Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bataille (Gabriel)

Luthiste et compositeur français (Paris v. 1575 – id. 1630).

Connu surtout par ses contemporains comme luthiste, il écrivait des chansons et faisait des transcriptions, pour voix seule et luth, d'airs de cour polyphoniques composés par Guédron, Mauduit, A. Boesset. Ainsi contribua-t-il au développement du chant soliste, alors tout nouveau. De 1608 à 1615, il publia six livres d'Airs de différents autheurs mis en tablature de luth chez P. Ballard. Quelques airs de sa composition figurent également dans des livres parus en 1617, 1618-1620. Parfois on peut discerner l'influence de la poésie mesurée à l'antique sur ses œuvres. Bataille collabora aux ballets de cour sous Louis XIII. En 1617, Marie de Médicis fit de lui son maître de musique et, en 1624, il devint celui d'Anne d'Autriche. Bataille écrivit peu d'œuvres, mais ses recueils constituent une intéressante anthologie de la musique de cour au début du XVIIe siècle.

Bateson (Thomas)

Compositeur anglais (comté de Cheshire 1570 – Dublin 1630).

Il fut le premier madrigaliste à obtenir un grade musical au Trinity College de Dublin. Il fut organiste de la cathédrale de Chester (1599-1609), puis de la cathédrale de la Trinité à Dublin (1609-1618). Il publia à Londres deux livres de madrigaux : le premier de 28 madrigaux de 3 à 6 voix (1604) ; le second de 30 madrigaux (1618). La fraîcheur mélodique de son inspiration inscrit l'œuvre de Bateson dans la meilleure tradition des madrigalistes anglais (consulter E. H. Fellowes, édit., The English Madrigal School, vol. XXI, XXII).

Bathori (Jeanne Marie Berthier, dite Jane)

Mezzo-soprano française (Paris 1877-id. 1970).

Ayant débuté au concert en 1898, elle commença à Nantes, en 1900, une carrière d'opéra qui la conduisit notamment à la Scala de Milan en 1902. Mais, à partir de 1904, elle se consacra presque exclusivement à la mélodie française de son époque, faisant connaître dans le monde entier, et créant souvent, les œuvres de Debussy, de Ravel, de Fauré, de Caplet, de Kœchlin, de Satie et des membres du groupe des Six. Cette remarquable musicienne s'accompagnait volontiers elle-même au piano. Elle eut aussi une activité de pédagogue et de conférencière et publia deux ouvrages : Conseils sur le chant (1929) et Sur l'interprétation des mélodies de Claude Debussy (1953).

bâton

1. Au XIXe siècle, avant d'être remplacé par la mince baguette, plus maniable, un bâton de bois ou d'ivoire était utilisé par le chef d'orchestre pour diriger ses musiciens. Auparavant, aux XVIIe et XVIIIe siècles, on battait la mesure à l'aide d'une canne que l'on frappait sur le sol ; cette pratique causa l'accident qui fut à l'origine de la mort de Lully. Parfois aussi, on se servait d'un archet de violon ou d'un rouleau de papier tenu à pleine main.

2. Sur une portée, barre verticale traversant plusieurs interlignes et servant à noter les silences de plus d'une mesure. Le bâton peut être remplacé par des chiffres.

batterie

1. Signal militaire ; le tambour battait ou roulait un rythme selon l'événement à annoncer (charge, retraite, etc.).

2. Par dérivation du sens précédent, le terme batterie désigne aujourd'hui, d'une manière familière, le groupe des instruments de percussion de l'orchestre.

3. Dans le jazz, la batterie (on dit aussi les drums), tenue par un seul musicien, se compose de la grosse caisse, de la caisse claire, des toms, des diverses cymbales et de quelques petits accessoires (wood-block, cloches, etc.).

4. Sur les instruments à clavier, la batterie est une façon d'arpéger les accords en répétant le motif parfois pendant plusieurs mesures (la basse dite d'Alberti est une forme de batterie). Cette technique est quelquefois employée aussi sur les instruments à archet.

