Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Herder (Johann Gottfried)

Écrivain et poète allemand (Mohrungen, Prusse-Orientale, 1744 – Weimar 1803).

Il étudia la musique, puis la théologie à Königsberg, où il put entendre Kant et se lier avec un précurseur du Sturm und Drang, J. G. Hamann. Pasteur et professeur à Riga, il se rendit ensuite en France, où il fit la rencontre de Goethe, dont il devint le maître. Entre 1771 et 1776, il fut prédicateur à la cour de Bückebourg ; il termina sa vie à Weimar. Il fut un théoricien du Sturm und Drang dès la naissance de ce courant. Dans son ouvrage Kalligone, paru en 1800, il développa l'idée nouvelle que le sentiment participe à l'appréciation esthétique. Avec son anthologie Stimmen der Völker in Liedern (Tübingen, 1807 ; rééd., Leipzig, 1954), il affirmait que le Volkslied, unissant la puissance expressive de la poésie à celle de la musique, réalisait la forme la plus achevée de l'œuvre d'art authentique tandis que l'opéra contemporain, qui associait des textes pauvres à une musique descriptive trop rigide dans sa forme, trahissait la disparité des sentiments exprimés. Il conçut donc un drame musical dans lequel la poésie, la musique, l'action et les décors étaient étroitement unis, et il écrivit selon ce principe plusieurs livrets d'opéra, dont Brutus (1772), destiné à Gluck et mis en musique par Johann Christoph Friedrich Bach (perdu). Voulant, d'autre part, concilier l'esprit nouveau du XVIIIe siècle et la tradition chrétienne, il fut l'auteur de trois livrets d'oratorio mis en musique par J. C. F. Bach ­ Die Kindheit Jesu (1773), Die Auferweckung des Lazarus (1773), Der Fremdling auf Golgotha (1776, perdu) ­ et de plusieurs cantates. Considérant que la musique permet de communiquer avec l'invisible ou l'irrationnel, Herder lui accorde une place privilégiée. Il contribua à l'essor de l'esthétique et à la renaissance du lied en Allemagne, écrivit de nombreux ouvrages consacrés à la musique et eut une grande influence sur les romantiques. Parmi les musiciens, Brahms utilisera une des ballades de son recueil pour la Ballade op. 10 no 1 et Liszt composera des chœurs sur son Prométhée.

Hermanson (Åke)

Compositeur suédois (Mollösund 1923 – Stockholm 1996).

Élève de H. Rosenberg, il a écrit en particulier deux symphonies, Invoco pour cordes (1958-1960), Suoni d'un flauto (1961), In nuce (1962-63), Alarme pour cor solo (1969) et Ultima 71 (1972) pour orchestre. D'un tempérament sévère et introverti, il est parfois monumental (Symphonie no 1), mais il est capable aussi d'agressivité (In nuce).

Hérold (Louis Joseph Ferdinand)

Compositeur français (Paris 1791 – id. 1833).

Il commença à travailler la musique avec son père, qui avait été l'élève de Carl Philipp Emanuel Bach, et fit de sérieuses études secondaires avant d'entrer au Conservatoire de Paris dans la classe de piano de Louis Adam. Après son premier prix de piano, il travailla l'harmonie avec Catel, la composition avec Méhul et triompha au concours de l'Institut (prix de Rome en 1812). Il séjourna trois ans à Rome, puis un an à Naples, où il eut comme élèves les fils du roi Murat. Il se lia avec Paisiello, Mayr, Zingarelli et fit représenter en 1815 à Naples un opéra italien, la Jeunesse d'Henri V. Il revint à Paris, où il trouva l'appui de Boieldieu. Celui-ci l'associa à la composition d'un ouvrage de circonstance, Charles de France (1816), qui le fit avantageusement connaître dans la capitale. En 1819, Hérold écrivit d'après J. de La Fontaine une partition sur le livret des Troqueurs, déjà mis en musique par Dauvergne en 1753. Il s'intéressa essentiellement à la musique de théâtre. Il a le sens de la scène, son harmonie est habile, et il eut dans ce domaine des effets assez hardis pour l'époque. Ses premiers opéras eurent cependant peu de succès. Constatant, par contre, le triomphe des opéras de Rossini, Hérold se mit à écrire des imitations d'opéras bouffes (le Muletier, 1823 ; le Lapin blanc, 1825). Cependant, il revint bientôt à son style propre, bien français, en composant Marie (1826) sur un livret de Planard, qui fut son premier grand succès. Respectant désormais l'esthétique de Boieldieu, il fut néanmoins touché par celle de Gluck et conquis par celle de Mozart. Dès lors, ses œuvres prirent un tour plus solide et sérieux, avec Zampa (1831) et le Pré aux clercs (1832), ses deux titres de gloire, auxquels on pourrait ajouter un ballet qui a continué à jouir d'une certaine vogue au XXe siècle : la Fille mal gardée (1828).

Herreweghe (Philippe)

Chef de chœur belge (Gand 1947).

Dès l'âge de sept ans, il appartient à un chœur d'enfants dont il devient le répétiteur à quatorze ans. Il étudie le piano au Conservatoire de Gand avec Marcelle Gazelle. Après des études de médecine et un début de spécialisation en psychiatrie, parallèlement à l'étude de l'orgue, il revient à son projet initial d'être musicien et approfondit sa connaissance de la musique ancienne. En 1969, il fonde un petit ensemble vocal qui devient le Collegium vocal de Gand. Sa rencontre dans la même période avec Ton Koopman est décisive et les mène à des réalisations communes, remarquées par Gustav Leonhardt. Il étudie alors le clavecin au Conservatoire de Gand dans la classe de Johann Huys et obtient son prix en 1975. De la rencontre avec le musicologue Philippe Beaussant naît l'ensemble vocal puis l'orchestre de la Chapelle royale, qui se consacrent aux répertoires baroque et classique. En 1977, P. Herreweghe commence à diriger aussi le Chœur de Liège. En 1988, il prend la direction du Nouvel Ensemble vocal européen et en 1991 celle de l'Orchestre des Champs-Élysées, créé à son intention. Il a fortement contribué au renouvellement de l'interprétation baroque, proposant une conception nouvelle de l'articulation, du phrasé et de l'expressivité, dans les œuvres de Bach en particulier. Il est directeur artistique de l'Académie musicale de Saintes.

Herrmann (Bernard)

Compositeur et chef d'orchestre américain (New York 1911 – Hollywood 1975).

Après des études à l'université de New York et à la Juilliard School, il occupa des postes musicaux importants à la Columbia Broadcasting Company (C. B. S.). Il a écrit une symphonie (1940), un concerto pour violon, l'opéra Wuthering Heights (« les Hauts de Hurlevent », 1940-1952), mais il reste surtout célèbre par ses musiques de film, en particulier celles pour Citizen Kane (1940) d'O. Welles, Vertigo (1958), la Mort aux trousses (1959) et les Oiseaux (1963) d'A. Hitchcock, Fahrenheit 451 (1966) et La mariée était en noir (1967) de F. Truffaut.