estampie (en occitan estampida)
Essentiellement associée à la danse, l'estampie est, selon l'une des définitions conservées, datant de la fin du XIVe siècle, une mélodie à danser mais comportant des paroles, et, selon une autre, une danse instrumentale sans texte poétique.
Populaire au Moyen Âge, elle semble trouver son origine à la fin du XIIe siècle. Le terme proviendrait du germanique stampjan (« frapper ») et c'est justement par un accompagnement de battements de pieds et de mains qu'on aidait les jongleurs instrumentistes et joueurs de vièles à donner à cette danse son rythme enlevé caractéristique. Le sujet le plus souvent évoqué était l'amour, et l'estampie faisait partie du répertoire des troubadours. La première pièce connue du genre, peut-être une adaptation, a été composée vers 1190 ; il s'agit du célèbre Kalenda maya de Raimbaud de Vaqueiras, troubadour provençal.
Esterházy
Famille noble hongroise, elle est passée dans l'histoire de la musique essentiellement pour avoir eu Haydn à son service, d'abord comme vice-maître de chapelle (1761-1766), puis comme maître de chapelle (1766-1809).
Originaire de l'est de la Hongrie, elle dut sa fortune au soutien que, dans les luttes politiques du XVIIe siècle, elle apporta aux Habsbourg. D'eux, elle obtint pour son chef la dignité de baron en 1613, de comte en 1626 et de prince en 1687. Cette dernière dignité devint héréditaire en 1712, et fut attribuée à tous les membres de la branche aînée en 1783.
Le fondateur de la fortune des Esterházy fut Nicolas (1583-1645) qui, en compensation de domaines perdus à l'est, reçut en 1622 la souveraineté sur Eisenstadt (en hongrois Kismarton), et en 1626 sur Forchtenstein, localités alors à l'ouest de la Hongrie, et actuellement à l'est de l'Autriche. Il eut comme successeurs ses deux fils Ladislas (1626-1652) et Paul (1635-1713). Ce dernier, nommé palatin de Hongrie en 1681, jeta en 1674 les bases de la chapelle que devait illustrer Haydn, et fut non seulement mécène éclairé, mais aussi compositeur : en 1711 parut à Vienne son Harmonia caelestis, recueil de 55 cantates sacrées (dont 40 en solo, 6 en duo et 9 chorales) couvrant toute l'année ecclésiastique. Il fit d'autre part d'Eisenstadt un centre culturel important. Ses deux fils Michel (1671-1721) et Josef (1687-1721) lui succédèrent. À la mort de Josef, son fils Paul II Anton (1711-1762), qui devait engager Haydn en 1761, était mineur. La régence fut exercée jusqu'en 1734 par sa mère Maria Octavia (1686-1762), veuve de Josef : ce fut elle qui, en 1728, engagea comme maître de chapelle Gregorius Werner (1693-1766), le prédécesseur de Haydn.
Quatre princes Esterházy eurent Haydn à leur service : après Paul II Anton, son frère Nicolas Ier, dit Nicolas le Magnifique (1714-1790), puis Anton (1738-1794), fils du précédent, et enfin Nicolas II (1765-1833), fils d'Anton. Le principal des quatre fut Nicolas Ier, qui, dans les années 1760, se fit construire dans la plaine hongroise un château qu'il baptisa Esterháza, qu'il rendit digne de Versailles, et dont il fit sa résidence principale à la place de celui d'Eisenstadt (cela tout en conservant son palais à Vienne). Haydn le servit pendant vingt-huit ans, et c'est sous son règne que la splendeur des Esterházy atteignit son apogée. Anton n'aimait pas la musique : il retourna à Eisenstadt, congédia la troupe d'instrumentistes et de chanteurs entretenue par son père et pensionna Haydn, qui put alors accomplir ses deux voyages à Londres. Quant à Nicolas II, il reconstitua une troupe et rappela Haydn à son service, tout en commandant des ouvrages aux autres compositeurs de l'époque (Messe en ut de Beethoven en 1807). Dernier prince Esterházy à entretenir une chapelle importante, il comptait parmi ses fonctionnaires le père de Franz Liszt, également violoncelliste dans son orchestre. Il eut comme successeurs Paul III (1785-1866), Nicolas III (1817-1894), Paul IV (1843-1898), Nicolas IV (1869-1920), et enfin Paul V (Dr Paul Esterházy), douzième et dernier prince de la lignée directe, né en 1901 et mort sans descendance en 1989, après n'avoir disposé, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que de ses biens situés en Autriche (dont les châteaux d'Eisenstadt et de Forchtenstein), et plus de ceux situés en Hongrie (dont le château d'Eszterháza). C'est lui qui, en 1932, fit élever à Haydn dans la Bergkirche d'Eisenstadt un mausolée où le compositeur est inhumé depuis 1954. Parmi les membres de la branche cadette, le comte Franz (1717-1785), pour les funérailles duquel Mozart écrivit sa Musique maçonnique funèbre (ou Ode funèbre) K. 477, et le comte Karl (1775-1834), qui engagea Schubert pour donner des leçons à ses filles.
Esteve (Pablo)
Compositeur espagnol (Catalogne, peut-être Barcelone ?, v. 1730 – Madrid 1794).
Venu à Madrid vers 1760 comme maître de chapelle d'une maison ducale, il ne tarda pas à devenir le compositeur en vogue des théâtres madrilènes. Il écrivit plusieurs centaines de tonadillas, des zarzuelas, une foule de petites œuvres scéniques diverses, et des adaptations d'opéras italiens, par exemple de La Buona Figliola de Piccinni. Son œuvre, vite oubliée, fut redécouverte par Pedrell et Joaquín Nin.
Estrella (Miguel Ángel)
Pianiste argentin (San Miguel de Tucuman 1936).
Il commence ses études musicales en 1955 au Conservatoire de Buenos Aires avec le pianiste Oreste Castronuovo et les poursuit auprès de Celia de Bronstein et des compositeurs Erwin Leuchter et Jacobo Fischer. De 1965 à 1970, grâce à des bourses et prix obtenus dans des concours internationaux, il réside en Europe, principalement à Paris et Londres. Il y a travaille avec M. Long, V. Perlemuter, T. Osborne, M. Curcio, M. Tagliafero, Y. Loriod. De 1968 à 1971, il est l'élève de Nadia Boulanger. La première partie de sa carrière se déroule en majeure partie en Amérique latine. En 1977, il est emprisonné et torturé en Uruguay pour avoir accueilli un opposant au régime en place. Grâce à l'action d'un comité de soutien présidé par Nadia Boulanger, Yehudi Menuhin et Henri Dutilleux, il est libéré en 1980 et vit depuis en France. Il a publié en 1983 Musique de l'espérance.