Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
Z

Zimmermann (Krystian)

Pianiste polonais (Zabrze 1956).

Élève d'Andrej Jasinsky à Katowice, il fait sa première grande apparition publique lors du Concours Beethoven de Vienne en 1975, année où il remporte aussi le 1er Prix au Concours Chopin de Varsovie. À partir de 1976, qui est aussi l'année de sa rencontre avec Artur Rubinstein, il donne de nombreux récitals en Allemagne, proposant des programmes qui font une large part à l'œuvre de Chopin. Son répertoire cependant s'étend d'année en année, favorisé par un véritable travail de maturation, lors de périodes entières, d'une année souvent, où K. Zimmermann cesse de donner des concerts pour approfondir son art.

Zingarelli (Nicola Antonio)

Compositeur italien (Naples 1752 – Torre del Greco 1837).

Élève de Fenaroli, Anfossi et Sacchini, condisciple de Cimarosa, il se fit connaître rapidement, mais ne se distingua véritablement qu'en 1781 avec Montezuma, où il révélait plus de science que d'inspiration profonde. Dès 1785 il fut régulièrement joué sur toutes les scènes italiennes et même à l'étranger (Antigone, d'après Marmontel ; Paris, 1790). On retiendra notamment Gerusalemme distrutta, action sacrée (1794), et son chef-d'œuvre Giulietta e Romeo (Scala de Milan, 1796), écrit pour le castrat Crescentini, qui, dit-on, était l'auteur vériable de l'aria Ombra adorata, admirée de Stendhal. En 1811, le succès de Rossini, qu'il haïssait, le contraignit à abandonner la scène.

   Maître de chapelle à la cathédrale de Milan en 1792, à Naples, puis à Saint-Pierre de Rome (1804), il laissa un nombre impressionnant d'œuvres sacrées, de la musique de chambre, des pièces pour clavecin, orgue, etc.

zingaresca (ou alla zingarese)

Terme italien désignant une pièce musicale dans le style tzigane ou gitan.

Zipoli (Domenico)

Organiste et compositeur italien (Prato 1688 – Córdoba, Argentine, 1726).

En 1696, il se fixe à Rome où il est l'élève de A. Scarlatti, puis de B. Pasquini. En 1715, on le trouve comme organiste de l'église de Gesù à Rome. En 1716, il entre dans l'ordre jésuite et commence son noviciat à Séville. Le 5 avril 1717, il s'embarque comme missionnaire de Cadix pour le Paraguay. De 1717 à sa mort, il est organiste de l'église jésuite de Córdoba. Il a écrit deux oratorios, Sant'Antonio di Padova et Santa Caterina, vergine e martire, exécutés à Rome respectivement en 1712 et 1714 ; seuls les livrets sont conservés. Il n'a publié qu'un seul recueil d'ouvrages pour clavier : Sonate d'intavolatura per organo e cimbalo… (Rome, 1716 ; rééd. à Londres en deux volumes par Walsh).

znamenny (de « znamia », neume)

Chant traditionnel de l'Église orthodoxe russe, dont il constitua la totalité du répertoire musical entre le XIIe et le XVIIe siècle.

Comme la religion orthodoxe, le chant znamenny est d'origine byzantine, et suit le principe de l'Octoechos, cycle de huit semaines liturgiques, à chacune desquelles correspond une cellule mélodique propre. Au cours des siècles, les mélodies du znamenny subirent dans une certaine mesure l'influence des chants populaires russes.Les premiers manuscrits apparaissent au XIIe siècle. On distingue déjà à cette époque le chant znamenny usuel et le chant dit « kondakarny », réservé aux occasions solennelles, et vraisemblablement plus développé ; il disparaît au cours du XIVe siècle.

   L'esprit du chant znamenny correspond au XVIe siècle lorsque apparaissent le « demestvennoïé pénié » (chant domestique) et le « poutiévoïé pénié » (chant conduit), formes ornées du znamenny, exécutées par des chantres spécialisés. Vers la fin du siècle, la notation se fait plus précise grâce à l'utilisation des « kinovarnyé pomiéty » (signes écarlates), indiquant la hauteur exacte du son. Cette invention, qui constitue une sorte d'intermédiaire entre l'écriture neumatique et la tablature, est due au chantre Ivan Chaïdour. Un apport considérable au développement du znamenny est dû à Féodor Krestianin, auteur de stichères d'une ample invention mélodique.

   Toujours chanté a cappella (l'Église orthodoxe interdit l'usage des instruments), le chant znamenny est resté monodique jusqu'au XVIe siècle. À partir de la fin du siècle apparaît le chant à plusieurs voix (« mnogoglassié »), contenant parfois des mouvements parallèles de voix et des dissonances étonnantes. Au XVIIe siècle, qui marque les débuts de l'apport occidental, on voit apparaître les premières compositions paraliturgiques. C'est aussi l'époque où se développe une forme locale du znamenny, le chant de Kiev, qui prend de plus en plus d'importance en raison de son adaptation à des harmonisations à quatre voix.

   Les XVIIIe et le XIXe siècles voient disparaître des paroisses les traditions authentiques du znamenny. Au cours du XIXe siècle, le travail entrepris par Alexis Lvov, une réalisation complète du cycle de l'Octoechos pour quatre voix homophones, dénatura considérablement les mélodies originales, les contraignant à l'harmonie tonale. Toutefois, le chant znamenny s'est conservé dans les monastères, ce qui permit sa réapparition à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, grâce aux efforts de Smolensky et surtout de Kastalsky. Une nouvelle harmonisation fut élaborée, modelée sur les principes de la polyphonie populaire russe. Toutefois, de nos jours, ce sont les harmonisations de Lvov qui restent en usage aux offices.

zoppa (alla) [ital. ; « boiteux », « déhanché »]

Indique un fort accent sur temps faible ou une note longue appuyée et syncopée succédant à une brève, un peu comme dans le Scotch Snap. Le trio avec baryton no 52 de Haydn (1767-68) contient un Menuetto alla Zoppa en majeur, repris peu après dans la symphonie en fa majeur no 58 et doté de toutes les asymétries possibles.

Zukerman (Pinchas)

Violoniste, altiste et chef d'orchestre israélien (Tel-Aviv 1948).

Issu d'une famille juive polonaise décimée pendant la guerre, il étudie au Conservatoire d'Israël. Il est l'élève en violon d'Ilona Feher puis, en 1961, il rencontre Isaac Stern et Pablo Casals qui orientent sa formation. En 1962, il est à la Juilliard School où Ivan Galamian, le disciple de Lucien Capet, fait fructifier ses dons. En 1967, il est lauréat du Prix Leventritt, et, en 1969, il remplace Arthur Grumiaux à Munich. Il passe avec une rare aisance du violon à l'alto, et triomphe dans Harold en Italie de Berlioz. En 1970, il s'associe en un célèbre trio avec Daniel Barenboïm et Jacqueline Du Pré. Ses autres partenaires seront Isaac Stern et Itzhak Perlman. À partir de 1971, il mène aussi une carrière de chef d'orchestre. Mais en 1987 il délaisse cette activité et, depuis 1990, il donne un nouvel élan à sa carrière discographique, enregistrant notamment les œuvres de Bartók et d'Elgar.