Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Schmidt-Isserstedt (Hans)

Chef d'orchestre et compositeur allemand (Berlin 1900 – Hambourg 1973).

Il étudia la composition à la Hochschule de Berlin avec F. Schreker, la philosophie et la musicologie aux universités de Berlin, de Heidelberg et de Münster. Il fut, successivement, chef d'orchestre aux Opéras de Wuppertal, de Rostock, de Darmstadt, à la Deutsche Musikbühne et à l'Opéra de Hambourg. En 1943-44, il dirigea ce dernier établissement. En 1945, il fut nommé à la tête de l'orchestre du Norddeutscher Rundfunk de Hambourg, et, de 1955 à 1964, à l'Orchestre philharmonique de Stockholm. Spécialiste de Mozart et de Beethoven, il fit également connaître les œuvres du compositeur suédois Franz Berwald, et fut un propagandiste fervent de certains compositeurs contemporains, comme Hindemith et Stravinski. Schmidt-Isserstedt a composé une symphonie concertante, pour violon et alto, de la musique de chambre, l'opéra Hassan gewinnt et de la musique de scène.

Schmidt (Andreas)

Baryton allemand (Düsseldorf 1960).

Il est l'élève d'Ingeborg Reichelt à Düsseldorf, et de Fischer-Dieskau à Berlin. En 1979, il se fait remarquer à Orange en remplaçant Ruggero Raimondi au pied levé dans le Requiem de Verdi. Depuis, il s'impose sur les plus grandes scènes du monde, dans Verdi mais aussi dans Mozart, Wagner et le répertoire français. En 1991, il incarne le Comte des Noces de Figaro à Aix-en-Provence, et aborde au Metropolitan de New York Fidelio et Tannhaüser. Il accorde une place grandissante à la mélodie et au lied.

Schmidt (Franz)

Violoncelliste, pédagogue et compositeur austro-hongrois (Poszonyi, ex-Presbourg, auj. Bratislava, 1874 – Perchtolsdorf, près de Vienne, 1939).

Il fut au conservatoire de Vienne l'élève de Ferdinand Hellmesberger pour le violoncelle et de Robert Fuchs pour la composition. Mais son admiration juvénile allait à Anton Bruckner, dont il put suivre quelques leçons à l'université. Il entre en 1896 à l'orchestre de l'Opéra. Nommé en 1901 professeur de violoncelle au conservatoire, il laissera peu d'œuvres pour son instrument, mais le traitera avec prédilection dans l'orchestre, lui confiant de longs solos, de même que dans la musique de chambre. Comme instrumentiste, il suit toute la carrière de Mahler à l'Opéra de Vienne, et c'est au cours de la tournée de la Philharmonie en 1900 à Paris qu'il recueille les sujets de ses deux futurs opéras : Notre-Dame, d'après Victor Hugo (terminé en 1904, créé seulement en 1913) ; et Fredigundis, écrit de 1916 à 1921 et créé à Berlin en décembre 1922. En 1911, Schmidt quitte la Philharmonie et en 1913 l'Opéra, pour ne conserver que son enseignement au conservatoire, où il est nommé directeur des études en 1925 ; il en deviendra bientôt le recteur (1927 à 1931). À ce titre, il donne en 1929 à Schönberg l'occasion d'y faire entendre ses œuvres et tient lui-même le piano. Souffrant d'angine de poitrine, il subit en outre des chocs moraux terribles avec la démence de sa première épouse et la mort en couches, en 1932, de sa fille unique, et mourut en laissant inachevée sa cantate Deutsche Auferstehung ­ concession au régime nazi qui ne lui a pas encore été pardonnée par la postérité.

   Franz Schmidt demeure le plus important symphoniste autrichien après Bruckner et Mahler. Il s'inscrit surtout dans la descendance du premier, associant en une synthèse très personnelle cette influence à celle de Brahms. Sa printanière Symphonie no 1 en mi majeur lui valut dès 1902 le prix Beethoven ; mais c'est la Symphonie no 2 en mi bémol majeur, écrite de 1911 à 1913 et créée le 3 décembre 1913 par Franz Schalk, qui demeure son chef-d'œuvre spécifique et l'une des plus hautes manifestations de la grande tradition orchestrale après Mahler. Après l'intermède de la Symphonie no 3 en la majeur, hommage à Schubert, qui, en 1928, recueillit le prix autrichien du concours Columbia, la Symphonie no 4 en ut majeur, de 1933, est un douloureux thrène qui clôt la carrière du symphoniste par une innovation formelle remarquable, une structure unitaire où les divers mouvements, joués sans interruption, s'identifient aux épisodes successifs d'une unique forme sonate. Dans l'opéra également, les formes instrumentales sont mises en œuvre par Franz Schmidt avant de l'être par Busoni, dans Doktor Faust, et par Berg, dans Wozzeck. Sa musique concertante avec piano fut entièrement écrite pour la main gauche seule, sur commande de Paul von Wittgenstein : Variations sur un thème de Beethoven et Concerto en mi bémol, auxquels il faut adjoindre les trois beaux Quintettes (1926 ; 1932 ; 1938), dont les deux derniers comportent une partie de clarinette.

