Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bach (Johann Ernst)

Compositeur allemand (Eisenach, Saxe, 1722 – id. 1777).

Il étudia avec son père, Johann Bernhard Bach, et avec son petit cousin, Johann Sebastian. D'abord élève à l'école Saint-Thomas de Leipzig, il entreprit ensuite son droit à l'université de la même ville. En 1749, il fut nommé organiste à la Georgenkirche d'Eisenach. La même année, il dédia au prince de Weimar une série de fables mises en musique. Lorsque le prince accéda au pouvoir (1756), Johann Ernst devint chef d'orchestre de la Cour tout en conservant ses fonctions d'organiste à Eisenach.

   Johann Ernst Bach a laissé des sonates pour clavier ou pour violon et clavier, des cantates d'église, des cantates profanes, une messe, un Magnificat, des psaumes. Outre ses compositions, il écrivit la préface d'un ouvrage du théoricien Jakob Adlung, Anleitung zu der musikalischen Gelahrtheit (méthode d'éducation musicale).

Bach (Johann Ludwig)

Compositeur allemand (Steinbach 1677 – Meiningen, Saxe, 1741).

Surnommé le « Bach de Meiningen », il étudia la théologie avant d'être musicien à Salzungen. En 1708, il fut nommé cantor et maître des pages de Bernhard Ier à Meiningen, puis, en 1711, directeur de l'orchestre de la Cour. Johann Sebastian a recopié de sa main les 18 cantates allemandes de Johann Ludwig Bach. Celui-ci est également l'auteur d'une Suite pour orchestre.

Bach (Johann Michael)

Compositeur allemand (Arnstadt, Saxe, 1648 – Gehren, Saxe, 1694).

Fils de Heinrich Bach et frère de Johann Christoph, il était le père de Maria Barbara, première femme de Johann Sebastian. Il étudia avec son père et fut, jusqu'en 1673, organiste à la cour d'Arnstadt, puis organiste à Gehren. Il fut également facteur d'instruments, expert en instruments à clavier et en violons. Ses œuvres, essentiellement destinées à l'orgue, comptent aussi des motets et des cantates.

Bach (Johann Nicolaus)

Compositeur allemand (Eisenach, Saxe, 1669 – Iéna, Saxe, 1753).

Fils de Johann Christoph, il commença ses études à Eisenach, puis, en 1689, entra à l'université d'Iéna. En 1695, il obtint un poste d'organiste dans deux églises d'Iéna ; il en conserva un jusqu'à l'âge de 80 ans.

   Il construisit des clavecins et inventa le Lautenwerk, sorte de luth muni d'un clavier. L'organiste Jakob Adlung fut l'un de ses élèves. De ses œuvres, il reste une messe brève, un Bicinium pour orgue et une cantate burlesque (le Crieur de vin et de bière d'Iéna).

Bach (Johann Sebastian)

  • Jean-Sébastien Bach, Suite n° 2 en si mineur, BWV 1067 (Badinerie)
  • Jean-Sébastien Bach, Partita pour orgue « Sei gegrüsset », BWV 768
  • Jean-Sébastien Bach, le Clavier bien tempéré, livre 1 (Fugue XVI en sol mineur, BWV 861)
  • Jean-Sébastien Bach, Passacaille et Fugue, BWV 582
  • Jean-Sébastien Bach, cantate « du Café », BWV 211 (aria)

Compositeur allemand (Eisenach, Saxe, 1685 – Leipzig 1750).

Issu d'une lignée de musiciens-ménétriers ­ organistes et cantors fixés en Thuringe depuis le XVIe siècle, dont l'un au moins, Johann Christoph (1642-1703), cousin germain de son père, avait été un compositeur d'une importance particulière ­, il naquit le 23 mars 1685, la même année que Haendel et D. Scarlatti. Il était le dernier des huit enfants de Johann Ambrosius Bach (1645-1695), musicien des villes d'Erfurt et d'Eisenach, et d'Elisabeth Lämmerhirt (1644-1694). Johann Sebastian Bach fit des études générales, brillantes, au gymnasium d'Eisenach et eut l'occasion d'entendre son cousin Johann Christoph au clavecin et à l'orgue. Une œuvre de ce dernier ­ le motet à 8 voix Ich lass dich nicht ­ devait lui être plus tard attribuée.

Études et apprentissage

Recueilli, à la mort de son père, par son frère aîné Johann Christoph (1671-1721), élève de Pachelbel et organiste à Ohrdruf, Bach poursuivit son instruction générale au lyceum d'Ohrdruf et fit ses études musicales avec son frère. À 15 ans, grâce à sa belle voix, il fut admis dans la manécanterie de la Michaeliskirche de Lüneburg : d'après les statuts, les choristes devaient être « nés de pauvres gens, sans aucune ressource, mais possédant une bonne voix ». Là, il lut et copia beaucoup de musique, fit la connaissance des organistes J. J. Löwe, ancien élève de Schütz, et de G. Böhm. Il effectua plusieurs voyages à Hambourg pour y écouter J. A. Reinken, entendit la chapelle française du duc de Celle et découvrit ainsi, entre autres, les œuvres instrumentales de François Couperin. Avec le facteur d'orgues J. B. Held, il apprit à construire, à expertiser et à réparer les orgues, domaine où sa réputation dépassa bientôt celle de ses contemporains.

