Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

Finnilä (Birgit)

Alto suédoise (Falkenberg 1931).

Née dans une famille de musiciens, elle complète sa formation à la Music Academy de Londres. En 1953, elle débute à Göteborg. Elle privilégie les récitals de lieder, de Brahms et Sibelius en particulier, qu'elle chante dans le monde entier depuis 1966. Elle aborde relativement peu l'opéra, malgré ses triomphes dans l'Orphée de Gluck et le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten.

   Les pages pour alto de la musique baroque lui conviennent parfaitement : dès 1968, elle triomphe à New York en chantant Bach et Theodora de Haendel. Présente à Salzbourg depuis 1973, et à l'Opéra de Paris dès 1976, elle incarne Erda dans la Tétralogie de Wagner.

Finscher (Ludwig)

Musicologue allemand (Kassel 1930).

Auteur d'une thèse sur Loyset Compère, il a été assistant à Kiel puis à Sarrebrück (1967), et enseigne depuis 1968 la musicologie à l'université de Francfort. Ses recherches concernent plus particulièrement Josquin Des Prés et son époque, ainsi que le classicisme viennois (Studien zur Geschichte des Streichquartetts. Von den Vorformen zur Grundlegung durch Joseph Haydn, 1974).

Finzi (Graciane)

Femme compositeur française (Casablanca 1945).

Élève d'Elsa Barraine et de Tony Aubin, elle s'est particulièrement consacrée au théâtre musical, avec notamment Avis de recherche (1981), 3 Opéras drôles (1984) et Pauvre assassin, d'après Pavel Kohout (1987), dont la création à Strasbourg en 1992 lui a valu le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

Fiocco

Famille de compositeurs belges originaire d'Italie.

 
Pierre-Antoine (Venise v. 1650 – Bruxelles 1714). Il se fixa à Bruxelles vers 1681 comme deuxième maître de chapelle de la cour. En 1694, il fonda l'Opéra du Quai-au-Foin où il fit représenter des opéras de Lully auxquels il ajouta des prologues de sa composition. Il devint premier maître de chapelle en 1703 et fut aussi maître de chant à Notre-Dame-du-Sablon. Il écrivit surtout des œuvres chorales sacrées : messes, motets, etc.

 
Jean-Joseph, fils du précédent (Bruxelles 1686 – id. 1746). Il succéda à son père, dont il était l'élève, dans ses fonctions à la cour et à Notre-Dame-du-Sablon. On connaît de lui des oratorios, des répons et autres œuvres chorales sacrées.

 
Joseph-Hector, fils de Pierre-Antoine (Bruxelles 1703 – id. 1741). Élève de son père, il fut violoniste, puis vice-maître de chapelle à la Chapelle royale et devint maître de chapelle de la cathédrale d'Anvers (1731-1737), puis de Sainte-Gudule à Bruxelles. Dans sa musique sacrée (motets, messes, leçons de ténèbres), les influences italienne et versaillaise, judicieusement équilibrées, participent à l'expression d'une sensibilité riche et audacieuse. J. H. Fiocco écrivit aussi des pièces de clavecin dans l'esprit français.

Fioravanti (Valentino)

Compositeur italien (Rome 1764 – Capoue 1837).

Il mena de pair des études littéraires, picturales et musicales, débuta au théâtre à dix-sept ans et vint se perfectionner avec Fenaroli à Naples, où Gli Inganni fortunati (1788) consolida sa renommée. Le Cantatrici villane (1799), inénarrable satire d'une représentation de patronage, mâtinée de dialecte napolitain, fit rapidement le tour de l'Europe (Goethe l'accueillit à Weimar sous le titre Le Virtuose ridicule) et n'a jamais quitté l'affiche. Après avoir dirigé le São Carlos de Lisbonne (1803-1807) et s'être fait applaudir à Paris, il rentra à Naples, mais eut la sagesse de s'effacer devant Rossini ; il accepta en 1816 un poste de maître de chapelle à Saint-Pierre de Rome, se consacra à la musique sacrée, et termina sa carrière lyrique avec Ogni eccesso è vizioso (1824). Malgré ses incursions dans le domaine seria, Fioravanti demeure le maître de l'opera buffa napolitain, dans lequel il introduisit non seulement le dialecte, mais également le procédé du parlé sur accompagnement musical, et, enfin, à la suite de Paisiello, l'alternance du parlé et du chanté (Raoul de Créqui, 1811, fait ainsi alterner vers et prose) imitée de l'opéra larmoyant français dont il s'inspira souvent. Par son sens aigu de la caractérisation, sa concision et la verve de ses ensembles, Fioravanti, qui suscita un véritable fanatisme de la part du petit peuple, occupa dans l'évolution du genre bouffe la place qu'occupa Mayr pour l'opera seria.

