Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
T

Tosi (Pier Francesco)

Castrat, compositeur et pédagogue italien (Bologne v. 1653 – Faenza 1732).

Auteur de cantates de chambre, très apprécié comme chanteur, il fut engagé à Londres, aux cours de Vienne et de Dresde ainsi qu'à Bologne. Il rédigea un important traité de chant, Opinioni de'cantori antichi e moderni (Bologne 1723), traduit en anglais par le hautboïste, organiste et compositeur de musique théâtrale d'origine allemande John Ernest Galliard avec comme titre Observations on the Florid Song (Londres 1742).

Tost (Johann)

Violoniste et commerçant autrichien (Hradisch, Hongrie, v. 1755 – Vienne 1831).

Second violon principal dans l'orchestre du prince Esterházy de 1783 à 1788, il semble avoir organisé à Eszterháza une entreprise de copie clandestine destinée à diffuser à son propre bénéfice les œuvres jouées chez le prince, en particulier celles de Haydn. Fin 1788, il se rendit à Paris, où il vendit à l'éditeur Sieber les quatuors à cordes op. 54 et 55 et les symphonies nos 88 et 89 de Haydn, apparemment sans informer ce dernier des conditions exactes de la transaction. Il reçut ensuite en dédicace les quatuors op. 64 de Haydn (cf. leur édition originale en avril 1791), et commanda à Mozart ses deux derniers quintettes à cordes (en K. 593 et en mi bémol K. 614). Installé à Vienne comme marchand à partir de 1799, il commanda par la suite des œuvres à Ludwig Spohr.

touche

1. Partie du manche des instruments à cordes ­ généralement faite d'ébène ­ sur laquelle se posent les doigts ; elle comporte un sillet où passent les cordes. La touche de certains instruments à cordes pincées, comme la guitare et la mandoline, comporte des divisions formant de petites cases qui délimitent les tons ou demi-tons.

2. Dans les instruments à clavier, petit levier qui, en basculant sur une pointe de clavier, permet l'émission du son. Les touches blanches sont recouvertes d'ivoire et d'os ou de galatithe, et les touches noires d'ébène.

Touchemoulin (Joseph)

Violoniste et compositeur français (Chalon-sur-Saône 1727 – Ratisbonne 1801).

Il entra avant 1753 comme violoniste dans l'orchestre de l'Électeur de Cologne à Bonn, et en devint maître de chapelle en 1760 malgré les objections du grand-père de Beethoven, qui estimait que le poste devait lui revenir, ce qui se produisit l'année suivante, quand Touchemoulin partit pour Ratisbonne. Il y resta jusqu'à sa mort, comme premier violon et maître de chapelle du prince de Thurn et Taxis. Élève de Tartini, il composa des symphonies et des concertos (ses six symphonies op. 1 parurent à Paris en 1761, ses six concertos op. 2 dans la même ville en 1775). On lui doit aussi quelques pièces de musique de chambre et de musique vocale.

toucher (en ital. toccare)

Autrefois, jouer d'un instrument à clavier, orgue, clavecin, clavicorde, etc. On utilise maintenant ce terme pour indiquer la manière de jouer d'un instrument à clavier, le plus souvent le piano. Selon Marie Jaëll, « le beau toucher est souvent un don naturel, mais il peut aussi s'acquérir par l'égalité des doigts, par la souplesse des mouvements des doigts et des mains, et par la rapidité de l'émission du son ».

Toulouse

Son histoire musicale remonte au Moyen Âge. Aux XIe-XIIIe siècles, la ville fut l'un des centres de l'art des troubadours, dont le duc Guillaume d'Aquitaine, Folquet de Marseille, Peire Vidal, Ramon de Miraval, etc. La Messe de Toulouse, œuvre anonyme sans doute constituée de fragments indépendants, est un des monuments de la polyphonie du XIVe siècle. À l'époque de la Renaissance, la vie musicale de Toulouse fut animée par Guillaume Boni, maître de chapelle de l'église Saint-Étienne, et par Antoine de Bertrand. À la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, André Campra puis Jean Gilles furent maîtres de chapelle de la cathédrale, tandis que des représentations de tragédies en musique étaient organisées par les jésuites. C'est avec la construction du théâtre du Capitole en 1737 que Toulouse va devenir l'un des grands centres de l'art lyrique en France. En 1785, on y donne La Serva padrona de Pergolèse. Le théâtre fut reconstruit plusieurs fois, notamment en 1922 après avoir été totalement détruit en 1917. Le conservatoire de Toulouse fut fondé en 1820 par Pichon. Dans la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, la vie musicale toulousaine fut dominée par la famille Kunc. Aloys Kunc (1832-1896) fut maître de chapelle de la cathédrale ; son fils Aymé (1877-1958), Grand Prix de Rome, fut directeur du conservatoire de Toulouse de 1914 à 1944 ; chef d'orchestre, il dirigea notamment au Capitole, en 1928, la Tétralogie de Wagner. L'Orchestre de chambre de Toulouse fut fondé en 1953 et longtemps dirigé par Louis Auriacombe (1917-1982). L'Orchestre du Capitole est dirigé depuis 1974 par Michel Plasson.

Tournemire (Charles)

Organiste et compositeur français (Bordeaux 1870 – Arcachon 1939).

Il fut élève de César Franck et de Charles-Marie Widor au Conservatoire de Paris. En 1898, il succède comme organiste de Sainte-Clotilde, à Paris, à César Franck et Gabriel Pierné. En 1919, il est nommé professeur de la classe d'ensemble du Conservatoire de Paris. Il mène une brillante carrière internationale de concertiste, et se montre remarquable improvisateur. En 1933, après avoir dirigé la rénovation et la transformation de l'orgue de Sainte-Clotilde (confiées à Beuchet-Debierre), il inaugure une série de concerts annuels pour en couvrir les frais.

   À côté de compositions diverses, musiques chorales, orchestrales (huit symphonies), musique de chambre, opéras (Les dieux sont morts, Paris, Opéra, 19 mars 1929 ; Nittetis), l'essentiel de son œuvre est écrite pour l'orgue : Ite missa est (op. 24), Triple Choral (op. 41), Trois Poèmes (op. 59), Sei fioretti (op. 60), Petites Fleurs musicales (op. 66), Sept Chorals-Poèmes pour les sept paroles du Christ (op.67), mais surtout son ouvrage majeur, l'Orgue mystique (51 offices de l'année liturgique, op. 55-57). Il exprime sa conception du rôle liturgique de l'organiste dans son volume inachevé, De la haute mission de l'organiste à l'église. Il a publié César Franck (Paris, 1931) et Précis d'exécution, de registration et d'improvisation à l'orgue (Paris, 1936).