Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

couplet

Dans l'acception courante, d'origine d'ailleurs fort ancienne, c'est le terme correspondant, en musique, à celui de strophe en poésie, c'est-à-dire, dans la chanson, l'élément de renouvellement laissant apparaître des textes différents sous une même mélodie et alternant avec un refrain dont musique et texte sont fixes.

Dans la musique instrumentale des XVIIe et XVIIIe siècles et, spécialement, dans les pièces pour clavecin, le mot prend un sens plus particulier, mais dérivé du précédent : il désigne une variation, un retour orné, agrémenté, du thème principal, apparaissant entre deux rondeaux qui sont l'équivalent du refrain.

coupure

Suppression d'un passage d'une partition, pour l'abréger.

Dans la musique instrumentale, la coupure s'effectue à l'occasion d'une reprise, d'un couplet de rondo ou d'une variation. Cette mutilation affecte les plus grandes œuvres, par exemple les symphonies de Beethoven, où la coupure de reprise est traditionnellement pratiquée. On procède à énormément de coupures dans les ouvrages lyriques ; il peut s'agir de fragments de récitatif, de reprises, mais, parfois, aussi d'airs entiers, voire de scènes entières. Des traditions souvent inexplicables se sont, dans ce domaine, instaurées au fil des temps. La pratique de la coupure est admissible, à la rigueur, dans certaines œuvres très longues telles que les grands opéras historiques du début du XIXe siècle (Meyerbeer, par exemple), devenus, dans la pratique, quasi injouables dans leur intégralité, en raison de leur durée qui peut atteindre ou dépasser cinq heures. On ne peut pas nier que dans beaucoup de partitions du XIXe siècle la suppression de ballets ou de défilés, inutiles à la compréhension de l'action, rende l'enchaînement dramatique plus limpide. Les coupures paraissent plus injustifiables dans des œuvres brèves ou dans des chefs-d'œuvre reconnus comme les grandes partitions lyriques de Mozart. Cependant, vers 1975 encore, de graves coupures affectaient, à Salzbourg, les représentations de Cosi fan tutte sous la direction de Karl Böhm, tandis qu'à Bayreuth, en 1965, Wieland Wagner cautionna la suppression d'un fragment du 3e acte du Crépuscule des dieux, rétabli dès l'année suivante sous la pression du public et de la critique.

   L'opinion prévaut, de nos jours, que, au moins dans les plus grandes œuvres, les coupures, même brèves, nuisent irrémédiablement à l'équilibre musical et dramatique. Aussi la pratique tend-elle à se raréfier. Le goût de l'intégralité s'est développé dans l'enregistrement sur disque des œuvres lyriques, surtout à partir de 1960. Dès lors, la pratique de l'écoute des enregistrements, où l'on pouvait entendre sans coupure des œuvres couramment mutilées à la scène, a largement contribué à restaurer le besoin d'authenticité.

courante (ital. corrente)

Danse dont l'origine ­ italienne ou française ­ remonte au XVIe siècle ; avec l'allemande, la sarabande et la gigue, elle prend la deuxième place dans la suite instrumentale classique.

Elle est d'abord à deux temps rapides, au XVIe siècle en France, et c'est ainsi qu'elle est décrite par Th. Arbeau (Orchésographie, 1588), avant d'adopter un tempo plus modéré au siècle suivant, pour devenir une danse de cour extrêmement populaire sous Louis XIV, cette fois à trois temps (3/2 ou 6/4) et d'une allure plus aristocratique. La forme en est généralement binaire avec une reprise de chaque section. En Italie, la corrente choisit un rythme ternaire, un tempo rapide (3/8 ou 3/4) et une écriture plus simple et régulière que dans la courante française, plus gracieuse et contrapuntique. On trouve de nombreux exemples des courantes, d'abord chez les luthistes, puis dans les suites des maîtres français du clavecin (Chambonnières, d'Anglebert, les deux Couperin, Froberger). Chez J. S. Bach, on constate l'emploi du type français ; G. F. Haendel, en revanche, a eu recours aux deux styles.

