Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Diepenbrock (Alphonse)

Compositeur néerlandais (Amsterdam 1862 – id. 1921).

Docteur de l'université d'Amsterdam, mais autodidacte en musique, il étudia seul les chorals de Bach, les quatuors de Beethoven, les œuvres de Palestrina et des maîtres du XVIe siècle, en particulier de Sweelinck. Professeur de latin et de grec à Bois-le-Duc, il commença à composer dans un style personnel où une mélodie librement issue du grégorien rejoint la solide facture de Bach (Missa in die festo, 1890). Peu après, la découverte du chromatisme wagnérien l'orienta vers une nouvelle syntaxe grâce à laquelle il put faire écho à ses goûts littéraires (Hölderlin, Novalis, Nietzsche) dans de nombreuses pages chorales qui ne sont pas sans grandeur. En 1910 enfin, et après qu'il eut découvert Franck et Fauré, Debussy contribua à l'éloigner de Wagner, et le contact avec la poésie française (de Baudelaire à Verlaine) fut à l'origine de mélodies marquées par l'influence impressionniste. Ses dernières partitions sont des musiques de scène, également influencées par Debussy, et où il renouait avec son humanisme féru d'Antiquité (les Oiseaux, Électre).

   Il est le premier compositeur d'envergure dans son pays depuis Sweelinck, et le premier Néerlandais qui ait pris une part entière aux mouvements intellectuels européens de son temps. Mahler était son ami et Schönberg le tenait en haute estime. Bien que n'ayant eu aucun disciple, il eut une influence considérable sur le développement de la musique de son pays.

Dies (Albert Christoph)

Peintre et écrivain allemand (Hanovre 1755 – Vienne 1822).

Il se rendit à Rome en 1775, et voyagea en Italie, où il rencontra Goethe et se spécialisa dans la peinture de paysages. Installé à Vienne en 1797 et en 1805, il se vit commander par le prince Nicolas II Esterházy une série de tableaux représentant le jardin à l'anglaise de son château d'Eisenstadt. De 1805 à 1808, en trente entretiens avec Haydn, il réunit le matériau de ses Biographische Nachrichten von Joseph Haydn nach mündlichen Erzählungen desselben entworfen und herausgegeben (« Récits biographiques de Joseph Haydn réalisés et édités d'après des communications orales de ce dernier », Vienne, 1810 ; rééd. Berlin, 1959), une des trois « biographies authentiques » de ce compositeur.

dies irae, littéralement « jour de colère »

L'une des 5 proses ou séquences conservées par le concile de Trente et affectée à la messe des morts ou requiem.

Attribuée à Thomas de Celano, moine franciscain de la première moitié du XIIIe siècle, elle se divise en 2 parties séparées par une strophe « orpheline » (c'est-à-dire sans répétition mélodique symétrique), reprenant la mélodie de la 1re strophe (Rex tremendae majestatis). La première partie (str. 1 à 6) décrit avec une grande richesse de coloris les terreurs du Jugement dernier, lorsqu'une « trompette au son effrayant » (Tuba mirum spargens sonum) ressuscitera les morts pour les faire comparaître. La seconde partie (str. 7 à 16) implore la clémence divine. Une « coda » en 2 strophes orphelines (depuis Lacrimosa) n'appartenait pas à la version primitive.

   Le Dies irae a été souvent mis en musique par les compositeurs, soit isolément, soit dans le cadre des messes de requiem (Palestrina, Victoria, Legrenzi, Lully, etc.). Les romantiques l'ont considéré comme le prototype du plain-chant et en ont souvent utilisé le thème initial, avec ou sans allusion funéraire (Berlioz, Symphonie fantastique ; Saint-Saëns, Symphonie avec orgue, etc.). Au XIXe siècle, peut-être même plus tôt, on lui adjoignit pour remplacer les versets pairs un faux-bourdon qui a été utilisé à titre allusif par les compositeurs, au même titre que la mélodie de plain-chant (Liszt, Danse macabre). Le Tuba mirum, confié sans doute pour la première fois au trombone par Mozart (Requiem), a servi en quelque sorte de pierre de touche aux orchestrateurs : Berlioz et Verdi notamment s'y sont illustrés ; Fauré, en revanche, n'a pas inclus le Dies irae dans son Requiem (REQUIEM).

dièse
ou dièze

Signe d'altération placé devant une note pour la hausser d'un demi-ton ; le mot adjectivé peut s'adjoindre au nom de la note altérée (par exemple, do dièse).

Le signe du dièse est celui qu'avait autrefois le bécarre dans une graphie cursive (b minuscule carré, avec prolongement des hampes). Jusqu'au XVIe siècle, en effet, le dièse et le bécarre étaient confondus sous le nom de bécarre et désignaient la position haute de certaines notes mobiles, formant un ton avec la note inférieure, tandis que le bémol désignait leur position basse, formant seulement un demi-ton. L'abandon de la solmisation ayant fait disparaître les dénominations mobiles pour ne conserver que les noms de l'hexacorde dit « naturel », ultérieurement complétés par la note si, le bécarre qui désignait correctement le mi ou le si naturels ne correspondait plus à sa fonction pour le fa ou le do. C'est pourquoi on le dédoubla : le bécarre du mi et du si conserva son nom et sa forme graphique (prolongement partiel de deux hampes verticales seulement du b minuscule carré), le bécarre du fa et du do adopta le nom nouveau de dièse et la forme cursive du même signe (prolongement des 4 traits tant horizontaux que verticaux ; en outre, le graphisme fut longtemps plus incliné que celui du bécarre nouveau style, prenant la forme d'une double croix oblique ; ce graphisme est aujourd'hui à nouveau redressé). Après quoi, le nom et le signe du bécarre furent affectés par analogie à toute note remise dans sa position « naturelle » (le mot faisant référence à l'ancien hexacorde, et non à une quelconque qualité plus ou moins innée). Le nom et le signe du dièse furent affectés de même à toute note haussée d'un demi-ton par rapport à cette même position naturelle.

   Le nom dièse provient du chromatisme humaniste du dernier quart du XVIe siècle. En voulant reconstituer les trois « genres » de la musique grecque antique, qui incluaient des quarts de ton pour l'enharmonique, on imagina de distinguer trois sortes de bécarres : le normal conservant sa graphie de double croix penchée ; le grave (1/4 de ton plus bas) noté par une croix simple ; l'aigu (1/4 de ton plus haut) noté par une croix triple. Entre ces trois signes naissait l'intervalle de quart de ton, en grec diesis, d'où l'on tira le mot dièse. La croix simple et la croix triple eurent une existence éphémère, mais le nom emprunté au diesis resta accolé au signe.

   En nomenclature alphabétique (allemande), le dièse se marque par l'adjonction à la lettre désignant la note (B excepté) du suffixe is : Ais, Cis, etc.