Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Lenot (Jacques)

Compositeur français (Saint-Jean-d'Angély 1945).

Il a fait ses études à l'École normale d'instituteurs et au conservatoire de La Rochelle, et assisté aux cours d'été de Darmstadt en 1966. Devenu instituteur en 1965, il démissionna en 1970. Importantes pour lui furent ses rencontres avec Olivier Messiaen, Sylvano Bussotti et Franco Donatoni. Se considérant lui-même comme un autodidacte, il a écrit une œuvre abondante, séduisante d'aspect, mais d'une grande maîtrise d'écriture. Citons Diaphaneis pour 51 cordes et percussions métalliques (1967, créé cette même année au festival de Royan), Barbelés intérieurs pour 2 pianos, ensemble à vent et percussion (1968), Cinq Sonnets de Louise Labé pour haute-contre, soprano et ensemble instrumental (1971), Immer, trio pour 7 claviers (1972), Beau Calme nu pour flûte seule (1973, créé en 1974, Royan), Symphonie pour grand orchestre (1975-76, créée en 1977, Royan), Océan captif pour 4 groupes de solistes (1976), 2 sonates pour piano, créées respectivement en 1972 (vers. rév., 1974) et en 1978, et Allégorie d'Exil IV, créé en 1980 par l'EIC sous la direction de Pierre Boulez, Un soleil obscur à la cime des vagues (créé en 1982). Ont suivi notamment le Tombeau de Henri Ledroit (1988), Concerto pour piano (1991, rév. 1993), Deuxième Livre d'orgue (Paris, 1995).

lento (ital. ; « lent »)

Terme désignant un mouvement analogue à celui du largo sans en avoir obligatoirement le caractère grave.

Lenya (Lotte)

Actrice et chanteuse américaine d'origine autrichienne (Vienne 1898 – New York 1981).

Sa première vocation de danseuse la conduisit à Zurich, où elle suivit la méthode Dalcroze et des cours de danse classique. Elle fut engagée au Stadttheater de Zurich jusqu'à son départ en 1920 pour Berlin. La rencontre de deux dramaturges, Franz Wedekind et Georg Kaiser, infléchit sa carrière vers le théâtre parlé et chanté. Découverte par Kurt Weill, qui l'épousa en 1926, elle devint son interprète privilégiée, créant successivement Mahagonny (1927) et l'Opéra de quat'sous (1928) au Theater am Schiffbauerdamm de Berlin. Le rôle de Jenny, popularisé par le disque et, surtout, par le film de G. W. Pabst (1931), la fit connaître mondialement. Chassée par le régime nazi, elle créa à Paris le rôle d'Anna dans les Sept Péchés capitaux (1933), puis, à New York, ceux de Miiriam dans The Eternal Road (1937) et de la Duchesse dans The Firebrand of Florence (1945). Après la mort de Weill (1950), elle continua à défendre son œuvre, notamment par de nombreux disques qui fixèrent pour la postérité les interprétations d'une des rares « diseuses » de notre temps. L'univers de Kurt Weill semblerait incomplet sans cette voix savamment éraillée, d'un humour mordant et malicieux. À quatre-vingts ans passés, Lotte Lenya continuait de se produire aux États-Unis, notamment à Broadway, où elle interpréta, en 1968, Cabaret.

Leo (Leonardo)

Compositeur et pédagogue italien (San Vito degli Schiavi, auj.

San Vito dei Normanni, 1694 – Naples 1744). Il entra en 1709 au conservatoire Santa Maria della Pietà dei Turchini de Naples, où il étudia avec Andrea Basso et Nicola Fago. En 1712, il composa un oratorio, S. Chiara o L'Infedelta abbattuta, exécuté la même année au conservatoire et à la cour. Dès sa sortie de l'école, l'année suivante, il commença une carrière prospère d'organiste et de maître de chapelle, qu'il mena presque simultanément à la chapelle de la cour (organiste adjoint en 1713, premier organiste en 1725, vice-maître assistant en 1730, vice-maître en 1737 et maître en janvier 1744, peu avant sa mort), à l'église Santa Maria della Solitaria en 1717, au conservatoire Santa Maria della Pietà dei Turchini (vice-maître de chapelle de 1734 à 1737 et maître en 1741, à la mort de Fago) et au conservatoire San Onofrio, où il remplaça Feo en 1739.