 
Son fils Vincenzo (Rome 1799-Naples 1877) fut également un compositeur de talent. Son frère Giuseppe, ainsi que deux fils de ce dernier furent des chanteurs renommés.

fioriture

Ornementation, écrite ou non, ajoutée à un texte musical.

Le mot, emprunté à l'italien, dérive du latin où le Moyen Âge dénommait déjà flores les artifices vocaux ajoutés au chant (Jérôme de Moravie, XIIIe s.) ; il est souvent affecté d'un sens péjoratif.

Firkusny (Rudolf)

Pianiste américain d'origine tchécoslovaque (Napajedla 1912 – Staatsburg, New York, 1994).

Élève de Janacek et de Josef Suk, il se perfectionna avec Artur Schnabel à Berlin avant de se fixer en 1940 aux États-Unis, où sa carrière prit tout son essor, notamment à la Juilliard School.

   Interprète hors pair de Smetana, Dvořák (dont il s'appropria le Concerto pour piano), Janacek, Martinu, il excellait également dans Beethoven (dont il enregistra de façon mémorable le Concerto no 3), Schumann, Debussy. Il a rejoué dans son pays natal en 1990, après un demi-siècle d'exil.

Fischer-Dieskau (Dietrich)

Baryton allemand (Berlin 1925).

Élève du ténor Georg A. Walter, célèbre interprète de la musique de Bach et du répertoire de lieder, il débuta en 1947 à Fribourg-en-Brisgau dans le Requiem allemand de Brahms et parut pour la première fois sur scène en 1948 à la Städtische Oper de Berlin dans le rôle de Posa de Don Carlos de Verdi. Il a mené depuis une triomphale carrière internationale dans le domaine de l'opéra comme dans ceux du concert et du récital. Sa technique remarquable lui a permis d'aborder un répertoire d'opéra étonnamment vaste pour un baryton lyrique, répertoire qui s'étend à peu près à toutes les époques et toutes les écoles, du bel canto de Haendel à l'expressionnisme de Berg et à l'écriture contemporaine en passant par Mozart (Don Juan, le Comte dans les Noces de Figaro, etc.), Verdi (Falstaff, etc.), Richard Strauss (Mandryka dans Arabella, etc.) et Wagner (Wolfram dans Tannhäuser, Amfortas dans Parsifal, Sachs dans les Maîtres chanteurs, etc.). En récital, son génie s'impose de manière incontestable non seulement dans le lied romantique allemand (Schubert, Schumann, Brahms, etc.), mais dans tout le répertoire de la mélodie : école de Vienne, école française, etc. Son art, qui relève autant de l'expression verbale que de l'expression musicale, est fait de la restitution très fine de chaque détail des textes, consécutive à une réflexion sur leur sens profond. Esprit curieux, Fischer-Dieskau a participé à la création mondiale de nombreuses œuvres comme l'opéra de Frank Martin la Tempête (1956) ou le War Requiem (1962) de Britten, et il a tiré de l'oubli d'innombrables partitions : pages négligées de grands compositeurs (son monumental enregistrement de l'intégrale des lieder pour voix d'homme de Schubert témoigne de ce souci d'exhaustivité), œuvres de musiciens de second plan. Il a abordé aussi la direction d'orchestre. Penseur et écrivain, il est notamment l'auteur d'un ouvrage sur les Lieder de Schubert (Wiesbaden, 1971 ; trad. fr. Paris, 1979) d'une exceptionnelle hauteur de vue. Il a définitivement quitté la scène en 1993.