Couraud (Marcel)

Chef d'orchestre et chef de chœur français (Limoges 1912 – Paris 1986).

Il fit ses études à l'École normale de musique et prit des cours d'orgue avec André Marchal. En 1944, il fonda l'ensemble vocal Marcel-Couraud avec lequel il exécuta et enregistra des chansons et des madrigaux de la Renaissance (Lassus, Costeley, Janequin, Monteverdi) et des œuvres contemporaines, notamment les Trois Petites Liturgies de la présence divine de Messiaen. En 1967, il fut nommé chef des chœurs de l'O. R. T. F. et, l'année suivante, il y créait l'ensemble des douze solistes des chœurs de l'O. R. T. F. avec lesquels il se consacra principalement à l'étude du répertoire contemporain. Leur répertoire comprenait, entre autres, les Cinq Rechants de Messiaen, le Dodécaméron d'Ivo Malec, le Récitatif, air et variations de Gilbert Amy, Nuits de Xenakis et la Sonate à douze de Betsy Jolas. Couraud a également enregistré des chœurs de Brahms avec l'Ensemble vocal de Stuttgart et a publié à l'intention des chefs de chœur des Cahiers de polyphonies vocales.

Coussemaker (Charles, Edmond, Henri de)

Musicologue français (Bailleul, Nord, 1805 – Lille 1876).

Parallèlement à une carrière de magistrat, après quelques essais de composition musicale, il se consacra à des recherches historiques et musicologiques. Il est considéré comme l'un des pionniers de la musicologie médiévale et, aujourd'hui encore, les spécialistes peuvent consulter ses travaux avec profit, au moins sur le plan historique.

Principaux écrits : Hucbald, moine de Saint-Amand, et ses traités de musique (Douai, 1841) ; Histoire de l'harmonie au Moyen Âge (Paris, 1852) ; Chants populaires des Flamands de France (Gand, 1856) ; Drames liturgiques du Moyen Âge (Rennes, 1860) ; l'Art harmonique aux XIIe et XIIIe siècles (Paris, 1865) ; Œuvres complètes du trouvère Adam de La Halle (Paris, 1872).

Covent Garden

Nom de trois théâtres situés depuis 1732 au même endroit dans Bow Street à Londres, la dénomination provenant de ce qu'auparavant l'emplacement était occupé par le jardin d'un couvent.

Dans le premier théâtre, inauguré le 7 décembre 1732 avec la pièce The Way of the World de William Congreve, eut lieu en 1743 la première londonienne du Messie de Haendel. Le 10 décembre 1791, Haydn y vit The Woodman de William Shield et trouva le théâtre « très sombre et très sale, presque aussi grand que le théâtre de la cour (Burgtheater) à Vienne », le public des galeries « très impertinent » et l'orchestre « somnolent ». Ce premier bâtiment brûla en 1808. Inauguré le 18 septembre 1809, le deuxième théâtre vit en 1826 la création mondiale d'Oberon de Weber et devint en 1847 le Théâtre-Italien. Il brûla en mars 1858, et le troisième théâtre ouvrit ses portes le 15 mai suivant avec les Huguenots de Meyerbeer. En 1892, alors que depuis 1888 l'établissement avait à sa tête sir Augustus Harris, Mahler y dirigea pour la première fois un cycle Wagner (dont le Ring) en langue originale, donné par sa troupe de Hambourg. Les années 1930 furent dominées par Beecham, et virent aussi de mémorables représentations dirigées par Furtwaengler, Weingartner et Reiner. Après avoir servi de salle de danse de 1940 à 1945, le théâtre rouvrit en 1946. La salle actuelle compte 2 250 places. Furent notamment créés à Covent Garden, outre Oberon de Weber, The Pilgrim's Progress de Vaughan Williams (1951), Billy Budd (1951) et Gloriana (1953) de Britten, Troilus and Cressida de Walton (1954), les quatre premiers des cinq opéras de Tippett (de 1955 à 1977), Taverner de Peter Maxwell Davies (1972), We Come to the River de Henze (1976), Sir Gawain de Harrison Birtwistle (1991).