5. Technique du jeu de la guitare qui consiste à frapper les cordes avec les doigts au lieu de les pincer.

Battistelli (Georgio)

Compositeur italien (Albano Laziale 1953).

Il suit les cours du Conservatoire de L'Aquila. Cofondateur, en 1974, à Rome, du Groupe de recherche et expérimentation musicale « Edgard Varèse », il enseigne au Conservatoire de Pérouse et, en 1985-86, réside à Berlin comme invité de la DAAD. Compositeur « jaloux de son indépendance » (selon le musicologue Daniel Charles), Battistelli connaît son premier succès majeur avec Experimentum Mundi (1981), « œuvre de musique imaginaire pour acteur, cinq voix naturelles de femmes, 16 artisans et trois percussionnistes », dans laquelle un ensemble accompagne des textes de l'Encyclopédie, au son des divers outils cités (marteau, enclume, scie, forge, etc.). La musique de Battistelli garde toujours une composante théâtrale, qu'il s'agisse de ses œuvres scéniques (Aphrodite, monodrame d'après Pierre Lous, 1983 ; Teorema, parabole musicale adaptée librement d'après Pasolini, 1992 ; Prova d'orchestra, d'après Fellini, créé à Strasbourg en 1995) ou de ses pièces instrumentales (La fattoria del vento, 1988 ; Anarca, hommage à E. Jünger, 1988-89 ; Erlebnis, 1990).

Battistini (Mattia)

Baryton italien (Rome 1856 – Rieti 1928).

Il aborda le chant après des études de droit et débuta en 1878 au théâtre Argentina de Rome dans la Favorite. Sa carrière dura près d'un demi-siècle ; il ne l'interrompit que peu avant sa mort. Il ne quitta guère l'Europe, mais, de Lisbonne à Moscou, il remporta des succès immenses et fut surnommé « la Gloria d'ltalia ». Battistini fut l'un des derniers et des plus grands représentants de la longue tradition du bel canto. Admirable dans les œuvres de Rossini, Bellini, Donizetti et Verdi, auxquelles il apportait sa virtuosité transcendante et son sens exceptionnel du cantabile, il chantait les rôles les plus dramatiques sans se départir d'une élégance suprême. Quant aux rôles du répertoire plus moderne, postérieur à Verdi, dans lesquels il jugeait que l'élégance ne pouvait être de mise, il ne les inscrivait pas à son répertoire.

battue

Matérialisation des temps de la mesure par un geste ou un bruit pour en assurer la transmission ou la régularité.

Jusqu'au XVIIe siècle au moins, la battue se faisait par touchements du doigt ou tactus successifs, sans groupement en mesures : on comptait donc 1. 1. 1… Au XVIIe siècle, avec la généralisation des barres de mesure, on commença à grouper les battues par mesures (par exemple, 1. 2. 3. 1. 2. 3…), en donnant au geste de chaque temps une direction conventionnelle lui permettant d'être à tout moment identifié par les musiciens.

   Si la battue à 2 temps est aujourd'hui uniformisée, il n'en est pas de même des autres. À la française, la battue à 3 temps dessine dans l'espace un triangle. Celle à 4 temps dessine un angle droit : 1er temps de haut en bas, 2e de droite à gauche, 3e en retour de gauche à droite, 4e de bas en haut. À 5 temps, elle bat successivement une mesure à 3 temps et une mesure à 2 temps. À l'italienne au contraire, on ignore tous les mouvements latéraux et on ne quitte pas la ligne verticale. C'est la manière française qui est la seule enseignée dans les classes de solfège et de direction d'orchestre.

   La musique aléatoire a modifié, pour un secteur de la musique contemporaine, la pratique de la battue, en remplaçant tout ou partie de l'indication des temps par des signaux conventionnels, comportant notamment des indications de numéros de repère, excluant de la part du chef l'usage de la baguette. La main nue, parfois moins précise que la main tenant la baguette, apparaît en revanche plus expressive. Certains chefs, comme Pierre Boulez, ont systématiquement abandonné la baguette en toute circonstance, mais ne semblent pas avoir fait école sur ce point.