Les débuts d'organiste

Quelque temps violoniste dans l'orchestre privé du duc Johann Ernst de Weimar, Bach fut nommé, en août 1703, organiste à la Neue Kirche d'Arnstadt, où il composa ses premières œuvres religieuses ­ la cantate Denn du wirst meine Seele nicht in der Hölle lassen (« Car tu ne laisserais pas mon âme en enfer ») BWV 15 ­ et ses premières pages pour clavier, dont le Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo (« Caprice sur l'éloignement de son frère bien-aimé »). Il s'essaya à la toccata, au prélude et fugue, au prélude de choral. En octobre 1705, il fit à pied le voyage d'Arnstadt à Lübeck pour y entendre le célèbre organiste Buxtehude, qui lui offrit sa succession : mais Bach, comme d'autres avant et après lui, recula à la perspective de devoir épouser la fille du vieux maître.

   De retour à Arnstadt, il attira sur lui les foudres de ses supérieurs à la fois en raison de son absence prolongée et de par sa façon « inhabituelle » de jouer de l'orgue. Ces incidents et d'autres ­ comme l'indiscipline et le manque de dons pour la musique des choristes dont il avait la charge ­ le décidèrent à accepter, au cours de l'été 1707, la succession de Johann Georg Ahle à la Blasiuskirche de Mühlhausen. Le 17 octobre de la même année, il épousa sa cousine Maria Barbara (1684-1720), fille de Johann Michael Bach (1648-1694), organiste à Gehren. Celle-ci devait lui donner sept enfants, dont deux grands musiciens, Wilhelm Friedemann (1710-1784) et Carl Philip Emanuel (1714-1788). À Mühlhausen, il composa trois cantates d'église : Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir (« Des profondeurs, je t'appelle, Seigneur ») BWV 131, Gott ist mein König (« Dieu est mon roi ») BWV 71, et Der Herr denket an uns (« Le Seigneur pense à nous ») BWV 196.

D'une cour à l'autre

En 1708, Bach devint musicien de chambre et organiste à la cour de Weimar, où en Thuringe, depuis 1707, son cousin Johann Gottfried Walther était organiste et enseignait la musique aux jeunes princes. Plus tard, sous le règne de Charles Auguste (1775-1828), cette Cour devait devenir « l'Athènes de l'Allemagne », devenir le lieu de résidence de Goethe et de Schiller, et attirer des hommes célèbres dans tous les domaines de la culture. Du temps de Bach, elle se distinguait déjà des autres cours allemandes, en particulier par une atmosphère d'austérité qui contrastait fortement avec le faste et la frivolité de mise ailleurs. Tout tournait autour de la religion, et Bach eut la chance de trouver là un patron dont les idées musicales allaient en gros dans le même sens que les siennes. Plusieurs voyages le menèrent à Cassel (1714), à la cour du duc Christian de Saxe-Weissenfels (1716) et à Dresde (1717), où il devait rencontrer Louis Marchand pour une sorte de joute musicale, mais l'organiste français, craignant sans doute une défaillance, se déroba. À Weimar, Bach composa ses premières grandes œuvres pour orgue (en particulier, le début de l'Orgelbüchlein, recueil de 46 chorals, et des pièces très célèbres comme la Toccata et fugue en « ré » mineur et la Passacaille et fugue en « ut » mineur) et pour clavier (toccatas, concertos d'après Vivaldi, Telemann, A. Marcello et le duc Johann Ernst de Weimar). La Cour était luthérienne et fort pieuse : d'où, chaque mois, de la part de Bach, une nouvelle cantate pour l'excellent ensemble de chanteurs et d'instrumentistes dont il disposait.

   Toutefois, à la mort du maître de chapelle J. S. Drese (décembre 1716), Bach n'obtint pas sa succession, et, pour exprimer son mécontentement, il fit une sorte de « grève sur le tas » tout en cherchant un autre poste ailleurs. Une offre lui était justement parvenue du prince Léopold d'Anhalt-Köthen, mais, quand il fit part de ses intentions au duc régnant de Weimar, celui-ci le mit aux arrêts « pour avoir sollicité son congé avec trop d'obstination ». En 1717, Bach arriva néanmoins à Köthen, où ses tâches allaient être bien différentes de celles qu'il avait connues à Weimar.

   La cour de Köthen était réformée (calviniste) : Bach ne devait donc ni jouer de l'orgue ni composer de la musique d'église. En revanche, le prince Léopold, passionné de musique instrumentale, attendait beaucoup en ce genre de son nouveau maître de chapelle. Il en obtint plus qu'il n'avait jamais espéré : Concerts brandebourgeois, dédiés, au printemps 1721, à Christian Ludwig, margrave de Brandebourg ; suites, partitas et sonates pour orchestre, violon seul, violoncelle seul, viole de gambe, flûte ou violon avec clavecin obligé ou continuo ; concertos pour violon ; et pour clavier (clavecin), le livre I du Clavier bien tempéré (1722), les 30 inventions et sinfonie, la Fantaisie chromatique et fugue (1720), le Petit Livre de clavier de Wilhelm Friedemann Bach (1720) et celui d'Anna Magdalena (1722), les suites anglaises et françaises. Ayant perdu Maria Barbara (juin 1720), Bach se remaria, en décembre 1721, avec la cantatrice Anna Magdalena Wilcken (1701-1760), qui allait lui donner treize enfants, parmi lesquels deux autres grands musiciens, Johann Christoph Friedrich (1732-1795) et Johann Christian (1735-1782).