   Malgré ces nombreuses charges, il composa beaucoup : sa production, qui comprend 6 concertos pour violoncelle et orchestre, 1 concerto pour 4 violons et orchestre, des toccatas pour clavier et des fugues pour orgue, relève surtout de la musique vocale. Il écrivit autant pour la scène (plus de 70 ouvrages) que pour les autres domaines vocaux, aussi bien sacrés (oratorios, messes, miserere, magnificat, motets, antiennes, psaumes, hymnes, etc.) que profanes (très nombreux airs). Il donna le meilleur de lui-même dans ses opéras comiques et dans sa musique sacrée. Héritier d'A. Scarlatti, il fut l'un des compositeurs les plus importants de l'école napolitaine, et un des premiers à Naples à avoir ajouté des chœurs à ses opéras (dans Olimpiade, par exemple). Dans ses œuvres sacrées, il fit preuve d'une maîtrise impressionnante du contrepoint. À la fin de sa vie, il se tourna plutôt vers un type d'écriture a cappella (son Miserere à 8 voix de 1739 en est un exemple remarquable). Grand pédagogue, il compta parmi ses élèves N. Jommelli et N. Piccinni.

Leoncavallo (Ruggero)

Compositeur et librettiste italien (Naples 1857 – Montecatini, Toscane, 1919).

La vie de ce musicien, dont le nom reste attaché à son opéra Paillasse, véritable manifeste du vérisme, demeure assez obscure, en raison des légendes qu'il a lui-même accréditées, notamment sur son âge véritable et ses diplômes universitaires. Fils d'un magistrat, formé au conservatoire de Naples, il suivit l'enseignement du poète Carducci à Bologne, voyagea (notamment en Égypte, où résidait un de ses oncles, diplomate) et vint gagner sa vie à Paris, jouant du piano dans les cafés-concerts, s'y liant avec Massenet et avec le baryton Victor Maurel, qui l'appuya alors de sa renommée. Sensible aux théories wagnériennes, excellent versificateur, il rédigea lui-même ses livrets, s'inspirant souvent de modèles littéraires élevés ; il avait déjà écrit Chatterton (créé seulement en 1896) lorsque le succès de Paillasse (1892), dont le prologue lui avait été suggéré par Maurel, devenu son interprète, lui apporta la gloire et des profits immédiats. Une trilogie sur la renaissance florentine (Crepusculum), qui eût dû comprendre encore Savonarole et Cesare Borgia, se limita aux Medici (1893), dont l'insuccès le découragea. Sa Bohème (1897) souffrit du triomphe de l'opéra de Puccini, mais il rencontra un meilleur accueil avec Zaza (1900) et avec Der Roland von Berlin (1904), commande de Guillaume II.

   Il s'adonna quelque temps à la composition d'opérettes et renoua avec ses ambitions initiales avec un Œdipe Roi (1920), dont sa mort soudaine l'empêcha de voir la création.

   Le succès universel de Paillasse, réplique de la Cavalleria rusticana de Mascagni, détourna Leoncavallo de son idéal, mais il n'en demeure pas moins que cette œuvre, libérée des interprétations médiocres, dont elle fut trop souvent victime, révèle non seulement ses qualités de poète et de dramaturge, mais un solide métier musical et une veine mélodique intense et sincère qui en font une étape de l'évolution de l'art lyrique. On doit encore à Leoncavallo quelques mélodies, dont la célèbre Mattinata, dédiée à Caruso (1904), ainsi que des livrets d'opéra écrits pour d'autres compositeurs.