelain de la cathédrale d'Angers (1527) et fut nommé maître de la psalette (1534). Alors s'ouvrit pour lui la période la plus fructueuse sur le plan de la composition. Il publia cent vingt-cinq chansons, dont certaines sont des arrangements, et un recueil de motets (perdu). À Angers, où le protégeait François de Gondi, seigneur des Raffoux, il décida d'entreprendre, en 1548, à plus de soixante ans, des études universitaires qu'il poursuivit à Paris où il s'installa en 1549. Il gagna la protection du cardinal Jean de Lorraine, celle du duc François de Guise, dont il célébra les succès militaires (la Guerre de Renty, le Siège de Metz) et qui lui accorda le titre de chapelain. En 1555, son talent sembla enfin reconnu : il fut nommé chantre de la Chapelle du roi, puis, en 1558, compositeur ordinaire du roi. Reconnaissance bien tardive, puisqu'il mourut pendant l'hiver 1558 sans jamais avoir joui de l'aisance matérielle. Pourtant, en 1541, Janequin était déjà une valeur si sûre que l'imprimeur Gardane à Venise se servait de son nom comme appel de vente. Et la Guerre (v. 1528), plus tard baptisée Bataille de Marignan, connut une ample diffusion qui se prolongea jusqu'au début du XIXe siècle.
L'œuvre religieuse de Janequin, certes, de dimension restreinte, est aujourd'hui fort amputée : tous ses motets, à une exception près, sont perdus ; les deux messes sont d'attribution douteuse ; trois parties manquent aux 82 Psaumes de David (1559), dédiés à la reine et bâtis sur des mélodies calvinistes. Ce fut d'ailleurs à la fin de sa vie qu'il privilégia une orientation spirituelle, négligeant, alors, quelque peu le genre dans lequel il était passé maître : la chanson profane, dont nous conservons environ 250 exemplaires publiés à partir de 1520. Dans ce cadre étroit, Janequin se sentit particulièrement à l'aise, collant étroitement au texte de forme libre pour le commenter. Spontanément, avec une joie débordante, il dit l'amour de la nature sous toutes ses formes : celle du Bel Aubépin verdissant (Ronsard), les plaisirs de la table (Quand je bois du vin clairet) ou les réalités charnelles (Au joli jeu du pousse avant, Un jour Robin, Petite Nymphe folastre), sans négliger la veine lyrique (Ô doux regard, l'Amour, la Mort et la Vie) et même courtoise, où se mêle parfois la pointe de préciosité chère à Mellin de Saint-Gelais. Si Janequin excelle dans les fresques descriptives, nullement les plus nombreuses (la Guerre, les Cris de Paris, le Caquet des femmes, le Chant des oiseaux), c'est qu'il sait admirablement faire de la chanson un théâtre en miniature. Il lui imprime une vie débordante en mettant l'accent, d'abord sur le rythme, et ensuite, seulement, sur l'invention mélodique. La déclamation y est syllabique, les phrases musicales y sont courtes, comme les imitations serrées qui passent d'une voix à l'autre, les mélismes généralement absents. Ce sont d'ailleurs les caractéristiques de la chanson parisienne dans son ensemble, au cours de la première moitié du XVIe siècle. L'emploi des onomatopées témoigne d'une écoute attentive du quotidien et d'un sens ineffable du jeu rythmique (ainsi, dans l'Alouette à laquelle C. Le Jeune a ajouté une cinquième voix pour l'incorporer dans son Printemps). Pour la Guerre, Janequin a recherché les phonèmes propres à traduire le choc des armes. Quant à Ô doux regard, cette pièce montre la mobilité harmonique du discours de Janequin, son souci de la couleur dans un climat tout de raffinement et de sensibilité.
Janiewicz (Felix)
Compositeur, violoniste et chef d'orchestre polonais (Vilno 1762 – Édimbourg 1848).
Il fut d'abord violoniste dans l'orchestre royal de Stanislas August Poniatowski à Varsovie. Il alla à Vienne en 1785, où il rencontra Mozart et il y fut l'élève de Haydn. Il fit des voyages à Paris et en Italie avant de s'installer en Angleterre en 1792. Il joua un rôle très actif dans la vie musicale britannique, participant aux mêmes concerts que Haydn en 1794, constituant une bibliothèque musicale à Liverpool en 1803 et contribuant à l'organisation de nombreux festivals musicaux (dont celui d'Édimbourg). Janiewicz fut aussi l'un des cofondateurs de la Société philharmonique de Londres.
Son style classique fait cependant référence aux danses populaires polonaises (mazurka, krakowiak). Son œuvre est essentiellement instrumentale : six divertimentos pour cordes, trios, cinq concertos pour violon.
Janigro (Antonio)
Violoncelliste et chef d'orchestre yougoslave (Milan 1918 – id. 1989).
Élève de G. Crepax au conservatoire de Milan, puis de D. Alexanian à l'École normale de musique de Paris, il entra dans la carrière dès l'âge de seize ans et avait déjà fait plusieurs tournées dans le monde quand il se fixa à Zagreb en 1939. Professeur au conservatoire de cette ville jusqu'en 1953, il fonda en 1954 les Solistes de Zagreb, ensemble de douze musiciens, dont la réputation fut bientôt internationale, et dirigea aussi, à partir de 1953, l'orchestre de chambre de Radio-Zagreb. Nommé professeur de violoncelle au conservatoire de Düsseldorf en 1965, il fut aussi le successeur de Karl Ristenpart, trois ans plus tard, à la tête de l'Orchestre de chambre de la Sarre.