   L'orgue est redevable à Franz Schmidt d'un « corpus » considérable, culminant en 1925 sur la Chaconne en ut dièse et qui se situe dans la mouvance directe de Max Reger. Enfin, l'œuvre la plus célèbre de Franz Schmidt, et la seule vraiment connue à l'étranger, demeure l'oratorio le Livre aux sept sceaux, terminé en 1937 et créé à Vienne en 1938.

Schmitt (Florent)

Compositeur français (Blamont, Meurthe-et-Moselle, 1870 – Neuilly-sur-Seine 1958).

Il fait ses premières musicales à Nancy et entre, en 1889, au Conservatoire de Paris, où il a pour professeurs Théodore Dubois et Lavignac (harmonie), Gédalge (fugue), Massenet et Fauré (composition). En 1892, il rencontre Debussy et se lie avec Satie. Quatre ans de suite (1896-1899), il concourt sans succès pour le prix de Rome. En 1900, la cantate Sémiramis lui ouvre enfin les portes de la villa Médicis. Pensionnaire indiscipliné, de 1901 à 1904, il séjourne à Rome le moins longtemps possible. Il visite l'Italie, l'Autriche, l'Allemagne, l'Espagne, la Grèce, la Turquie, la Suède, la Pologne, et trouve néanmoins le temps de composer.

   Schmitt met en chantier son Quintette, pour piano et cordes, et achève en octobre 1904 son Psaume XLVII. Le 27 décembre 1906, la première audition du Psaume XLVII est saluée comme un événement. Léon-Paul Fargue écrit qu'« un cratère de musique s'ouvre » et l'humoriste Willy proclame Florent Schmitt « vainqueur du Derby des Psaumes ». Autre événement : en 1907, la création de la Tragédie de Salomé, au Théâtre des Arts, par la danseuse Loïe Fuller. En 1908, le Quintette, pour piano et cordes, fait également une très forte impression. Dès lors, la réputation du compositeur est solidement établie, mais aucune des œuvres qu'il écrira par la suite n'aura le même retentissement que celles de ses débuts. En 1924, le ballet le Petit Elfe Ferme-l'Œil est créé à l'Opéra-Comique. En 1932, Florent Schmitt se rend aux États-Unis et joue à Boston, sous la direction de Koussevitski, la Symphonie concertante pour piano et orchestre. En 1936, il est élu à l'Institut. En 1948, son Quatuor à cordes est créé au festival de Strasbourg. C'est à ce même festival que, le 15 juin 1958, Charles Münch crée la Deuxième Symphonie op. 137, ultime récompense d'une vie magnifiquement féconde.

   La générosité de l'inspiration mélodique, la sensualité du langage harmonique, la richesse de l'invention rythmique (particulièrement dans la Tragédie de Salomé), la virtuosité de l'écriture orchestrale et instrumentale (son Trio à cordes en est un exemple significatif), la maîtrise des formes sous une apparente liberté, l'abondance, voire la prodigalité, telles sont les composantes du style de ce musicien qui était un ennemi de la mièvrerie et de la préciosité, autant que du formalisme desséchant. Florent Schmitt avait une personnalité assez rude, que caractérisaient l'indépendance et la franchise. Debussy, Stravinski, Schönberg n'ont eu sur lui aucune influence, bien qu'il ait connu parfaitement leurs œuvres et les ait, à l'occasion, vigoureusement défendues. Il n'a jamais caché ses opinions, dussent-elles lui faire du tort. Humoriste à ses heures, s'amusant à donner à certaines de ses partitions des titres mystificateurs, il était foncièrement un romantique, et, si, par pudeur, il préférait parfois la boutade à la confidence, le ton de certaines de ses œuvres ne trompe pas : son Petit Elfe Ferme-l'Œil révèle le poète de l'enfance et son Quatuor à cordes est d'une grande intériorité.