Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Castro (Jeande)

Compositeur flamand originaire du pays de Liège ( ? v. 1540 – ? v. 1600).

Il s'établit à Anvers, et semble avoir quitté cette ville pour des raisons politiques vers 1575, année où parut à Paris sous son nom un livre de chansons à trois voix. Il se dirigea vers l'Allemagne puis vers Lyon, où fut publié en 1580 un deuxième livre de chansons. On le retrouve en 1586 à Anvers, où parut un livre de chansons à cinq parties. Il occupa ensuite des postes à Düsseldorf et à Cologne, où peut-être il mourut (toujours est-il que six livres de musique de lui furent imprimés dans cette ville de 1593 à 1599). Castro fut un des compositeurs les plus appréciés et les plus édités de son temps. À l'aise à la fois dans le profane et dans le sacré, il a écrit des motets, trois messes parodiques, des chansons, des madrigaux. Sensible aux courants nouveaux venus d'Italie, il mit souvent en musique les mêmes textes que Roland de Lassus, et chercha son inspiration, entre autres, dans la poésie de Ronsard.

Catalani (Alfredo)

Compositeur italien (Lucques 1854 – Milan 1893).

Il étudia la composition avec Antonio Bazzini à Milan, où il se fixa et mourut prématurément. Son opéra La Falce, sur un livret de Boïto (1875), lui valut une immédiate renommée que ne confirmèrent qu'à demi Elda (1880, ébauche de sa future Loreley), Dejanice (1883), puis Edmea (1886), dont la création fut dirigée par Toscanini, son fervent admirateur, qui fit à cette occasion ses débuts en Italie. Loreley (1890) et La Wally (1892) donnent la pleine mesure du talent de ce romantique auquel on doit encore des romances et de la musique de chambre, de cet amoureux de la France et de l'Allemagne, attiré par le surnaturel weberien et wagnérien, et consumé, à l'image de ses héros, par un amour impossible. Son art, élaboré entre la maturité de Verdi et la naissance de la nouvelle vague vériste, occupe une place à part dans l'histoire de l'opéra italien, proposant une rare osmose entre une ligne de chant sensible et raffinée et un orchestre aux riches harmonies, d'une épaisseur quasi germanique.

Catalani (Angelica)

Soprano italienne (Sinigaglia 1780 – Paris 1849).

Élevée dans un couvent à Gubbio, elle fut poussée vers le chant par son père à la suite de revers de fortune de sa famille. Elle débuta à Venise en 1797 dans Lodoiska de Mayr et s'imposa d'emblée par la facilité extraordinaire de sa voix, son intonation juste et pure et sa technique prodigieuse. Son agilité dans l'exécution des ornements les plus compliqués frappait d'autant plus que le volume de sa voix était considérable. Elle était très belle et son maintien en scène fut jugé « royal », mais son goût musical n'était pas irréprochable. L'apogée de sa carrière se situa entre 1806 et 1814 à Londres, où elle perçut des cachets d'un montant fabuleux. Elle fut à Paris directrice du Théâtre-Italien entre 1814 et 1817, puis parcourut l'Europe jusqu'à ses adieux à la scène en 1827.

catalogue thématique

Ouvrage donnant une liste d'œuvres identifiées par leurs premières mesures ou incipit. Il peut s'agir des œuvres (complètes ou non) de tel ou tel compositeur, soit encore (ce fut particulièrement le cas au XVIIIe siècle, notamment avec le catalogue Breitkopf) des œuvres disponibles chez tel ou tel éditeur ou tel ou tel collectionneur.

Mozart dressa un catalogue thématique de ses œuvres à partir de 1784, Haydn en dressa ou en fit dresser deux (à partir de 1765 et de 1805 respectivement, l'un et l'autre incomplets). Un catalogue comme celui de Breitkopf n'exclut pas les erreurs d'attribution (on y trouve sous le nom de Haydn des œuvres qui ne sont pas de lui). L'exemple des éditeurs fut suivi par les bibliothèques publiques ou privées. À partir du XIXe siècle, on établit systématiquement les catalogues thématiques des différentes collections et des œuvres d'un même compositeur, ce travail de musicologue consistant à accompagner le thème cité du plus grand nombre possible de détails : titre précis, auteur du texte, formation, date et lieu de composition, dédicace, collection où est conservé le manuscrit, édition originale, rééditions, lieu, date et interprètes lors de la création, bibliographie relative à l'œuvre.

   Parmi les catalogues thématiques les plus importants figurent ceux de W. Schmieder pour J.S. Bach (BWV), L. Köchel pour Mozart (KV ou K), A. van Hoboken pour J. Haydn (Hob), G. Kinsky et H. Halm pour Beethoven, O. E. Deutsch pour Schubert (D), A. Wotquenne puis Eugene Helm pour Carl Philip Emanuel Bach et Wotquenne également pour Gluck (Wq), Y. Gérard pour Boccherini (G), A. Tyson pour Clementi, P. Ryom pour Vivaldi (R).

catch (angl. to catch, « attraper »)

Forme musicale très populaire en Angleterre aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Il s'agit d'un jeu en musique, proche du canon ou encore du round, et où le maniement astucieux du texte poétique joue un rôle important. En effet, le but du catch est d'obtenir des effets verbaux amusants, parfois tout à fait grivois. De nombreux recueils de rounds and catches furent publiés, le premier étant le Pammelia (1609) de Th. Ravenscroft. Une écriture en contrepoint ­ souvent fort savant ­ fait appel à trois voix et parfois à dix voix. Parmi d'autres compositeurs de catches, citons H. Purcell et Th. Arne.

Catel (Charles-Simon)

Compositeur français (L'Aigle, Orne, 1773 – Paris 1830).

Formé à Paris par Gossec, il fut nommé en 1790 accompagnateur de l'Opéra et chef adjoint de la musique de la garde nationale. Puis, lors de la création en 1795 de l'Institut national de musique, futur Conservatoire, il fut désigné comme professeur d'harmonie, avant de devenir inspecteur de cette école (1810). Il finit sa carrière membre de l'Institut, après avoir succédé à Monsigny (1815).

   Il laissa une œuvre variée, qui reflète une évolution en trois temps. De 1792 à 1795, Catel composa des hymnes et des marches militaires pour les fêtes révolutionnaires. De 1795 à 1802, il se consacra à des œuvres pour piano ou pour ensembles de musique de chambre (3 quatuors, 1796 ; 6 quintettes, 1797 ; 6 sonates, 1799), et à des ouvrages pédagogiques, comme l'Harmonie à la portée de tous (1802). Enfin, de 1802 à 1818, il se tourna vers la scène lyrique, pour laquelle il écrivit des opéras-comiques et des opéras, dont certains, tels Sémiramis (1802) ou les Bayadères (1810), connurent le succès. Dans son ballet héroïque, Alexandre chez Apelle (1808), il mit en œuvre une orchestration particulièrement raffinée. Son œuvre longtemps la plus connue est l'Auberge de Bagnères (1807).