Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
J

Jacotin

Compositeur français (1re moitié XVIe s.).

François Lesure propose d'identifier ce personnage avec Jacques ou « Jacotin » Le Bel, chantre et chanoine ordinaire de la chapelle du roi de 1532 à 1555. La plus grande partie de son œuvre a paru chez Attaignant à Paris entre 1519 et 1556. Ses chansons à 4 voix appartiennent au courant général du style parisien ; certaines d'entre elles rappellent la simplicité et la clarté d'écriture d'un Sermisy (Voyant souffrir celle qui me tourmente). En revanche, dans les six motets conservés (Attaignant, 1534-35), il se montre conservateur et respectueux de l'ancienne école de Josquin Des Prés.

Jacques de Liège

Théoricien (Liège v. 1260 – id. v. 1340).

Il passa toute sa vie à Liège, sauf durant une assez courte période à Paris, où il semble avoir travaillé avec Petrus de Cruce. D'un esprit plutôt conservateur, il prônait néanmoins les rythmes binaires afin de libérer la musique religieuse de son étau ternaire. En revanche, il s'opposa aux théories de l'Ars nova qui se dessinaient autour de lui. Il rédigea un sévère traité encyclopédique de la musique en sept volumes, le Speculum musicae, dont une réédition a été entreprise, en 1955, par l'American Institute of Musicology.

Jacquet de La Guerre (Élisabeth)

Compositeur et claveciniste française (Paris 1665 – id. 1729).

Fille de l'organiste Claude Jacquet, elle joua du clavecin devant Louis XIV dès l'âge de cinq ans. En 1684, elle épousa Marin de La Guerre. Installée à Paris, elle devint un célèbre professeur de clavecin. En 1687, elle publia son Premier livre de Pièces de clavecin et en 1707 des Pièces de clavecin qui peuvent se jouer sur le viollon. Elle fut également l'auteur de deux livres de Cantates françoises pour une et deux voix et basse continue, avec ou sans instruments mélodiques, sur des sujets empruntés, pour la plupart, à l'Ancien Testament (Esther, le Passage de la mer Rouge, Judith). Sa tragédie lyrique Céphale et Procris (1694) est la première œuvre d'une femme compositeur représentée à l'Académie royale de musique.

Jadin

Famille de musiciens français d'origine flamande.

 
Jean-Baptiste, violoniste et compositeur ( ? – Versailles v. 1789). Longtemps membre de la chapelle des Habsbourg à Bruxelles, il se fixa à Versailles, peut-être à l'instigation de son frère Georges, bassoniste à la chapelle de Louis XV.

 
Louis Emmanuel, pianiste, pédagogue et compositeur, fils du précédent (Versailles 1768 – Monfort-l'Amaury 1853). Il fut « page de la musique de Louis XVI » et membre de la musique de la garde nationale (1792), et obtint le succès en 1793 avec le Siège de Thionville, écrit pour l'opéra. Il occupa divers postes sous l'Empire et la Restauration. Outre de nombreuses œuvres pour la scène, il écrivit de la musique sacrée, des mélodies, dont la Mort de Werther (1796), et de la musique instrumentale, en particulier des sonates pour piano et violon publiées à Versailles vers 1787 et des quintettes à cordes, dont un seul a survécu (v. 1828). Très prisé comme accompagnateur au piano, il fut également grand violoniste.

 
Hyacinthe, pianiste et compositeur (Versailles 1776 – Paris 1800). Frère du précédent, élève de son père et de Hüllmandel, il fut professeur de piano au Conservatoire de Paris de 1795 à sa mort et écrivit des sonates pour piano-forte et douze quatuors à cordes répartis en quatre opus de trois (l'opus 1 est dédié à Haydn).

Jahn (Otto)

Archéologue, philologue et musicologue allemand (Kiel 1813 – Göttingen 1869).

Docteur en philologie à l'université de Kiel (1839), il fut nommé professeur d'archéologie à Greifswald en 1842 et directeur du musée d'Archéologie de Leipzig en 1847. Suspendu de ses fonctions à cause de ses idées politiques (1851), il enseigna l'archéologie à l'université de Bonn à partir de 1855, puis s'installa à Göttingen peu avant sa mort.

   Sa biographie de Mozart (4 vol., Leipzig, 1856-1859 ; 2 vol., rév. 1867), qui connut de nombreuses rééditions, lui vaut de figurer parmi les pionniers de la musicologie allemande au XIXe siècle. Cet ouvrage fut, en effet, le premier à mettre en œuvre la méthode critique comparative élaborée par la philologie classique et servit longtemps de modèle aux biographies musicales.

   Jahn publia d'autres travaux, dont la réduction pour piano et chant de la deuxième version du Fidelio de Beethoven (Leipzig, 1851), composa des mélodies et entreprit les biographies de Beethoven et de Haydn, qu'il ne put ou ne voulut pas achever. Mais ces dernières recherches furent utilisées par d'autres musicologues : A. W. Thayer et H. Deiters pour Beethoven, et C. F. Pohl pour Haydn.

   La place éminente de Jahn dans l'histoire de la musicologie ne fut pas contestée : Hanslick citait ses ouvrages pour appuyer ses propres thèses dans son opuscule Du beau dans la musique, tandis que Köchel lui dédia son catalogue thématique des œuvres de Mozart.

Jambe de Fer (Philibert)

Compositeur français (Champlitte v. 1515 – Lyon v. 1566).

Peut-être débuta-t-il comme chantre à Poitiers, où il aurait mis en musique les psaumes de Jean Poitevin. Mais, très tôt, ce protestant convaincu vécut à Lyon et, en 1564, il fut chargé de la musique pour l'entrée de Charles IX. La dédicace au roi de ses 150 Psaumes (1563) n'est sans doute pas étrangère à ce choix et à l'autorisation de pratiquer sa religion publiquement.

   On lui doit une importante contribution polyphonique au psautier huguenot et l'un des premiers traités instrumentaux : l'Épitomé musical des tons, sons et accords es voix humaines, flustes d'alleman, fleustes à neuf trous, violes et violons (Lyon, 1556).

Jamet (Pierre)

Harpiste français (Orléans 1893 – Gargilèse 1991).

Après avoir entrepris des études de piano, il découvrit la harpe et entra au Conservatoire de Paris dans la classe de Hasselmans, où il obtint un premier prix en 1912. Il créa la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy, avec Manouvrier (flûte) et Jarecki (alto). En 1945, il se joignit au Quintette instrumental de Paris, qui prit alors son nom. Il enseigna au Conservatoire de Paris (1948-1963) et fonda, en 1962, l'Association internationale des harpiste et amis de la harpe. Sa fille, Marie-Claire (Reims 1933), est également harpiste.